« J'ai cherché mon âme et je ne l'ai pas trouvée. J'ai cherché Dieu et je ne l'ai pas trouvé. J'ai cherché mon frère…

Publié le par Michel Durand

 … et je les ai trouvés tous les trois. »  William Blake

 

2013 0681 

 

Je remercie Robert Peloux, prêtre du Prado, de l’équipe des permanents en charge de la vitalité spirituelle et apostolique des pradosiens de me permettre de rendre compte de son texte paru en avril 2013. Je reçois ce texte dans la ligne de mes diverses méditations paroissiales sur le sens du service de Dieu (le culte) et du service du frère (diaconie).

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Jésus-Christ, serviteur de la fraternité

Antoine Chevrier écrivait avant la fin du XIXe siècle: « Les apôtres qui avaient reçu les enseignements du Sauveur, nous donnent l'exemple de ce devoir, ainsi que nous le voyons dans les Actes des apôtres, regardant le soin des pauvres comme une occupation qui les absorbait trop et prenait un temps qui devait être employé entièrement au spirituel. Ils établirent des diacres pour s'occuper des pauvres et ils gardèrent pour eux la prière et la prédication comme étant leur occupation unique et véritable. »

1 - La présence aux pauvres comme lieu de rendez-vous avec le Christ

La vocation des chrétiens est parfois réduite à des actions caritatives, sociales, de gestion de la société. Ces gestes de proximité avec les pauvres ou ces actes de solidarité sont alors perçus comme le prolongement concret de la foi mais en distance avec ce qui en forme le cœur et qui serait d'ordre spirituel. Or, les liens tissés avec les démunis constituent, en eux-mêmes, un rendez-vous avec le Christ. Dans les gestes de présence aux pauvres, dans l'engagement solidaire, le Christ me donne rendez-vous. Voir Ph 2, 1-18. La diaconie de l'Eglise n'est pas une sorte d'activité annexe sous-traitée à des chrétiens généreux ou dévoués. Se rendre présent à ceux qui sont comptés pour rien est le lieu même où le Christ nous convoque et nous rejoint.

La diaconie concerne l'ensemble de la mission de l'Eglise et la vocation de chacun des baptisés. Elle est présente dans chacune des trois fonctions de l'Eglise ; l'annonce de l'Evangile, la célébration des sacrements et le service de l'humanité. Elle n'est pas un domaine à option.

Pourquoi ce rapport aux démunis est-il le lieu de la rencontre avec Dieu ? La présence aux démunis de notre société, qui se décline en compassion mais aussi en actions d'urgence, de solidarité, de transformation par un combat contre les causes de la pauvreté, est le lieu même où se construit notre humanité. La présence aux démunis est le lieu où nous accueillons un Dieu qui s'identifie aux pauvres ; « Chaque fois que vous l'avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait... Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. » (Mt 25, 40.45) 

 

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2 - Le Christ comme serviteur: Jn 13, 12-15 

L'image du serviteur, présente dans l'Ancien Testament, est reprise par Jésus pour dire son identité. En devenant serviteur le Christ accomplit l'annonce contenue dans les Chants du serviteur en Isaïe. Le Christ, aux pieds de ceux qu'il enverra pour continuer sa mission, va à l'encontre de la toute-puissance d'un messie enfermé dans la seule perspective du libérateur politique, du gardien des institutions ou du guide religieux. Et Jésus résume toute sa mission par ce mot de diaconie ; « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 45) Toute sa mission se résume dans cette notion de diaconie, c'est-à-dire de service de la fraternité.

Puisqu'il définit ainsi sa mission, comment Jésus la réalise-t-il ?

