Jésus développe son Evangile dans la rue, chez les gens, loin des structures religieuses

Publié le par Michel Durand

RETOUR-DE-L-ENFANT-PRODIGUE-60x60-cm-2-.JPG

Michel Ciry, le retour de l'enfant prodigue,

lire ici que Michel Ciry écrit sur son travail de peintre

 

La rue et non le temple est le champ d’action de Jésus alors qu’il œuvre pour accueillir l’humanité de chacun. Il s’en explique.

Je relis d’une lecture continue l’Evangile selon Marc.

Bien grande est ma surprise. Aujourd’hui, j’aborde ce texte comme s’il s’agissait d’une première lecture, toute nouvelle. Une découverte.

La nouveauté vient de mon regard. Plus que jamais, je vois Jésus Christ, fils de Dieu (1,1), dans sa mission de porteur, annonceur de Bonnes Nouvelles à la suite du Prophète Jean-Baptiste.

Pour l’un et l’autre, il s’agit de changer de route, reconnaître son péché et agir conformément à ce qui est compris comme bien, juste, vrai. Mais, si l’un baptise avec de l’eau, l’autre, Jésus, baptisera avec l’Esprit Saint (1,8). Il le peut, car l’Esprit de Dieu, - sous la forme d’une  colombe, témoigne le baptiseur Jean – descend vers lui avec cette désignation : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur (1,11). Et la brève évocation d’un séjour au désert, où fut expérimentée la tentation par Satan, montre la réalité de la faveur divine. Les bêtes sauvages ne lui font aucun mal. (Is 11, 6ss). Tel est l’idéal d’un temps messianique permettant une vie paradisiaque. C’est ainsi que les anges le servent : protection divine.

« Le malheur ne peut fondre sur toi, ni la pluie approcher de ta tente ; il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies ». (Psaume 91, 10-11).

Jean est emprisonné (1,14). Jésus est désormais seul. Il se lance, reprend la prédication du Baptiste, appel à la conversion, et annonce. – il dit que les temps sont maintenant opportuns – la Bonne Nouvelle de Dieu.

Vite, il se donne des Compagnons ; d’abord quatre (1, 16-20). Et annonce que le « Royaume de Dieu est tout proche ». Cela se passe à Capharnaüm, sur le bord de la mer de Galilée. 20 versets pour tracer le tableau de la mission de Jésus Christ.

Quelle est cette mission ? En quoi Jésus est-il Messie ? Quel est cet Evangile ? Annonce de la Bonne Nouvelle qui est la venue du Règne de Dieu ? Et qui est Jésus ?

Les Démons le savent, mais à cause de l’ambiguïté du mot « Messie », « Saint de Dieu », Jésus impose le silence. Le danger est bien trop grand qu’on le prenne pour un envoyé politique chargé de mettre dehors l’occupant romain en utilisant des idées nationalistes et guerrières. Jésus se veut non-violent comme l’a indiqué Isaïe :

« Voici le serviteur qui présentera aux nations le droit sans crier (Is 42, 1ss), Agneau qui se laisser mener à l’abattoir (Is 53, 7), égorger, mais debout, (Ap 5, 6), portant « les Esprits de Dieu en mission pour toute la terre ».

Pour comprendre qui est Jésus, regardons ce que vit ses contemporains.

Il parle. Normal, il est prophète mis en mouvement par Jean-Baptiste. Mais sa parole n’est pas au fin fond du désert. Il ose s’exprimer en plein jour, dans la synagogue, le jour où il y a le plus de monde (un sabbat !). Surtout, il parle avec une autorité inouïe (1,22)..

Plus encore qu’enseigner, il agit. Il fait ce qu’il dit. Il annonce un royaume de paix, un besoin de purification, une nécessité d’abandonner toute forme de mal ; alors, il guérit, libère, purifie.

« Il guérit beaucoup de malades atteints de divers maux et il chassa beaucoup de démons.

