Homélie de la Toussaint 2011
Le paradis, selon Tintoret, Pais des Doges, Venise, 1588-1594
Si toutes les mythologies et religions païennes considèrent le temps comme un cycle, en vue d’un retour vers le paradis perdu, le christianisme – à la suite du judaïsme – envisage, lui, un temps linéaire. Pour un disciple du Christ, la fin des temps ne consiste pas à revenir à l’Éden des origines, mais à se réconcilier avec Dieu. Certains philosophes attribuent à cette poussée en avant l’origine du progressisme. Le progrès matériel étant considéré comme un meilleur évident, c’est dans la liberté sans limites d’un nouveau monde toujours possible que l’homme trouve son bonheur. Appelons cette conception de l’univers un millénarisme matérialiste. Selon le christianisme, ce n’est pas sur terre que le bonheur d’épanouit sans limites, mais au-delà, dans le Royaume dont parle Jésus.
En fait, c’est là qu’est le problème : qu’est-ce que le Royaume ? La fin des temps ?
...
C’est désormais le progrès, comme je viens de la dire en parlant de millénarisme qui doit permettre l’avènement du paradis, décrit comme un temps de bonheur éternel
sur terre. Cette espérance d’un bonheur proche va nourrir les idéologies du XIXe siècle à aujourd’hui et alimenter les critiques des athées contre les croyants qui promettent le paradis
dans l’au-delà. Pourtant après les désenchantements que nous rencontrons : dégâts du progrès, terre en péril, surpopulation, le 7e milliardien est
né hier, effets de serre… il semble difficile de parler du paradis, si ce n’est pour se persuader qu’il n’est pas pour demain. Ni sur terre, ni dans les cieux… Alors où ?
Pour tout entendre ou tout lire, se rendre ici