Au Tibet, en absence de prêtres, les chefs de communauté ouvrent leur église le dimanche, car l'Église est une réalité humaine, locale typée
Il m’arrive d’entendre des chrétiens se plaindre que l’église de leur village -ou de leur quartier- est toujours fermée. Alors je leur demande pourquoi l’église (il s’agit du bâtiment) est ainsi toujours fermée. Et on me répond : « voilà plusieurs années qu’il n’y a plus de curé ».
Est-ce le curé qui fait l’Église (je parle maintenant de la communauté réunie au nom du Christ) ? N’est-ce pas plutôt l’ensemble des baptisés ?
Tant que l’on considérera la vie à la suite du Christ dans la remorque d’un prêtre curé, on ne pourra que se plaindre de la fermeture des bâtiments-églises. Ce n’est pas le prêtre qui fait l’Église, mais les baptisés eux-mêmes.
L’église (le bâtiment) est le symbole visible de Dieu. En ce sens, il doit toujours être ouvert à toute personne pour montrer l’immense accueil de Dieu envers tous. Pour qu’il en soit ainsi, les baptisés savent rendre le lieu agréable à vivre, beau, propre, signifiant de ce que le monde vit. Les œuvres d’art exposées contribuent à rendre visible le divin message d’amour.
L’église est ouverte à l’attente des gens qui viennent en ce lieu de paix trouver plus une réponse à leur questionnement qu’un dogme. Le bâtiment église et ce qu’il renferme signifient la miséricorde divine.
Telle est la tâche de tous baptisés, essentiellement des baptisés conscients de leur baptême. Actifs dans leur lieu de rassemblement pour la prière au nom du Christ, organisés pour que les pierres soient attractives, parlantes, les baptisés accueillent, à tour de rôle, toute la vie qui se présente.
Que fait alors le curé ?
Il parcourt les rues, les places, les maisons à la rencontre des personnes. Il va au-devant d’eux. Il soutient l’ensemble de la communauté pour que chacun agisse selon ses charismes propres.
L’église (le bâtiment) ressemble à l’arbre de la parabole qui accueille tous les oiseaux venus y faire leur nid.
Elle est le symbole du Royaume. Bref, voilà que je parle encore du Royaume éternel.
Pour entrer dans ce Royaume, pour nous y préparer, nous ne devons pas oublier qu’à la racine se trouve l’attachement au Christ. Jésus dit : quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.
Je vous donne à lire maintenant ce courrier du lecteur qui donne à penser sur l’essentiel de la communauté chrétienne dans un monde en manque de prêtres.
Diocèse de Verdun. Régime des cultes. “Supplier Dieu” - Courrier des lecteurs 25 octobre 2014
L'article du 19 septembre sur le diocèse de Verdun m'a surpris. Je n'ai jamais vu de gens demander la messe dans leur village pour deux ou trois fidèles. Par contre j'ai lu que « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux ». Ils étaient 12 à la première messe. Guère plus autour de saint Paul. D'où a-t-on sorti que la messe du dimanche est un « rassemblement » ? Récemment le supérieur général des MEP disait, dans une conférence, être étonné de voir ici tant d'églises fermées le dimanche. Il disait qu'au Tibet, sans prêtre depuis cinquante ans, « tous les chefs de communauté ouvrent leur église le dimanche », que « l'Église est une réalité humaine, une réalité locale bien typée avant tout ». Ce n'est pas un rassemblement de gens venus de 20 km, qui ne se connaissent pas, et sont là pour rassurer le prêtre qu'un petit groupe, signe d'une Église malade, découragerait. Au Tibet, ils prient sans prêtres. Vatican II, le droit canon, Jean-Paul II (encyclique sur l'Eucharistie) recommandent les Adap. Le pape François, ayant remarqué à Buenos Aires que les gens ne faisaient pas plus de 2 km pour participer à la messe, ne leur reprochait pas d'en faire 4 pour voir un match. Il leur conseillait de se réunir, dans un garage par exemple, pour prier ensemble. Il s'agissait d'Adap et non de « vêpres ». Pourquoi refuse-t-on en France la solution officielle de l'Église ? Il y a un rituel pour les ADAP. Essayez d'en acheter un en français! Au nom de ces fameux « rassemblements », certains prêtres concélèbrent, d'autres célèbrent en privé, pendant que les villages restent sans messe, parce que l'« assemblée » y serait trop petite. Nous tuons nos communautés chrétiennes au lieu de les préparer à un avenir sans prêtre, comme au Tibet.
Xipri Arbelbide (Pyrénées-Atlantiques)