ceux qui envisagent leur fin dans la paix ; ceux qui n'ont jamais eu la chance d'avoir une vie heureuse ou une mort qui en vaille la peine
Cette semaine, j’eus l’occasion de prier avec les familles et amis de deux défunts. Mort naturelle de personnes marquées par l’âge. L’une était une amie très souvent rencontrée dans le cadre de Confluences/Résurgences ; je viens d’en parler. L’autre, une inconnue de la paroisse Saint-Maurice. Une dame de 91 ans, originaire d’Italie, dont les enfants transpiraient l’absence de connaissance de la vie à la suite du Christ. Pourtant, nous vécûmes une belle et profonde prière silencieuse. Plutôt silencieuse suite aux textes lus et prières liturgiques prononcées. Les rites de la lumière et de la croix parlèrent dans le silence. Il y avait des non-croyants qui manifestèrent leur attachement en touchant le cercueil, refusant l’usage de l’eau évoquant le baptême non reçu ou non reconnu. J’ai aussi assisté à un beau moment de communion interreligieuse. Trois femmes musulmanes sont venues prier devant le cercueil en ne cachant pas les gestes de leur coutume religieuse pour la prière.Belle prière pour le défunt.
Depuis quelque temps, j’ouvre les pages rédigées par Jean-Marie Delthil dans le but d’y trouver un complément à ma méditation. Voici donc deux textes.
Le Grand Passage !...
Il y a deux jours, je suis allé rendre visite à une Amie... une Amie de trente ans...
Jusqu'à il y a deux mois : elle était en pleine forme, vigoureuse comme à son habitude - et toute remplie de vie !
Hôpital de Gien, Loiret.
La pauvre femme est à présent atteinte d'une maladie dont on ne revient pas... dont on ne ressort pas vivante - en fait : elle est condamnée, à plus ou moins brève échéance : quelques semaines, encore ?... deux ou bien trois mois ?... C'est un bien Grand Mystère, de voir ainsi une personne aux portes de la Mort, et qui sait pertinemment qu'il lui faudra tout quitter, les siens, et cette Terre encore.
Quel courage il faut avoir, pour rester droite, et digne - et elle l'a - et elle l'est !
Devant un tel Mystère, devant ce Grand Mystère... ce Grand Passage annoncé : je m'incline...
Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 17 mai 2019
Tuer un homme.
(Tu es un homme).
Dans la nuit du 18 au 19 avril dernier, sur la Commune de Bonny-sur-Loire (45420), où j'habite, une bagarre a eu lieu entre deux hommes… il y a eu tout d'abord des mots, puis des coups – très violents – de la part de l'agresseur jusqu'à frapper 'à coups de poings et de pieds' la victime au visage (article de presse du 26 avril 2018 de La République du Centre – Pascale Auditeau)… la victime décédera des suites de ses blessures cinq jours plus tard à l'Hôpital d'Orléans (CHRO de La Source).
La scène a eu lieu au domicile de la compagne de la personne décédée.
Le journaliste Rémi Bichon, du Journal de Gien, relate quant à lui dans son article de presse du jeudi 3 mai 2018 le fait que cette violence s'est déroulée 'sur fond d'alcoolémie', et que l'agresseur, 'un jeune homme de Bonny, âgé de 22 ans', a été maintenu en liberté après les faits… il ajoute que le procureur de Montargis a toutefois fait appel de cette décision suite à la requalification en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Fait sordide, s'il en est.
Fait dramatique… et d'autant plus dramatique qu'ayant échangé, par la suite, avec différentes personnes de ma Commune sur ce fait, je n'ai entendu qu'une seule personne qui ait pu faire preuve d'une réelle compassion vis-à-vis de la victime, ainsi que de sa compagne.
Le reste n'avait que de vagues jugements à la bouche, et qu'on entend d'ailleurs si souvent : « De toute façon, il buvait, ça devait finir comme ça !… »etc.
Une seule personne… sur une dizaine de personnes rencontrées et interrogées sur ce fait.
Notre société, c'est à dire nous : vous, moi, et tant et tant d'autres personnes encore, serait-elle donc devenue dure, aveugle, et finalement déshumanisée à ce point pour qu'une affaire de 'beuverie' qui tourne au massacre d'un homme n'émeuve pas plus que cela ?!
Alors qu'en est-il tout simplement de la personne humaine, et de sa valeur irréductible, quelle qu'elle soit, où qu'elle (en) soit dans sa vie et dans son existence ?… Au sein de notre société, dans nos villes, mais aussi dans nos campagnes ?
Et plus concrètement : que met-on en place – et avec quels moyens humains et financiers – dans nos petites communes directement touchées par la misère sociale, à Bonny-sur-Loire en l’occurrence, pour que de tels drames ne se reproduisent pas ?… Pour accompagner et aider réellement et efficacement les personnes malades de l'alcool (ou de la drogue), qui sont si souvent seules, parfois pauvres, en situation de désocialisation, sans projets et parfois sans aucune perspective d'avenir ?…
Que fait-on vraiment pour redonner pleinement dignité à la personne humaine – à toute personne humaine ?
C'est une question que je me pose très sérieusement... et que vous pose, que je vous pose personnellement, également.
Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 24 mai 2018