Les anti-capitalistes de l'Eglise absents de la presse catholique
L’hebdomadaire « La Vie » publie souvent des articles, des dossiers qui parlent de l’homme sous le regard de la sociologie, de l’économie, de l’anthropologie, de la théologie.
J’apprécie beaucoup cette
revue, car elle réussit, depuis sa fondation me semble-t-il, les diverses adaptations nécessaires. Mais, n’est-elle pas, alors trop soumise aux modes pour se garder un large
lectorat ?
Aborder les questions écologiques en se situant sur la pente douce est son option. Le palmarès 2011 de l’écologie en apporte une fois encore la preuve. Certes, il importe de soigner la qualité de l’air et de l’eau. Il est urgent de gérer les déchets et de promouvoir des énergies renouvelables. Mais, pourquoi ne pas –en plus et en premier- regarder les systèmes économiques financiers, productivistes, causes de tous les problèmes ?
Les écrivains cités dans le bilan écolo appartiennent tous à la « pente douce ». Spiritualité verte soumise à la croyance en un développement durable !
Ah ! Saint François parlant aux petits oiseaux !
Avec de telles pensées, nous nous trouvons au niveau du catéchisme bien pensant incitant à partager son gâteau sans donner les motifs essentiels de ce partage : l’union au Christ, Fils du Père-Dieu qui fait de nous tous, les hommes, des frères.
L’écologie du robinet fermé quand on se lave les dents occulte une remise en cause fondamentale d’un système libéral exclusif.
Étienne Séguier de « La Vie » parle des catholiques qui « interpellent l’Église afin qu’elle s’engage concrètement en faveur de l’environnement ».
Qui sont ces catholiques vêtus de vert ? Je m’étonne que « La Vie » ne cite pas les catholiques, tout autant attachés à la sauvegarde de l’environnement, qui mettent le doigt sur la crise systémique économico-financière ; celle, justement que soulève le groupe « Chrétiens et pic de pétrole ». Peut-être, ceux-ci disant : « Capitalisme, productivisme, croissance ou développement (fût-il durable) participent d’une même logique, celle du « sans limites » qui est au cœur des crises dans lesquelles s’enfonce notre société »… sont-ils trop vêtus de rouge.
Olivier Nouaillas, chargé à « La Vie » des questions concernant les dimensions anthropologiques de l’écologie est assurément informé. Je lui ai écrit un courriel. Mais, qui a toujours le temps de lire de tout ce que l’on reçoit ? Je l’ai informé de l’initiative du colloque 2011 ; pourtant, il se peut qu’il n’ait pas eu le loisir d’en prendre connaissance. Il se peut aussi qu’une remise trop profonde du capitalisme sorte de la ligne éditoriale de « La Vie ».
C’est à cela que je suis porté à penser quand je lis la proposition retenue par le journaliste Étienne Séguier. Selon lui, la proposition la plus symbolique « concerne la demande que les hosties et le vin de la messe soient issus de l’agriculture biologique ».
Mais qui sont ces catholiques tellement préoccupés par la façon de célébrer l’eucharistie qu’ils en oublient tout le reste ?
Certes, la tendance ecclésiale actuelle n’est pas celle des chrétiens incarnés dans une humanité à libérer. L’institution l’emporte sur l’incarnation. Faire descendre une définition du Dieu révélé prime à l’écoute attentive de l’Esprit parlant dans notre monde. Karl Rahner s’efface devant Urs Von Balthazar.
Comme l’Église a toujours respecté la pluralité des théologies, donc des pastorales, je redouble d’espérance pour que les chrétiens qui osent s’attaquer aux racines mêmes des maux de notre société productivistes, soient entendus et je m’associe au manifeste des chrétiens indignés dont je ne vois pas encore de trace dans les revues ecclésiales. Mais ça ne saurait tarder, car en bons professionnels, les journalistes vont rendre compte objectivement de tous les courants qui agissent en faveur d’une humanité meilleure en marche vers le Royaume, c’est-à-dire l’Amour divin.