Encore une histoire drôle. Drôle ?...
Oserais-je vous dire que c’est encore ici une histoire drôle ? – Huit octobre dernier, Fac de Médecine, un amphithéâtre de La Tronche, banlieue de Grenoble… je viens d’arriver dans la salle un peu en avance, elle est comble, nous attendons la venue de Jean Vanier qui va nous parler d’humanité, et de fragilité aussi. J’aperçois dans la foule une amie, une amie de la paroisse – « Oh, salut Sylvie ! On va se régaler ici… comment vas-tu ? », et là voilà qui me parle de sa fille qui est en ce moment à Paris, et puis je lui touche deux mots de la crise, de cette fameuse crise économique qui se trouve être beaucoup plus complexe qu’on ne pourrait l’imaginer et le penser…
– « Tu sais, mon mari, en ce moment, il rentre tous les soirs du travail à minuit, et il repart le matin à six heures ! », je n’en reviens pas, et me dis qu’elle exagère peut-être un peu… son mari est cadre, elle poursuit… « Sa direction lui a demandé récemment de licencier quinze personnes – mon mari n’a pas voulu, il a refusé, il leur a répondu qu’il préférait être licencié, lui, plutôt que de virer ses collègues », et mon amie de poursuivre qu’ils n’ont pas accepté, que la dite direction n’a pas accepté la démission de ce cadre chargé de mission. Sylvie n’a pas poursuivi son récit, elle n’a pas eu le temps ni peut-être le désir, d’ailleurs… Jean Vannier est là, il commence sa conférence – nous nous sommes effectivement régalée… moment de grâce et d’humanité rare…
Maintenant, nous allons nous transporter dans un autre amphithéâtre, d’une autre banlieue grenobloise : c’était hier, seize heures, à Saint-Martin-d’Hères… amphi de la Fac d’Arts et Sciences humaines (ARSH)… il n’y a pas foule dans la salle. Au programme, la projection du film « Sophie Scholl, les derniers jours » de Marc Rothemund – 2005. C’est l’affaire de la « Rose Blanche ». Sophie Scholl et son frère Hans sont tous deux étudiants, profondément chrétiens et farouchement opposés au régime nazi qui sévit en Europe et même un peu au-delà. Nous sommes en 1943, à Munich, Sophie Scholl finit par être arrêtée ainsi que son frère – ils seront tous deux guillotinée par les nazis à la suite d’un simulacre de procès. Dans le film, on la voit interrogée à de nombreuses reprises par le commissaire Robert Mohr de la Gestapo. A un moment donné, et à plusieurs reprises, il est question de la loi dans leur échange, et Sophie dans ce qu’elle répond ‘déborde’, dépasse la loi, en parlant de conscience – en évoquant sa conscience personnelle, celle qu’elle peut avoir et celle, qu’en l’occurrence elle a : résister par tous les moyens à la barbarie nazie – et plus largement, on le comprends aisément : résister à tout ce qui salit, avilit et brise l’homme ; rester unie par dessus tout à Dieu, à Jésus-Christ. On sent alors Robert Morh vaciller. Voilà, tout compte fait, ce qui m’a fait repenser dans un sens à Sylvie, à son mari, à cette entreprise qui emploie ce dernier, et plus généralement à ce mode de fonctionnement d’une société devenue folle – ou pas bien loin de le devenir en tous cas. Les glissements sont parfois si rapides… N’oubliez pas ce que vous venez de lire…
Jean-Marie Delthil. 17 mars 2010.