On ne peut traiter les personnes migrantes aujourd’hui comme on le faisait jadis des esclaves même sous Napoléon

Publié le par Michel Durand

source : Visa - droit au logement

source : Visa - droit au logement

 

J’aimerai parler d’autres choses, mais la pression du non-accueil des expatriés pour cause de guerre, de manque de vraie liberté ou de faim est telle que je reçois de nombreux messages que je souhaite diffuser.

J’ai dit expatrié. C’est au cours d’une information sur France Inter que j’ai perçu cette distinction. Un Français qui, pour se trouver un emploi davantage situé dans la ligne de ses études, décide de se rendre à l’étranger est un expatrié muni de tous les papiers nécessaires. Un Érythréen qui fuit les violations des droits de l’homme de son pays est un migrant. La différence de vocabulaire souligne l’injustice mondiale. « Il faudrait, comme me l’a dit un politique rencontré hier dans le métro, que les gouvernants acceptent de voir la dimension postcoloniale de cette situation économique, politique qui pousse les gens en dehors de chez eux ». « Le néo-colonialisme industriel a une grande part de responsabilité ». À ces considérations nous devons ajouter l’impact du commerce des armes.

Mais, sur place, quand on rencontre des « migrants » clandestins dans la rue ne va-t-on que réfléchir sur les antécédents politiques ? Certes non. Une action doit être soutenue. Laquelle ? Une importante institution comme l’est, par exemple, l’Église catholique trouvera des locaux plus ou moins bien adapté à l’habitat et situé loin des centres administratifs. Ne va-t-on pas, en recourant à ces secours caritatifs, donner raison à l’État qui n’a plus à accomplir le minimum d’accueil humain ? Benjamin Derveaux, journaliste au journal Le Monde, pose justement le problème : « Jusqu’ici, les migrants dormaient dans un jardin associatif (à Paris) prêté par une association, après leur expulsion lundi 8 juin. Mais “le lieu n’est pas adapté pour autant de personnes” déplore Thomas Augais, le président de l’association, désignant une pile de sacs-poubelle remplis d’excréments. L’association s’est vue obligée de fixer un ultimatum au départ des migrants. Le but de la manœuvre était aussi de pousser les pouvoirs publics à “trouver des solutions” ». Semblable fut la situation que nous avons rencontrée à Lyon avec la nécessité de quitter le bâtiment industriel de Décines. Le fichier joint donne l’article du Monde : à lire.

 

Les expulsions de logement continuent.

Tout montre que la municipalité de Lyon ne prend pas la même route que celle de Paris.

Note du 12 juin : « Ce matin, relate Gilberte, 18 personnes, dont 10 enfants, ont été expulsées du logement qu'elles occupaient depuis plusieurs années dans le 7e arrondissement de Lyon.  Les enfants d'âge scolaire étaient scolarisés dans les écoles du quartier et y allaient régulièrement. Le plus grand rentre au collège à la rentrée de septembre. Les vacances scolaires ont lieu au 3 juillet, cela aurait été intelligent d'attendre cette date. Sachant que durant les vacances scolaires, les grands terrains, les squats... seront expulsés comme toutes les années durant les vacances scolaires, jetant à la rue des hommes, des femmes, des enfants dont des bébés !!! Qu'allons-nous faire ? »

 

Le 10 juin :

COMMUNIQUÉ

CAMPEMENTS DE MIGRANTS QUAI D’AUSTERLITZ :
PAS D’EXPULSION SANS SOLUTIONS D’HÉBERGEMENT ADAPTÉES

Plusieurs dizaines de migrants installés depuis des semaines dans un campement sur le quai d’Austerlitz, dans le 13e arrondissement de Paris près de la Cité de la Mode et du Design, sont menacés d’expulsion. Une majorité d'entre eux vient du Soudan, mais aussi d'Érythrée et du Tchad, et a déposé une demande d’asile.

À ce titre ils doivent pouvoir bénéficier d’un hébergement pendant la durée d’examen de la demande d’asile.

L’expulsion d’un campement similaire le 2 juin dernier dans le quartier La Chapelle n’a rien réglé : plusieurs centaines de migrants de ce campement dorment toujours dans la rue. Les migrants qui ont fui la misère et les persécutions ne peuvent pas être traités comme des pestiférés et des indésirables. L'État et la mairie de Paris doivent proposer aux migrants :
- un accompagnement dans leurs démarches administratives pour que leur situation soit régularisée ;
- un hébergement pérenne.

Faire preuve d’humanité, ce n’est pas laisser des centaines de migrants dormir dans les rues de Paris en les harcelant pour éviter qu’ils se regroupent quelque part. Faire preuve d’humanité ce n’est pas tout faire pour rendre invisible la détresse de demandeurs d’asile qui ont risqué leur vie pour échapper à la guerre.

