Que faire du libéralisme ?
Il semble désormais certain que le capitalisme libéral, même si on ne le dit pas intrinsèquement pervers, doit être profondément révisé. Les textes d’Église disent que le capitalisme a été vicié par l’argent. C’est donc qu’il est bon en sa racine ? Est-ce bien vrai ?
Paul VI écrit en 1967 :
«Ce libéralisme sans frein conduit à la dictature à bon droit dénoncée par Pie XI comme génératrice de ‘l’impérialisme de l’argent’. On ne saurait trop réprouver de tels abus, en rappelant encore une fois solennellement que l’économie est au service de l’homme. Mais s’il est vrai qu’un certain capitalisme a été la source de trop de souffrances, d’injustices et de luttes fratricides aux effets durables, c’est à tort qu’on attribuerait à l’industrialisation elle-même des maux qui sont dus au néfaste système qui l’accompagnait. Il faut au contraire en toute justice reconnaître l’apport irremplaçable de l’organisation du travail et du progrès industriel à l’oeuvre du développement.» (Encyclique Populorum progressio, sur le développement des peuples, n. 26.)
Un système économique serait bon ou non dans la mesure où il applique les principes de justice enseignés par l’Église. Jean-Paul II écrit en 1987, dans son
encyclique Solicitudo rei socialis, : l’Église «adopte une attitude critique vis-à-vis du capitalisme libéral et du collectivisme marxiste... deux conceptions du développement
imparfaites et ayant besoin d’être radicalement corrigées.» Pour en lire plus, voir ici.
Ne faut-il pas entièrement révolutionner cette idéologie du libre marché ?
Le philosophe Jean-Claude Michéa, ayant pris ses distances du parti communiste français en 1976, interroge profondément les intellectuels de gauche qui se sont éloignés du monde populaire. Il « considère que les idéaux bourgeois libéraux ont triomphé du socialisme en le phagocytant » et « déplore que le socialisme ait accepté les thèses du libéralisme politique ». Sa position est proche de celle du philosophe Dany-Robert Dufour dans son ouvrage Le Divin marché. J’ai déjà parlé de cet intellectuel sous le titre « sadisme et libéralisme », à propos de la Cité Perverse.
Ces auteurs, athées, m’incitent à penser qu’il faut regarder avec plus de radicalisme le libéralisme, alors que les penseurs catholiques affirment qu’il suffit d’en rectifier les déviances. Si ce système économique de production est mauvais en ces fondements que peut-on corriger, moraliser ?
Je vous laisse écouter J. C. Michéa.