Avec la naissance du Christ dans notre monde la perfection devrait être arrivée. Mais, de fait, nous constatons toutes sortes de guerres
Homélie du jour de Noël, 25 décembre 2012
> 1ère lecture : Tous les lointains de la terre ont vu le salut de Dieu (Is 52, 7-10)
> Psaume : 97, 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6 - R/ La terre tout entière a vu le Sauveur que Dieu nous donne.
> 2ème lecture : Dieu nous a parlé par son Fils ; révélation définitive (He 1, 1-6)
> Evangile : Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous (Jn 1, 1-18)
La fête de Noël est fête de la joie ; joyeuse fête de famille ! Et assurément, il convient qu’il en soit ainsi. Aussi, j’aimerais bien pouvoir dire pleinement, « réjouis-toi » -« réjouissons-nous » ! Car le Sauveur est arrivé. Par ma méditation, suite à la l’évangile de Jean, un cours de théologie, je nous invite à considérer et contempler les profondes raisons qui conduisent à la joie.
Avant cela, reconnaissons que nous ne pouvons pas oublier les guerres qui sévissent à nos frontières ni la misère à notre porte. Ce que nous constatons n’est pas très joyeux et il ne serait ni honnête ni humain, de nous enfermer dans une bulle. Donc, vivons la joie de l’anniversaire de la naissance de Jésus avec un regard lucide sur ce que nous vivons au quotidien tout en gardant en mémoire le message de l’Évangile.
Du reste, dans ce quotidien que voyons-nous ? Entre autres choses…
Alors que certains groupes demandent aux pouvoirs publics de renvoyer les migrants au-delà des frontières de l’Europe, d’autres s’organisent pour recevoir dans des immeubles vides et accompagner ces personnes en déplacement. Dans la presse nous lisons : « Malmenée par l’extrême droite, la solidarité envers les réfugiés tient encore bon ». On constate ceci tant dans nos régions lyonnaises que sur les terres berlinoises. L’Italie donne un beau témoignage.
« Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. »
Les gens bougent. Comment ne pas en tenir compte ? Je pense qu’il est clair pour toutes et tous qu’un lien est perceptible entre ce qui se vit au proche Orient et ce qui se vivait au temps de l’empereur Auguste et du gouverneur de Syrie, Quirinius.
Joseph et Marie, alors que l’enfant naissait, ont entendu dire : il n’y a pas de place pour vous. Cela n’a pas empêché l’événement de se produire :
« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ».
Vérité !
Nous disons que Dieu est la Vérité. Mais Dieu, qui l’a rencontré ? Nous ne le voyons pas. Seul le Christ, le Verbe éternel devenu en Marie un homme comme nous, un être de chair de notre temps, nous le fait connaître.
Avec la naissance du Christ dans notre monde la perfection devrait être arrivée. Mais, de fait, nous constatons toutes sortes de guerres : économiques, militaires, tribales, racistes. La vie parfaite, pleine de bonheur, d’amour n’existe toujours pas. Le monde souhaité ne se réalise pas encore ; le monde nouveau n’est pas actif. Et cela explique la difficulté que nous avons à nous réjouir totalement.
« Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (Isaïe 9, 1-2 ; 5-6).
Dans notre engagement à la suite du Christ par le baptême, nous recevons la force pour ce monde nouveau. Jésus, le Christ, la parole éternelle, celui qui est de toute éternité auprès du Vrai, du Beau et du Bon, Dieu créateur, s’installe parmi nous et nous révèle tous le mystère de la Vie.
« Par lui, tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ».
Alors, pourquoi pouvons-nous, malgré le don de Dieu, être tristes ? Voilà :
« Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. »
Concentrons notre attention sur le Verbe fait chair et méditons longuement ce mystère. Dieu parmi nous, est la force qui nous donne l’audace d’affronter les problèmes du monde sans désespérer.
« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ».
Si nous ne voyons pas Dieu directement, l’acte de foi que nous entretenons en chaque instant nous certifie que le Verbe devenu homme en Marie nous montre Dieu ; nous parle Dieu.
« Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce : après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ »
Seul le Christ nous donne d’affronter avec succès la vie. Je dis cela en pensant aux familles qui ont libéré de la place dans leur maison pour que l’étranger qui habite chez nous ne dorme pas dehors. Je pense aussi à ceux et celles qui, n’ayant pas de possibilité d’accueil, ont donné de l’argent pour que soit organisé un accueil accompagné dans des maisons adéquates. Dans le monde nouveau qui arrive avec le Christ, grâce au Verbe fait chair, jamais on ne doit dire :
« Il n’y a pas de place pour vous dans la salle commune ».
Avec la force du Verbe fait chair de notre chair, nous déplaçons les montagnes et dénonçons les hypocrisies.
Le Sauveur est né. Contemplons la beauté du Verbe agissant par nous en notre monde.
O Verbe ! O Christ !
Que tu es beau !
Que tu es grand ! (Antoine Chevrier)
« O Verbe, O Christ », renouvèle nos manières de vivre la fraternité partout où nous vivons : en famille, au quartier, dans nos associations, nos équipes, nos communautés chrétiennes. (André Etcheverry)