Obéissance à l'Etat ou devoir du cri de conscience ?
Le Cri, Edvard Munch
Il est une phrase que l’on entend souvent et qui exprime cette tension entre l’exigence évangélique et un regard réaliste sur nos modes de vie : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » (Michel Rocard 1990). Citation tellement utilisée pour mettre une limite raisonnable à notre générosité que l’on oublie la fin de la phrase : « …Mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part ».
Les dernières Semaines sociales connurent ce problème. Jérôme Vignon, face au mécontentement exprimé par l’assistance à l’écoute du discours de M. Henri Guaino chargé d’exposé la politique de l’État qui seul donne sens aux politiques d’immigration et aux droits et devoirs qui leur sont attachés, a ressenti le besoin d’écrire : « Le “politique” reste en charge d’un compromis difficile entre les temporalités… Entre ce futur qui n’est pas encore et un présent impérieux, c’est d’Espérance que nous avons besoin » (La Croix 2 déc. 2010).
Quand attendre se fait trop lourd face à des situations humaines indignes, le cri ne doit-il pas s’imposer ? Cri de conscience qui se souvient du message de Jésus Christ : « J’étais étranger… et vous m’avez accueillis » (Mt 25, 32 & 43). En effet, aucune économie ne devrait passer outre à l’universelle conscience : « Quand un émigré viendra s'installer … dans votre pays, vous ne l'exploiterez pas ; … vous le traiterez … comme l'un de vous. Tu l'aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été des émigrés dans le pays d'Égypte ». (Lev 19, 33).
Quand l’espérance des discours use, reste le cri de Jean le Baptiste : « Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion » (Mt 3,7-8).