Je ne pouvais pas travailler avec ce prêtre! Impossible de s'entendre sur le rôle des laïcs dans l’Église. Alors j’ai démissionné de l’équipe

Publié le par Michel Durand

Mai 2019 - Numéro à demander par courriel : accueil-comptabilite@leprado.org

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Laïc(que) selon l’Église, Laïc(que) selon l’État. On ne parle pas de la même chose. Comme je suis en train de réfléchir à ce que veut dire être laïc aujourd’hui, me laissant influencer par une ancienne enseignante en retraite depuis très longtemps, j’ai envie de placer en ce lieu, un article rédigé pour la revue pradosienne Quelqu’un parmi nous, dont le thème est la place des laïcs dans l’Église. L’enseignante en retraite connaissant Christiane Peyret-Montagné, l’auteur de l’article, me dit : « elle n’y va pas de main morte ». Cela doit être pour cela que je concrétise mon désir de le donner à lire.

 

La difficile place des laïcs

C'est un sujet qui me tient à cœur, car je suis catholique ET enseignante dans l'École Publique. Nous avons essayé de vivre la Laïcité et la Foi aidées par les Équipes enseignantes de 1956 à 1991, car il faut se serrer les coudes pour tenir avec bonheur dans les deux institutions auxquelles nous sommes attachés viscéralement. Bien sûr ce fut difficile dans l'école en mai 68… Mais plus encore dans l'Église à différents moments, dont celui-ci :

C'était dans les années 90, en milieu rural. J'étais à la retraite et j'ai pu prendre des responsabilités dans l'Église : catéchisme, équipe liturgique, MCR (Mouvement chrétien des retraités), VEA (Vivre l’Évangile aujourd’hui) etc. Les laïcs de notre paroisse avaient été formés par nos deux prêtres, plus un prêtre âgé qui les aidait. Ils avaient la responsabilité de neuf clochers et savaient que le nombre de prêtres étant en chute libre, les laïcs dev(r)aient prendre des décisions qui incombaient jusqu'alors aux prêtres.

C'est alors qu'un prêtre fut nommé à la place des trois autres. Notre équipe liturgique devait préparer la liturgie du 1er dimanche de l'avent. Le Père T.  me téléphone et me dit : « Je ne peux pas être à la préparation. Donc vous choisirez “Venez divin messie”, mais pas tel autre chant, car ce n'est pas un chant sacré, vous avez la prière pénitentielle p.7, je vous laisse une prière universelle… » Je lui ai répondu : « si vous nous dites tout ce qu'il faut faire, ce n'est pas la peine que nous nous réunissions. »

Et je lui ai écrit une lettre pour lui dire comment je concevais la place des laïcs dans l'Église. Je n'ai pas gardé une photocopie et c'est dommage, car l’envoi que je vous fais serait tout trouvé !

Le lendemain, j'étais à des funérailles dans l'église. Il s'approche de moi et me dit : « venez me voir au presbytère après la cérémonie ». Ce que j'ai fait.

Et ce fut ma fête. J'ai passé un mauvais 1/4 d'heure comme jamais je n'en avais passé. Tellement difficile que je lui ai dit : « si j'ai besoin d'un exorciste, pouvez-vous me donner une adresse. »

J'ai pensé que je ne pouvais pas travailler avec ce prêtre puisqu’on ne pouvait pas s'entendre sur le rôle des laïcs dans l'Église. J'ai démissionné de mon équipe liturgique. Heureusement personne ne m'a suivie et l'équipe a continué son chemin. J'avais la tentation de sortir de l'Église comme mon mari qui m'avait dit : « je ne comprends plus ce qui se dit dans les églises. » Heureusement j'ai été récupérée dans la paroisse adjacente par un prêtre d’ACE (Action catholique des enfants) qui organisait des partages d'évangile un dimanche par mois. Trente ans après, je me dis que j'ai dû déstabiliser ce jeune prêtre qui avait besoin de sécurité et qui trouvait que nous étions sur un chemin qui déviait de la « VÉRITÉ ».

Je crois que le rôle des laïcs dans l'Église, c'est d'être témoins de tous ceux que l'on côtoie et de parler à leur place pour que l’Église se dépoussière et ne garde plus que l’essentiel c'est-à-dire l'Évangile. Chacun pourrait dire comment il le comprend et ce qu'il peut changer dans sa vie. Je suis entourée de trois enfants, de sept petits-enfants (de 18 à 32 ans) qui ne sont pas à l'aise dans l'Église ; il m'est même impossible de parler de Foi avec mes anciens amis des Équipes enseignantes… C'est vraiment triste. Dans l'Église, lorsque je parle, on me traite de sectaire, car je souffre trop de cette impossibilité. Mes petits-enfants ne savent pas que Dieu les aime et pourtant cela les aiderait à supporter les épreuves qui peuvent se présenter et cela leur donnerait confiance en eux puisque le Seigneur croit en eux… J'ai aussi trois arrière-petits-enfants. On m'a invitée au « baptême » des deux premiers en me disant : « on ne passe ni à l'Église, ni à la mairie... » et au restaurant, à l'apéro, les parents ont fait une petite cérémonie pour nous présenter les parrain et marraine et leur demander s'ils voulaient bien accepter cette responsabilité.

J'en reviens à la place des laïcs dans l'Église. Dernièrement, je suis allée à l'hôpital et je me suis présentée à la chapelle, car dans ma chambre, une affiche annonçait une prière à 17h. Un pasteur m'a demandé si j'avais l'habitude de communier et devant mon affirmation, a demandé à l'aumônier d'ouvrir la réserve eucharistique. J'étais la seule malade et je n'ai pas bien vécu le fait que j'ai été seule à communier, j'aurais préféré vivre la communion avec les autres dames qui étaient peut-être des « visiteuses de malades » ?

Quelques jours après, avec des paroissiennes, nous sommes allées voir une amie qui est rentrée dans une résidence de personnes âgées. J'ai donc demandé au curé si je pouvais avoir des hosties pour que nous puissions communier avec Bernadette.

Il m'a répondu : « avez-vous un prêtre avec vous ? - Non ; alors, il n'y a que la malade qui peut communier. »

J'ai suivi une formation (organisée par le diocèse ) de « visiteur de malades » avec le sujet suivant :  « Vivre et porter la communion aux malades ». Je trouve que c'est important de vivre la communion avec la personne à qui l'on porte la communion. Nous sommes allés faire une réunion VEA chez Bernadette, car elle était adhérente depuis très longtemps. Notre aumônier est un diacre et c'est lui qui a apporté les huit hosties. Notre réunion a été magnifiquement enrichie, car nous nous sentions en même temps en communion avec le Christ et les uns avec les autres. C'est vrai qu'avec le manque de prêtres dans le milieu rural, nous sommes souvent en manque de Communion et pourtant à longueur d'Évangile, on lit « Si vous ne mangez pas le corps du Christ... » L’eucharistie est le pain de notre route et quand on ne conduit plus, il est difficile de trouver quelqu'un qui peut nous emmener à la messe le dimanche.

Alors, c'est quoi, la place des laïcs dans l'Église ?

 

Christiane Peyret-Montagné

 

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