Ils ne seront ni au lycée, ni en prison, ni en CRA, car ils furent expulsés
Voici des notes de RESF que, en conscience, je ne peux que diffuser.
Venons au prochain cercle de silence de notre ville
Pour Lyon : mercredi 9 décembre, 18 h 30 place des Terreaux.
Marc Mavunga, élève du lycée Branly de Lyon, a été expulsé.
Hier, dimanche, vers 4h du matin, après 4 mois de prison à Villefranche et 21 jours de rétention au CRA St-Exupéry, Marc a été réveillé pour être embarqué dans un avion qui l’a emmené à Roissy, puis sans ménagement dans un autre pour Kinshasa. La veille, il recevait encore la visite d’un de ses professeurs et il espérait que le préfet saurait entendre les cris de protestation de ses camarades et enseignants qui s’étaient rassemblés vendredi pour dire non à son expulsion, comme nous le disions aussi à RESF depuis que nous avions eu connaissance de sa situation.
Depuis ce départ de Roissy, nos sommes restés 2 jours sans nouvelles de Marc. Seule une employée zélée de la préfecture nous a confirmé, satisfaite, qu’il avait « regagné son pays d’origine » et qu’elle était en train de clore son dossier…
Pour eux un simple et froid dossier, et au plus grand plaisir de Valls, de Cazeneuve et du gouvernement Hollande, un expulsé de plus à faire valoir dans des statistiques qui entretiendront le racisme ! Pour nous, la trajectoire brisée d’un jeune qui avait trouvé en France l’espoir d’un avenir meilleur, avec surtout des perspectives scolaires auxquelles il tenait énormément. Il l’a répété jusqu’au bout : « Comment je vais pouvoir reprendre mes études ? ».
Le Préfet du Rhône a rayé d’un grand trait rouge tous les efforts fournis par Marc depuis plus de 2 ans pour se forger un avenir en France, mais aussi tous les efforts fournis par ses éducateurs, ses enseignants, ses entraîneurs sportifs, pour l’accompagner sur le chemin d’une réussite qui était au rendez-vous.
Il a pris sa décision d’expulsion de concert avec le Parquet de Lyon. Depuis plusieurs années, celui-ci fait condamner, avec la complicité de la Métropole de Lyon, des dizaines de mineurs isolés étrangers sous des accusations d’escroquerie avec utilisation de faux document pour se faire selon lui passer à tort pour mineurs.
Pour Marc, après une dénonciation des plus malveillantes, les tribunaux ont eu la main spécialement lourde et le Préfet s’est réfugié derrière les peines prononcées pour aller jusqu’au bout de l’expulsion. Les tests osseux réclamés par la Cour d’appel ont une fois de plus exclu la minorité alors que plusieurs résultats attestaient au contraire d’un poignet et d’une dentition de mineurs et que le calcul de la moyenne d’âge laisse perplexe… Mais surtout, le Parquet et la Préfecture du Rhône collaborent actuellement pour rechercher par tous les moyens les traces du parcours migratoire de chaque jeune étranger, et cela depuis le départ du pays d’origine. Comme pour sortir par avion de leurs pays, les mineurs doivent généralement se faire passer pour majeurs d’une façon ou d’une autre, c’est facile pour l’État français de refuser les actes de naissance de ces jeunes et de leur coller comme vraie la fausse identité du départ. Marc a été accusé dans ces conditions, comme Pathy et Cynthia encore au CRA, comme Jérémie actuellement à la prison de Corbas dans l’attente de son jugement.
La traque et la criminalisation des jeunes étrangers doivent cesser !
Les enquêtes sur les conditions dans lesquelles ils ont quitté leur pays et sont arrivés ici, ça suffit !
Les tests d’âge osseux, ça suffit !
Cynthia. Ce mercredi soir 2 décembre 2015 au CRA Saint-Exupéry :
Cynthia a été réveillée par des policiers qui lui ont donné 5 minutes pour préparer ses affaires, car selon eux, un vol pour l'Angola l'attendait. Elle n'avait été prévenue de rien.
