Le monde va mal. Les croyants se tournent vers la mère de Dieu ; ses messages rappellent que Dieu est l’issue finale de tous les problèmes

Publié le par Michel Durand

Le Titien, Assomption

Le Titien, Assomption

 

Durant le mois d’août, j’ai été invité à présider l’eucharistie du 15 août.

 

Voici l’homélie que j’ai prononcée :

Ascension, Assomption, Résurrection ; nous voilà invités à lever les yeux vers le ciel. Et cela interroge notre foi en Dieu. Que savons-nous du ciel, du paradis, de l’éternelle gloire divine ? Il me semble que nous ne pouvons pas répondre à cette question sans témoigner de notre attachement à la personne de Dieu –Père, Fils, Esprit. Seuls la confiance, l’acte de foi, l’expression de notre attachement au Christ – nous l’aimons – seule cette disponibilité à l’inimaginable ouvrira la porte à de justes réponses.

Ascension, Assomption, Résurrection concernent notre fin de vie comme nous le proclamons chaque dimanche : Je crois en Jésus-Christ ; mort, il est ressuscité, assis à la droite de Dieu. Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Et, alors que les sciences et les techniques multiplient leurs recherches pour que la vie en pleine forme dure le plus longtemps (voire même avec l’idée de supprimer la mort – l’homme augmenté) nous avons, disciple du Christ, à joyeusement témoigner que la vie terrestre ne peut ignorer ses propres limites. La mort est la porte de la montée auprès de Dieu.

L’Orient chrétien préfère évoquer l’endormissement de Marie – La Dormition. L’Occident explique que morte, Marie est prise par Dieu avec son corps. L’Assomption. Méditant sur ce mystère, j’ai souhaité enquêter sur les apparitions de Marie. Elles sont nombreuses. Beaucoup plus que je ne le supposais ; et dans tous les pays. Évoquons, par exemple l’apparition de Marie en son corps à Cubas, petite ville proche de Madrid, au 15e siècle. Et au XXe : en 1950 aux États-Unis d’Amérique (Washington) ; en Égypte, au Caire en 1968 ; au Burkina Fasso en 1986. En France : 21 lieux d’apparitions. Dans le monde : 58. Marie est vue en son corps ressuscité. Désormais, je me dis et je vous le partage en toute simplicité que, même si je ne suis pas vraiment à l’aise avec cette expression religieuse, je ne peux l’ignorer. Comment s’intègre-t-elle dans l’appel de tous à la sainteté ?

François de Rome, avec son appel à la sainteté dans le monde actuel (Gaudete et exsultate), souhaite surtout rappeler ceci : l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous, cet appel s’adresse à toi aussi : « Vous êtes devenus saints, car je suis saint » (Lv 11, 44 ; cf. 1 P 1, 16). Chacun doit se dire : je suis personnellement concerné. Je suis d’autant plus personnellement concerné que je souhaite voir un jour reconnu par l’Église, la sainteté d’Antoine Chevrier.

Dans les apparitions de Marie à travers le monde, il est généralement souligné que le monde va mal. Le péché abonde. Les chrétiens implorent l’aide de la Vierge. La Mère de Dieu demande la conversion.

En ce qui concerne la France, parlons de Louis XIII en 1667. Il est sans héritier après vingt ans de mariage. Il demande que soit organisée dans chaque paroisse, le 15 août, une procession afin d’avoir un fils. Ayant alors la certitude d’une filiation, il décide de consacrer la France à la Vierge Marie, reconnue protectrice et patronne du Royaume. La fête de l’Assomption, le 15 août 1638, devient fête nationale du royaume. Né le 15 août 1769, Napoléon fait de ce jour la fête de la Saint Napoléon. Elle redevient la fête de l’Assomption avec la Restauration (1815).

Ceci dit, prenons le temps de la méditation. Le monde va mal. Rien ne se passe comme on le souhaiterait. Les croyants se tournent vers Marie, mère de Dieu. Et les messages multipliés de Notre-Dame rappellent que Dieu est l’issue finale de tous les problèmes. Comme Marie a dit Oui à Dieu, nous sommes invités à dire Oui pour que le Monde se construise comme Dieu le souhaite. Un Monde fraternel dont il est le Père. Le regard tourné vers le Ressuscité, l’appel à la sainteté est l’appel à mettre en œuvre dans notre pays tout ce qui peut conduire à Dieu. Servir le monde où je vis en y développant le goût de Dieu sous le regard de Marie prise par le Père en lien avec le Ressuscité.

Comme avec la parabole du bon Samaritain, œuvrer à ce que la personne rencontrée puisse se tenir debout, c’est opérer une première résurrection.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
Merci de votre réponse... Vous voulez dire que vous vous inscrivez dans une tradition ( il n'y a pas de mal en ça... ; mais, tradition signifie aussi : c'est ainsi que faisait ma grand-mère, quand les superstitions imprégnaient la religion : le culte pour se mettre les esprits de mon côté ...etc). Marie, et tout le féminin - dont les clercs se méfient ( c'est mieux quand le féminin, est discret, vierge...etc) – donc Marie est ce féminin domestiqué et dont les religions ont besoin, que l'on appelle à la rescousse de nos petits et grands maux … Bref, tout ce méli-mélo a du mal à me convertir ...
Répondre
M
Pour moi, se convertir revient à s'ouvrir à la grâce de Dieu. Je parlerai plutôt de convaincre. Connaissance, Foi, Raison... Mystère humain... Blaise Pascal à notre secours !
R
Bonjour, <br /> C'est confus ... Je ne m'y retrouve pas ! La monde va mal ...Se tourner vers Dieu-Trinité, bien-sûr.... Je ne comprends pas ce que vient faire Marie ...
Répondre
M
Ma réflexion plonge ses racines dans les premiers temps de la théologie avec les Pères de l'Église. Il est certain que les courants issus de Luther et de Calvin peuvent avoir des difficultés avec ce regard sur Marie. Les courants gnostiques également. Voir en Marie, dans sa résurrection (Assomption), un modèle de ce que seront tous les disciples du Christ, ne relève pas de la connaissance mais de la confiance. Que peut-on expliquer sur les corps mystiques vivant éternellement de la gloire divine ? À mon avis, rien. Dans l'expression populaire de l'attachement à Dieu, au Christ, il est usuel, dans toutes les cultures, de se tourner vers Marie pour obtenir le courage d'agir (donc de vivre) dans un monde qui va mal. Démarche de foi et non résultante d'un connaissance.