Et il ne laissait pas parler les démons parce qu’ils savaient qui il était. (1,34).

Que voient les gens ?

Un homme qui fait le bien, qui répond à leur désir d’une vie meilleure, plus heureuse, plus digne. Dans toute la Galilée, lépreux, paralytique, main sèche, hémorroïsse, résurrection de la fille de Jaïre, multiplication des pains... Jésus est celui qui sauve, qui libère de tous les maux en permettant une vie humaine normale.

« Puis il monta auprès d'eux dans la barque et le vent tomba. Et ils étaient intérieurement au comble de la stupeur, car ils n'avaient pas compris le miracle des pains, mais leur esprit était bouché. Ayant achevé la traversée, ils touchèrent terre à Gennésaret et accostèrent. Quand ils furent sortis de la barque, aussitôt des gens qui l'avaient reconnu -parcoururent toute cette région et se mirent à transporter les malades sur leurs grabats, là où l'on apprenait qu'il était. Et en tout lieu où il pénétrait, villages, villes ou fermes, on mettait les malades sur les places et on le priait de les laisser toucher ne fût-ce que la frange de son manteau, et tous ceux qui le touchaient étaient sauvés". (Marc 6, 51 – 56)

Jésus soutient avant tout la cause de l’homme. En ce sens, on peut le dire « humaniste » selon l’expression qu’aiment employer les personnes qui craignent une mainmise de l’Institution – Eglise sur la Société. « Surtout, restons humanistes ! ».

Ce parti pris en faveur de l’homme le met en difficulté par rapport à la Loi et ses promoteurs : scribes, pharisiens, docteurs, prêtres. Jésus n’hésite pas. L’homme est premier.

A côté des récits de rencontres, ou de miracles, parfois à cause d’eux, nous voyons comment Marc rapporte les paroles de Jésus indiquant l’essentiel de sa Mission. Les scribes se scandalisent que Jésus et les siens mangent chez Lévi, un douanier, donc publicain (pécheur ! futur disciple…).

« Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. ». (2, 17) 

A chaque fois que les pharisiens ou les scribes manifestent leur désapprobation, Jésus se positionne nettement en faveur de l’homme, fût-ce contre la Loi. Les coutumes alimentaires sont sévèrement remises en cause ; le sabbat est la cible très souvent visée.

«  Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat ; en sorte que le Fils de l’homme est maître du sabbat » (2, 27-28).

Jésus est tellement sûr dans ses paroles, il sort tellement du rang, ce qu’il dit est tellement nouveau, que ses proches vont l’accuser d’avoir perdu la tête (3, 21) ; les scribes disent « il est possédé d’un esprit impur » (3,30).

Mais les pauvres, celles et ceux qui ont connu, grâce à lui, une libération, les autres qui attendent un Salut, font tout pour l’approcher. « Une grande multitude le suivit de la Galilée, et de la Judée, de Jérusalem, de l’Idumée, de la Transjordanie, des environs de Tyr et de Sidon, une grande multitude, ayant entendu tout ce qu’il faisait, vint à lui » (3,7).

Jésus est le « Saint de Dieu » parce qu’il accomplit ce qu’il dit. Qu’il guérisse un paralysé – ce qui se voit -  est la preuve qu’il peut enlever le péché du cœur de l’homme – ce qui ne se voit pas.

Les gens qui se mettent en route pour le rencontrer témoignent d’une grande confiance en sa puissance divine. Ils font acte de foi – « ta foi t’a sauvée ». Et peu importe si cette attitude salvatrice perturbe la religion légale, car ce qui compte, ce n’est pas l’Institution qui devient idolâtrie, mais l’homme. Jésus développe son Evangile dans la rue, chez les gens, loin des structures religieuses. Tout le chapitre 7 est intéressant à lire dans ce sens.

« Rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais ce qui sort de l’homme, c’est cela qui souille l’homme.

Publié dans Bible

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article