Ils se présentent comme sauveur alors qu’ils sont aveuglés par leur pouvoir de domination. Séduction séduisant le peuple humilié
Des manifestants protestent contre le nouveau décret présidentiel à l'aéroport de New York. [Andrew Kelly - reuters]
Source de la photo, article à lire
Dans des réunions ou repas entre amis, il m’est souvent arrivé de rencontrer un climat où je fus pratiquement contraint de dire que nous ne devrions pas oublier que le terrible Hitler est venu légalement au pouvoir. C’est la voix du peuple qui l’a conduit à cette responsabilité suprême. L’attitude des gouvernements européens refusant la présence d’étrangers sur son territoire, les réflexions de nombreux Européens contre les migrants, surtout ceux que l’on qualifie « d’économiques » invitent à se souvenir de ce qui se disait avant la Seconde Guerre mondiale.
En fait, ce n’est pas en Europe que la comparaison avec Hitler se fait réalité, mais aux États-Unis d’Amérique. En Europe, il y aurait plutôt, chez certains, une belle et digne prise de conscience que l’étranger ne peut être ignoré aux pieds de nos appartements. Des mouvements de solidarité s’organisent pour trouver un toit, des vêtements, une école au bénéfice de celles et ceux qui se sont vus contraints d’abandonner leur patrie. Et l’on découvre généreusement, lucidement qu’il ne suffit pas d’aider par des dons, mais de vivre avec, d’accompagner pendant de longs mois, les exilés.
C’est des USA que le pire arrive.
Aussi, je suis stupéfait que le pape François n’ait pas attendu pour dire sa pensée. Je m’en réjouis.
Selon le site web du Bipartisan report (que je découvre) et ce qu’en dit parstoday.com, le pape a invité les Européens à « ne pas reproduire les erreurs des années 1930 ». (Il me faudrait retrouver les sources sur le site du Vatican)
Or, aujourd’hui, c’est aux USA que ces erreurs se produisent.
François dit, selon ce média : « Les crises provoquent des craintes, des alertes. Pour moi, l’exemple le plus typique du populisme européen, c’est l’Allemagne en 1933. Voilà un peuple submergé dans une crise qui a cherché son identité jusqu’à ce qu’Hitler se présente et promette de lui rendre son identité, mais il lui a rendu une identité pervertie et nous savons tous ce qui s’est passé. »
Et encore : « Hitler n’a pas volé le pouvoir, son peuple a voté pour lui, puis il a détruit son peuple. C’est cela le danger. Il y a un manque de discernement en période de crise. Nous cherchons un sauveur qui nous restitue une identité et nous nous défendons des autres peuples qui pourraient nous priver de cette identité avec des murs, des fils barbelés, avec n’importe quoi ». Plus explicite encore : « Chaque pays a le droit de contrôler ses frontières, mais aucun n’a le droit de priver ses propres citoyens de dialoguer avec ses voisins... »
François a donc qualifié d’ « hypocrite » le nouveau président américain, Donald Trump après ses décrets anti-migrants contre sept pays musulmans. « Trump est un raciste hypocrite ».
La situation est grave pour que l’on se permette de tels verdicts dans le but de démasquer ceux qui se prétendent être les uniques « sauveurs ». « Le nazisme est aussi né du populisme ».
Je voyais venir cette tendance politique d’Autriche, de Hongrie, d’une certaine Allemagne ou d’une France d’extrême-droite ; elle arrive d’Amérique.
Même les évêques étatsuniens expriment leurs désaccords.
« Mgr Joe Vasquez, évêque d’Austin (Texas) et président de la Commission pour les migrants du pays, a condamné, mercredi 25 et jeudi 26 janvier, les décrets présidentiels prévoyant la construction d’un mur à la frontière mexicaine et la réduction des fonds fédéraux accordés aux villes accueillant des clandestins », signale le quotidien La Croix.
Viser les « villes sanctuaires » américaines qui de longues dates accueillent des migrants et, de surcroît, dans un pays qui s’est construit au cours des siècles grâce aux migrations n’est que fondamentalement hypocrite.
Je voyais le modèle hitlérien se profiler en Europe, il s’installe (non sans peine, heureusement, aux USA. Que va en dire le Front national ?
Lire aussi ce qu’en dit Libération.
Petites mains ou cadres en politique ou en religion, nous ne pouvons pas ignorer toutes les souffrances, les humiliations que le mondial système capitaliste impose aux pauvres et marginalisés de l’économisme. Nous sommes invités à convertir nos regards, nos rapports avec les marginalisés du système économique libéral. Comment le petit peuple, les pauvres sont-ils regardés ?
A suivre... notamment avec les réflexions concernant un revenu sans condition, un revenu pour tous. Baptiste Mylondo.