Antoine Chevrier : XIXe siècle, les enfants ne doivent pas travailler

Publié le par Michel Durand

150ème anniversaire de l’achat de la salle du bal des vaches pour recevoir des enfants afin de les former humainement et religieusement de façon intensive.

 

I00-copie-1.jpgAntoine Chevrier, fondateur de la famille spirituelle et apostolique du Prado, vécut au séminaire Saint-Irénée qui se trouvait, à l’époque, place Croix-Paquet. Il ne pouvait qu’être informé des agressions violentes que subirent les couvents-ateliers de la Croix-Rousse. 

Les historiens soulignent que, depuis longtemps, « les ouvriers lyonnais dénonçaient le travail de la soie que pratiquaient des communautés comme celle des Frères de la Doctrine chrétienne, et les « providences » où travaillaient des apprentis et des indigents. Ils les accusaient de concurrence déloyale et d’être partiellement responsables du manque de travail dont souffraient les canuts… Les ouvriers écrivaient : «  Messieurs les Frères et Mesdames les Sœurs sont célibataires, mais nous, nous sommes chargés de famille, et nous parlons pour nos femmes et nos enfants… Nos adversaires nous disent, il est vrai : « mais nous vous secourrons dans vos détresses… ». C’est fort bien, mais nous préférons encore qu’on nous laisse notre travail, qu’on ne nous offre point une insultante aumône » (Le censeur, 28-29 avril 1847). cf, Claude Latta, Le maintien de l’ordre à Lyon.

 

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Nous voyons dans ces événements se dessiner la différence qu’il y a entre des chrétiens qui soignent les problèmes engendrés par l’industrialisation et les chrétiens qui s’efforcent de former les jeunes personnes afin de les prémunir face aux injustices. Antoine Chevrier se place parmi ces derniers lorsqu’il préfère faire lui-même la quête le vendredi à la porte de la chapelle de la Charité plutôt que de faire travailler les enfants comme on lui conseillait de le faire à l’exemple des couvents-ateliers.

 

 C’est donc le 10 décembre 1860 que le Père Antoine Chevrier ouvrait à la Guillotière, un faubourg de Lyon, un lieu pour accueillir des jeunes gens pauvres et leur dispenser une éducation morale et religieuse, ainsi que des rudiments scolaires. C’était le Prado, une œuvre qui s’inscrivait dans le grand mouvement d’éducation des enfants pauvres et en danger, initié depuis le début du XIXe siècle par des philanthropes et des pédagogues.

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Depuis 150 ans, des prêtres, puis des laïques se sont appliqués à continuer cette œuvre d’éducation. Le Prado a évolué et s’est transformé au fil des années. En 1943, est créée l’Association de la Providence du Prado dont la mission de base : accueillir, héberger, soigner, éduquer, former et insérer, reste d’actualité.

Les passionnés d’histoire et les défenseurs infatigables de l’action éducative peuvent mesurer l’évolution d’une des plus vieilles associations lyonnaises s’intéressant à l’enfance et à l’adolescence en difficulté.

 

Antoine Chevrier , lettre à Nicolas Delorme, décembre 1871

Courage donc et confiance, cher enfant, et ne cessons pas chaque jour de remercier Dieu de son immense charité pour nous tous, pauvres misérables qui avons tant abusé de sa bonté, et qui nous traite cependant avec tant d'amour et de patience. Réjouissons-nous ensemble de voir arriver cette belle fête de Noël où nous voyons le Fils de Dieu choisir l'humble étable pour naître, afin de nous montrer le détachement de toutes choses extérieures pour ne nous attacher qu'à lui. Plus l'amour de Dieu remplit notre âme, plus aussi nous nous débarrassons des choses extérieures, biens, famille, parents, amis, ou plutôt on les aime davantage parce que le lien qui nous unit à eux est plus vrai, plus solide et plus durable; demandons tous ensemble ce parfait détachement qui nous amène au véritable zèle de l'apôtre de Jésus-Christ et nous donne le véritable amour.

Publié dans Prado

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