Quatre éléments semblent caractériser la manière dont il vit ce service. Le Christ assume sa dimension diaconale par

- * Une plongée dans l'humanité souffrante

Mt 8, 16-17 ; « il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies ». Il ne guérit pas d'en-haut, en sauveur miraculeux mais en « traversant » les souffrances de l'humanité . (…)

Le désir de se faire proche de l'humanité souffrante ne va pas de soi. Le verset 20 le montre ; « Le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête. » Vivre la diaconie comme une plongée dans l'humanité souffrante n'offre aucune sécurité mais ouvre un chemin de résurrection.

- * Un service de tous dans l'humilité

Mc 9, 33-35 ; Les disciples débattent pour savoir qui sera la plus grand. Jésus leur répond ; Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. La diaconie de Jésus est ouverte vers un service de tous et un service vécu dans l'humilité, c'est-à-dire par un service qui se refuse à tirer la moindre gloire de son action. La diaconie du Christ le tient en distance critique face à tout pouvoir, (…) La diaconie est vécue dans 1'humilité, dans l'incompréhension mais aussi de manière universelle. Cette universalité n'est pas un principe général à affirmer, elle passe, pour ce qui nous concerne, par le rapport aux pauvres. Nous nous ouvrons à l'universel par la médiation du particulier.

- * Un service dans la veille et la joie

 Lc 12, 35-40 ; la diaconie vécue par le Christ met en lien le service, la veille et la joie. La diaconie vue de cette manière invite à la fois à la vigilance et en même temps permet un accomplissement de notre humanité dans la joie. Participer à la diaconie du Christ nous fait passer du statut de serviteur à celui d'ami du Christ : Jn 15, 14-15 . La diaconie à la suite du Christ nous fait entrer dans la joie de l'alliance avec le Père. (…)

- * Un service enraciné dans une parole et ouvert à la prière

 Mc 1, 32-39 ; ces versets décrivent les passages que Jésus opère entre les trois dimensions de sa mission, le service de l'humanité souffrante, l'annonce de l'Evangile et le lien dans l'intimité, seul à seul avec son Père.

Antoine Chevrier souligne fortement le lien entre le service de l'humanité souffrante et l'annonce de l'Evangile. Ces deux volets caractérisent pour lui l'originalité du ministère de Jésus et par là, celui des prêtres. « Le ministère du prêtre est un ministère tout spirituel. Quand Notre Seigneur envoie ses apôtres, il ne les envoie pas pour s'occuper du monde, travailler, bâtir, faire le commerce ; mais il les envoie pour prêcher et guérir ; voilà les deux grandes missions que Jésus Christ leur confie : "prêcher et guérir". "Je vous envoie comme mon Père m'a envoyé". (Jn 20,21 ) » L'épisode de la synagogue de Nazareth (Lc 4) montre le lien entre l'annonce de la Parole et le ministère de guérison.

Antoine Chevrier souligne aussi le lien entre le service de l'humanité et la prière de Jésus à son Père ; « Il se retire de la foule et va prier dans le désert. Après ses miracles, lorsque la foule affluait de toutes parts, lui se retirait dans le désert et là, il priait. (Lc 5,16) » Il note aussi le lien entre l'annonce de la Bonne Nouvelle et la prière; « Il se retira la nuit au jardin des oliviers pour y prier. Le jour, Jésus enseignait dans le temple; mais la nuit, sortant, il se retirait sur la montagne des oliviers pour prier et tout le peuple venait de grand matin vers lui au temple, pour l'entendre dans le temple. (Lc 21,37) »

 

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Publié dans évangile

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J
<br /> « J'ai cherché mon âme et je ne l'ai pas trouvée. J'ai cherché Dieu et je ne l'ai pas trouvé. J'ai cherché mon frère et je les ai<br /> trouvés tous les trois. » Je crois que c’est d’une profonde vérité. Du moins, c’est l’expérience que j’en fais. Je voudrais simplement ajouter que le frère n’est pas difficile à trouver, il<br /> suffit pour cela d’un peu de disponibilité.<br />
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M
<br /> <br /> Merci Jean-Claude pour cette belle parole.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />