Réfugiés kosovars
Grenoble.
Avenue Alsace-Lorraine ce matin, neuf heures trente. Je monte dans le tramway qui se dirige vers Fontaine. En bout de rame, je remarque aussitôt qu’il y a de nombreuses personnes regroupées, quarante, peut-être cinquante. Elles semblent affligées, certaines sont avec les pieds nus, trempés. Il y a là des hommes, des femmes et des enfants. Les mamans portent des couvertures et des sacs dans les bras. Il se passe quelque chose, assurément. Une voiture de la Police municipale suit le tram à la trace, gyrophare allumé. La rame parvient à l’arrêt Gares. Le groupe descend dans sa totalité, un homme les guide, il parle français. Ils stoppent tous devant le Mac Do, l’homme explique au groupe par l’intermédiaire d’un interprète qu’ils seront à l’abri pour l’heure dans le hall de la gare. Il pleut toujours abondamment, et il fait assez froid ce matin. Tout en nous dirigeant vers la gare, je questionne l’homme, il m’explique qu’il a trouvé au groupe une salle pour la nuit juste passée — toutes ces personnes logeaient en effet sous tente depuis quarante jours, des tentes qui ont pris l’eau et qui les ont amenées à tenter de trouver un hébergement en dur pour cette nuit : cette salle offerte en l’occurrence. L’homme laisse le groupe à deux policiers municipaux en faction devant le hall d’entrée de la gare — « Mais qu’est-ce qu’on va en faire, nous ?... » questionne l’un d’eux — « Je ne sais pas, on va essayer de faire venir le Préfet ici pour qu’il trouve une solution pour les héberger la nuit prochaine », répond l’homme, « Je dois y aller, maintenant. Bon courage ! », et l’homme nous quitte. Nous pénétrons dans le hall de la gare. Je questionne aussitôt l’interprète du groupe qui se trouve là. Il m’explique que ce sont des personnes d’origine kosovares, qu’elles ont dû quitter leur pays à cause de la guerre, pour passer tout d’abord en Macédoine… que là-bas, il leur était difficile de vivre, d’être logé : ils n’avaient une fois encore que des tentes à leurs dispositions. Il ajoute que maintenant que toutes ces personnes sont en France, elles ont fait une demande auprès de l’OFPRA, et elles attendent de savoir si elles vont pouvoir rester dans notre pays… elles n’ont aucun revenu, les enfants — une quinzaine — ne peuvent pas aller à l’école. La situation est pour eux bloquée. Difficile. Tout à coup, un homme du groupe s’approche de moi, il souhaiterait que des télévisions viennent. Il me dit en français qu’il y a déjà eu des dizaines et des dizaines de journalistes comme moi, qui les ont écoutés, qui ont fait des photos… pris des notes… rédigé des articles — et que rien n’a bougé pour eux ! Il ajoute que moi, je gagne de l’argent en faisant mes reportages, et que eux : ils n’ont rein — je lui réponds aussitôt, calmement, que je me trouvais par hasard dans le tram de ce matin, et que toute cette misère, je ne pouvais pas ne pas en parler, et je lui précise pour terminer que je ne gagne pas un seul euro avec mes articles et photos, pour la simple et bonne raison que personne ne me les achète ; je les envoie gratuitement depuis des mois à qui veut bien les lire. Il comprend. Je prends quelques clichés d’une partie du groupe, les hommes et la plupart des femmes ne souhaitent pas être photographiés. Je leur donne l’assurance ensuite que je vais faire un article et contacter des Médias, les télés bien entendues ; et nous nous séparons en nous souhaitant mutuellement bon courage. Je passe avertir immédiatement Radio France bleue Isère qui se trouve à deux pas, rue Étienne Forest, puis je téléphone à France 3 pour leur faire part de la demande du groupe qui souhaite rencontrer des télés. Je vous ai à présent adressé mon reportage.
Jean-Marie Delthil. 25 septembre 2010 — 11 heures 30.
« Le monde des migrants est vaste et diversifié. Il est constitué d’expériences merveilleuses et
prometteuses » : c’est le regard positif que Benoît XVI invite à poser sur le phénomène migratoire, dans son Message pour la 97e Journée mondiale du Migrant et du Réfugié (16 janvier
2011) sur le thème : « Une seule famille humaine ». Le terme clef de tout le message est celui de la « fraternité humaine ». Lire la suite ; Benoît XVI indique les conditions d'une paix authentique. 97ème journée mondiale des
migrants, 16 janvier 2011.