Quand des décideurs traitent des hommes comme des animaux en les laissant dormir dehors, on ne peut qu’entrer en désobéissance

Publié le par Michel Durand

Hannah Arendt

Hannah Arendt

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De l’inévitable désobéissance civile

À la lecture des articles des journalistes, j’imagine que le responsable du secours catholique de Calais se trouve dans une position de candidat à la désobéissance civile : « Lundi 30 janvier, le gouvernement avait confirmé aux associations que si des structures d’accueil devaient bien être ouvertes dans le département, rien ne serait prévu aux abords de Calais. Une décision qui scandalise les associations. « Pour ceux qui sont là, s’indigne François Guennoc, la situation est pire qu’avant, car il n’y a aucune structure, pas d’endroits où dormir, pas de toilettes, pas de douches. On les laisse vraiment vivre comme des animaux ! »
« J’en ai rencontré un qui n’avait pas pu se laver depuis six semaines », ajoute Vincent de Coninck, responsable du Secours catholique local, qui a dû jeter tous ses matelas et couvertures suite à un cas de gale décelé en début de semaine. « C’est indigne ce qu’on laisse faire, ajoute-t-il. Devant la carence manifeste des autorités, nous allons, nous, associations, devoir prendre nos responsabilités pour assurer le minimum. » La Croix, 2.02.17.

À l’issue de la dernière assemblée générale de la CUM, Coordination Urgence Migrants, j’ai conversé avec des habitants d’une banlieue de l’Ouest lyonnais. Si l’Est est plutôt marqué par un habitat pauvre, l’Ouest est doté de belles demeures.

Au cours de cette rencontre, il fut inévitablement évoqué le manque de logements sociaux et la difficulté de trouver un toit pour des migrants, même pour ceux qui bénéficiant du statut de réfugiés devraient être hébergés dans un CADA, centre d’accueil des demandeurs d’asile.

Or, ces gens de l’Ouest lyonnais, militant en faveur d’un accueil digne de migrants devant dans l’urgence loger une famille se voient refuser par le curé de la paroisse catholique l’accès à une « cure » vide. Il n’y a plus de curé pour l’occuper. Ce logement vide n’est pas la propriété de la mairie, suite à la séparation de l’Église et de l’État en 1905, mais du diocèse de Lyon.

Pourquoi n’est-il pas possible d’accueillir pour un temps limité des migrants ? Le curé s’en remet aux autorités supérieures en disant que le p. X est intraitable. « Il ne veut absolument pas voir des gens occuper cet appartement », disent ces habitants de l’Ouest lyonnais.

Qu’est-ce que j’en pense ? Que les personnes qui dorment dans la rue squattent la cure vide sans tarder.

Cette remarque m’a fait repenser au devoir propre à la conscience personnelle d’entrer en désobéissance civile (ou dans ce cas ecclésiale) comme j’ai eu l’occasion de m’en expliquer au moment de la mise en place des cercles de silence et de l’hébergement de « sans-papiers » dans la maison paroissiale Saint-Polycarpe ».

Renforcé à posteriori par la réflexion de Hannah Arendt

Il se trouve que la programmation d’Arte ayant réactualisé la position d’Hannah Arendt, je me suis souvenu que j’avais l’intention de lire ses ouvrages afin de mieux comprendre les actuels enjeux politiques. Dans certaines situations de mauvaises gouvernances, il importe de faire l’éloge de la désobéissance civile. Cet engagement citoyen est un moyen pour que soit envisagé le problème de la transformation du droit. J’ai trouvé sur ce thème l’étude d’André Enegrén et je vous invite à prendre le temps de le lire.

Cet éloge de la désobéissance civile… se situe dans le droit fil de la défense énergique des droits des minorités dissidentes…

Prenez également le temps d'entendre cet échange entre un prof et ses étudiants. 

Egalement à lire : Le flou du statut des Migrants mineurs non accompagnés en France permet tous les abus. Merci à Jean-Paul de la CUM qui communique cette information. 

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