Plan(s) d'église et théologie(s) ou ecclésiologie(s) selon les époques
Grâce à l’étude et à la rédaction des pages de « Lyon sacré » pour la partie XXe siècle qui me concernait, j’ai pu confirmer comment la théologie ou l’ecclésiologie d’une époque se traduisait dans le bâtiment église.
église de la Trinité (8e)
Je dis « confirmer », car cette réflexion est, depuis longtemps, l’objet de cours en iconographie chrétienne que je donne régulièrement. Cette année 2010-2011, je pose l’accent sur la construction de l’espace « église » :
« La liturgie et son organisation dans l’espace donnent à voir les places respectives qu’occupent clergé et peuple de Dieu (les fidèles du Christ) à l’intérieur d’une église. En étudiant les bâtiments et leurs décors : sanctuaire, chœur, nef... que les chrétiens se sont donnés au cours des siècles, nous aurons une idée de la constitution de l’Église.
> Voir la proposition faite à Saint Bonaventure.
Ainsi, en photographiant les églises de la région lyonnaise, j’ai observé que le début du XXe demeurait très marqué par les besoins sociaux du XIXe. Les bâtiments paroissiaux devaient contribuer à l’accueil des familles pauvres, l’éducation des enfants, les loisirs. Cela a donné la cité paroissiale comprenant certes une église et un presbytère, mais aussi des écoles, des terrains de sport, des salles de jeu (patronage), un théâtre, voir aussi une maison de retraite pour personnes âgées. Cf Les citées de l’Abbé Rambaud.
Avant 1910, l’influence néo-romane, néo-gothique du XIXe siècle se fait nettement sentir. Saint-Augustin dans le 4e arrondissement, édifice néo-paléochrétien, en est une preuve évidente.
Après la Première Guerre mondiale, on se lance dans des créations architecturales plus audacieuses ; par exemple, à la Sainte Famille de Villeurbanne dans les années 20, Saint-Antoine de Gerland dans les années 30. Cette dernière est très typique du style « art déco ».
Les églises de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, les années 50, limitent l’espace voué à l’humanitaire. Salles de catéchisme, théâtre prennent souvent place contre l’église elle-même, le terrain, alloué à cette construction étant plus petit. Le sanctuaire, majestueux, imposant libère de l’espace au clergé. Il siège sur une véritable tribune digne de l’art socialiste ; les matériaux sont plutôt nobles. Un certain triomphalisme se dégage des constructions de cette époque. On peut compter sur l’argent de l’État pour les dommages de guerre ; par exemple à Saint-Michel (7e), à L’Annonciation (9e).
église de l'Annonciation
Viennent enfin les églises des années 60. Elles répondent à un besoin pastoral occasionné par l’accroissement de la population à la périphérie des villes. Elles dépendent d’une ecclésiologie où les prêtres ont réalisé l’impact de la déchristianisation. L’Église s’adresse à une « France, pays de mission ». Il importe que l’apôtre soit au centre de son peuple. Telle est l’audace des plans centrés du troisième quart du XXe siècle. Tendance liturgique, autel au milieu des fidèles, qui sera confirmée par le concile Vatican II. Ces églises sont plutôt réalisées avec des matériaux pauvres ; le financement dépend des fidèles eux-mêmes qui prennent place autour de l’autel, symbole du Christ sauveur, l’unique grand prêtre. Voir l’église du Plateau de la Duchère (9e arrondissement) ou la Sainte-Trinité (8e).
église du plateau, la Duchère
La fin du XXe et le début du XXIe siècle, selon les quelques exemples existants semblent revenir à une conception architecturale moins collégiale, une ecclésiologie plus ecclésiastique. Le lieu des prêtres, situé au fond d’un plan basilical, est séparé des fidèles par une marche. Ainsi la chapelle du tout nouveau séminaire.
chapelle du séminaire
Pour en savoir plus : lire ce livre :