- Alors que, lors de sa présentation à l'Ambassade d'Angola, ces derniers jours, il n'avait pas paru faire de doute pour la responsable angolaise rencontrée que Cynthia n'était pas angolaise et, alors que Cynthia a toujours clamé sa nationalité congolaise...
- Alors qu'un rendez-vous avec le cabinet du Préfet nous a été fixé pour vendredi pour parler des 3 jeunes menacés d'expulsion, et que Cynthia est la 2ème expulsée des 3...
- Alors que ni la préfecture ni la police n'ignorent que Cynthia instruisait sa demande d'asile au moment où elle a été arrêtée et que c'est même cette demande d'asile qui a servi à la faire condamner...
- Alors qu'ils n'ignorent pas non plus que Cynthia souffrait déjà alors de stress post-traumatique comme l'a attesté le médecin vu à la prison de Corbas.
Cynthia a été attachée dès son départ du CRA, prise comme un bétail a-t-elle dit. À 19h elle est partie pour Roissy. À 22h un vol l'attendait à Roissy pour Luanda où personne ne l'attend. Que s'est-il passé depuis ?
Contacté, le directeur de cabinet du Préfet paraît s'être contenté d'enregistrer la communication du service des expulsions comme quoi l'expulsion était en cours. Personne pour vérifier si laisser-passer ou pas, alors qu'il est vraisemblable qu'il s'agit d'une expulsion sauvage.
La Police fait ce qu'elle veut ; c'est clair et c'est conforme avec leur état d'urgence qui n'empêche en rien les risques d'attentats pour tous ceux et toutes celles qui continuent de fréquenter les concerts, les matchs de foot, et les manifestations commerciales ...
Et qu'est-ce qui pressait tant pour que le Parquet fasse mettre Mohamed Camara, jeune Malien de 17 ans et demi du lycée Les Canuts, en garde à vue hier, et pour qu'il le fasse passer en comparution immédiate aujourd’hui jeudi à 14h au palais de justice rue Servient ??? Alors que tout le monde sait que Mohamed a une carte consulaire en plus de son acte de naissance et que son passeport malien attestant de sa minorité va lui être délivré sous peu? Alors que seuls des tests osseux sans aucun caractère de fiabilité lui donnent entre 19 et 22 ans....
Après Marc dimanche matin, Cynthia mercredi soir, et chaque semaine un nouveau jeune en comparution immédiate... Le gouvernement passe visiblement à un degré supérieur en matière de répression des jeunes migrants !
Protestez par tous les moyens possibles!
La place de Jérémie est au lycée, pas en prison!
Jérémie est scolarisé en classe de première BAC PRO au Lycée Professionnel Camille Claudel à Lyon 4 ème. Il est estimé par toute la communauté éducative pour son sérieux, sa gentillesse et son exemplarité.
Arrivé en France en mai 2014, il est placé par décision de justice sous protection de l'Aide Sociale à l'enfance en tant que mineur isolé. En Mai 2015, il formule une demande d'asile qui est rejetée.
Depuis sa majorité, le 10 septembre 2015 il se rend à tous les rendez-vous fixés par la Préfecture du Rhône et produit tous les documents qui lui sont demandés. Mi-Novembre, sa demande d'asile est rejetée. Le mardi 24 novembre, il est convoqué dans les locaux de la PAF pour, dit-on, "faire le point" sur sa situation. Là, il se voit notifier son placement en garde à vue : les empreintes recueillies en Préfecture lors de ses démarches coïncident avec le passeport d'une personne portant un autre nom. Le Parquet exige un jugement en comparution immédiate. Le report d'audience demandé par son avocat est accepté par la Juge, mais cette dernière choisit de le placer sous mandat de dépôt jusqu'au 24 décembre 2015, date de son prochain jugement.
Jérémie est en prison, privé d'une scolarité qui fonde le sens de sa présence en France. Ses camarades et ses amis sont meurtris par le sort de celui qui plus qu'un collègue est pour eux un modèle.
Soutenons Jérémie pour qu'il retrouve la liberté, sa place au lycée avec ses camarades