Un collectif, composé notamment de la Ligue des Droits de l’Homme, du Réseau Éducation Sans Frontières, de la Cimade, d’Amnesty International, d’ATTAC, soutenu par des adhérents de Solidaires, du Parti de Gauche, d’Ensemble et d’Europe Ecologie-Les Verts, a décidé d’assurer une permanence de soutien pour les aider à accéder à leurs droits.
Paris, le 8 juin 2015
Signatures : ATTAC Paris 13, CIMADE Port Royal, LDH Paris 5/13, RESF Paris 5/13
EELV Paris 13, Ensemble Paris 13, PCF Paris 13, PG Paris 13
Contact presse : Marc Naelten 06 79 54 03 33 – m.naelten@orange.fr

À propos de l’article du Monde, daté du 13 juin, Jean-Paul se demande si le vent ne serait pas en train de tourner prouvant qu'une autre organisation de l'accueil des migrants, impliquant les citoyens, pourrait s'envisager. Il me semble effectivement que le vent tourne face au constat de l’intolérable inhumanité des actuelles pratiques gouvernemental. Quand c’est trop, les consciences se réveillent.

 

12 juin - Politique migratoire : le Président refuse le dialogue avec la société civile

Action collective

Face aux drames en Méditerranée et à la situation actuelle en France notamment, plus de cent ONG, associations, syndicats, mouvements et réseaux ont signé un Appel dénonçant le traitement des personnes migrantes sur le territoire français. La demande a également été faite au Président de la République d’ouvrir un espace de concertation afin que la société civile soit consultée sur cette question et puisse partager son expertise.
 

Cela étant, malgré l’échec notoire de la politique migratoire française et européenne, François Hollande a opposé une fin de non-recevoir à cette demande, refusant ainsi nettement le dialogue avec la société civile. 
 

Nous sommes indignés par ce refus. Le mépris témoigné par la Présidence à l’encontre de cette démarche d’ouverture n’est pas admissible. D’autant moins que le gouvernement compte sur les associations pour gérer au quotidien la situation désastreuse des personnes migrantes présentes sur le territoire. 
 

Nos réseaux ont des alternatives concrètes à présenter et à mettre en place. Loin de nous contenter d’une simple critique, nous voulons que nos propositions soient entendues. Le Président ne peut ni se cacher derrière l’Europe pour rejeter toute responsabilité en matière de politique migratoire, ni n’entendre de la société civile que ce qui l’arrange. 
 

Signataires de l’Appel :

4D, ACAT France, Acceptess-T, ACORT (Association citoyenne des originaires de Turquie), Action Tunisienne, ADA-Accueil Demandeurs d'Asiles, ADDE (Avocats pour la Défense des Droits des Etrangers), ADTF (association Démocratique Tunisienne de France), AFA (Association Française des anthropologues), AEDH, AFEA (Association française d'ethnologie et d'anthropologie), Ailes – Femmes du Maroc, AMF (Association des Marocains en France – fédération), les Amoureux au ban public (national), Amoureux au ban public Bretagne, Anafé, Ardhis, ATF, ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), ASEFRR (Association de Solidarité en Essonne avec les Familles Roumaines), ASSFAM, ATTAC, Avocats pour la Défense des Droits des Etrangers, CASAS (Collectif pour l'Accueil des Solliciteurs d'Asile à Strasbourg), CCFD Terre-Solidaire, CCFD Terre Solidaire d'Ille-et-Vilaine, CEDETIM (Centre d'Etudes et d'Initiatives pour la solidarité internationale), Centre LGBT Paris Île-de-France, Centre Primo Levi, la Cimade, Coordination 75 de lutte pour les sans papiers, Coordination 93 de lutte pour les sans papiers, CISPM (Coalition internationale des Sans-papier Migrants), CNDF (Collectif national pour les droits des femmes), Collectif des Libanais Laïcs en France, Collectif "Le Cercle de Résistance", Collectif les Engraineurs, Collectif pour une autre politique migratoire de Strasbourg, Collectif de soutien aux migrants sud Aveyron, Collectif UCIJ, le COMEDE, CRID, DIEL (Droits Ici et Là-bas), Dom’Asile, Droits Devant !, ELENA-France, Emmaüs Europe, Emmaüs France, Emmaüs International, Enda Europe, FASTI, Fédération DAL (Droit au Logement), FIDH, FNARS (Fédération des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale), Fondation France Libertés, FORIM, Français Langue d’Accueil, France Amérique Latine, FTCR, GISTI, Hors la Rue, Inter-LGBT, IPAM (Initiatives pour un Autre Monde), JRS France, La maison ouverte de Montreuil, Ligue des Droits de l’Homme, Maison Internationale de Rennes, Médecins du Monde, le Mouvement de la Paix, Mouvement Utopia, MRAP, Musulmans inclusifs de France, Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau, PEROU (Pôle d'Exploration des Ressources Urbaines), Plateforme "Tenons et mortaises, un monde à faire venir", O.C.U. (Organisation pour une Citoyenneté Universelle), R.C.I. (Réseau chrétien-Immigrés), REMDH (Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme), RESF, Réseau Féministe « Rupture », Réseau Foi et Justice Afrique Europe, Réseau Immigration Développement Démocratie -  IDD, Réseau Migreurop, la Revue d’Histoire « Cahiers d’Histoire », Revue « Multitudes », RITIMO, Romeurop, Roussillon-Maghreb, SAMU Social de Paris, Secours Catholique – Caritas France, Secours Islamique France, Scribest, Si les femmes comptaient, Société Européenne des Auteurs, SOS Migrants (Belgique), le Syndicat de la Magistrature, Terre d’Errance, UJFP (Union Juive Française pour la Paix), Union Syndicale de la Psychiatrie, Union Syndicale Solidaire, Watch the Med – Alarm Phone

 

Un toit pour les migrants. Le Monde 13 juin 2015

Publié dans Politique

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