Ne serait-ce pas au moment où l’on se sent le plus capable d’assumer sa mission qu’il faudrait avoir la sagesse de se retirer ?
A la suite du post de dimanche, je pense que cet article trouve bien sa place ici. L'ai-je déjà publié ? Pas avec cette photo.
Je constate avec étonnement, mais sans surprise, que des passages du Nouveau Testament, pourtant bien connus, me parlent plus qu’auparavant. J’ai l’impression de les connaître sans avoir saisi toute leur force. Je tiens cette pensée de ma méditation sur les apparitions du Ressuscité.
Les temps apostoliques terminés, nous n’avons d’autre recours pour « Communier » au Christ Ressuscité que l’écoute, la lecture du témoignage néo-testamentaire. Notre adhésion s’appuie sur la confiance accordée aux témoins. Je crois en ce qu’ils disent sans même avoir le soutien de signes (miracles) qui me prouveraient la vérité de leur parole.
Dernièrement, j’ai perçu plusieurs niveaux de la foi dans les textes de Marc.
Il y a une première foi qui dépend de la sincérité de celui qui parle. Jésus accomplit ce qu’il dit. Les malades qui demandent la faveur d’une guérison ont confiance dans la qualité humaine du Seigneur qui, par miséricorde, œuvre pour améliorer l’humanité de l’homme.
Un deuxième niveau apparaît au moment où le bénéficiaire comprend que l’efficacité du Galiléen provient de sa filiation divine. Le Verbe s’est fait chair, explique Jean dans une toute première théologie de la Parole de Dieu qui prend corps humain afin de se faire comprendre des hommes.
En cherchant dans ma mémoire, je trouverai assurément d’autres exemples. Mais, voilà où je veux en venir.
Il semblerait que cela soit au moment où les mystères divins se présentent à nous avec une plus grande clarté, l’âge de la retraite civile étant déjà pas mal dépassé, que nous devons laisser le terrain apostolique aux nouvelles générations, lesquelles souvent n’abordent pas la mission avec les mêmes perspectives apostoliques.
J’ai le souvenir d’avoir « pesté » pas mal contre ces anciens qui s’accrochent avec des ides qui n’ont plus cours.
Savoir lâcher du lest. Accepter le départ, cela me paraît indispensable ; car, même si les idées sont plus claires, passé 70 ans, il semblerait que nous n’avons plus les moyens et, en premier, la forme physique, de les mettre en œuvre.
Un souvenir me revient. C’était à Villeurbanne lors d’un repas de prêtres du secteur. Mon voisin de table, un vieux prêtre et religieux, se plaignait qu’on ne lui confie plus de tâches pastorales. Il ne supportait pas d’être mis sur la touche. Je lui ai alors indiqué que, devant son église, il y avait une place avec des bancs. Pourquoi ne pas s’asseoir à l’ombre des arbres et discuter avec les gens qui venaient ici prendre du repos ? Pastorale adaptée aux loisirs des retraités. Notons qu’en ce temps lointain, je travaillais à la Pastorale du Tourisme et des Loisirs (PRTL) et que ma devise était (est toujours !) savoir ne pas s’ennuyer quand on n’a plus rien à faire. Vive les vacances !
Le Prêtre se révolta. « Père, c’est une insulte, vous n’y pensez pas ; j’ai un ministère à accomplir ; je dois y être fidèle ! ».
Je persiste à penser aux bienfaits presbytéraux, voir sacerdotaux, de cette présence apostolique sous l’arbre où se trouve un banc accueillant.
Mais suis-je, actuellement, capable de mettre en œuvre cette forme de mission ? Il me faut y songer avant que l’âge n’embue la lucidité et me fasse me retrouver dans une situation où je me déclarerai indispensable ; surtout dans les cas où personne ne propose des services pour prolonger la tâche entreprise ; je pense particulièrement aux nombreux contacts avec les artistes, les plasticiens et toutes les personnes qu’Antoine Chevrier désignait de pauvres, d’ignorants, de pécheurs.