Si l'Église n'accueille pas, elle n'est pas l’Église. Pour l’accueil, il faut du temps, des chrétiens de foi, au regard ouvert sur le monde
Olivier et Karine vous accueillent avec plaisir sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, pour une halte entre les hauts plateaux de la Margeride et de l'Aubrac
Pour la revue du Prado, Quelqu’un parmi nous, je viens de recevoir cet article que je vous partage avec bonheur. Il a vraiment sa place en ce lieu alors que l’été se dirige vers sa fin. IL a été écrit par Lucien Robert, prêtre du Prado.
Chemin de Saint-Jacques de Compostelle : Chemin de Vie :
À l'heure où de nombreux signaux d'alerte s'allument pour nous avertir que la planète est de plus en plus inhabitable pour de nombreuses espèces humaines et animales, chacun est invité à s’interroger sur son mode de vie et de consommation, si l’on veut léguer aux générations futures un monde fraternel.
Mais, de partout, des voix s'élèvent pour une autre recherche du sens de la vie avec un besoin de spiritualité que l'homme ressent au creux de lui-même. Dans cette recherche, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle est une des réponses parmi d'autres pour remettre un peu l'homme debout et une société humaine et chrétienne. Ce chemin, bien qu'existant depuis plus de 10 siècles, est de plus en plus parcouru par de nombreux jeunes, adultes, familles de tout pays, et de toute croyance. Hommes et femmes, perdus dans un monde bouleversé et en recherche fortement de ce Dieu dont certains ont simplement entendu parler. Sur ce chemin le marcheur retrouve une certaine fraternité dont il rêve le reste de la vie. Il s'aperçoit qu'il peut vivre plus sobrement comme nous le rappellent Pierre RABI et le pape François dans « Laudato si’ ». Et même si la marche en elle-même est un bienfait, il découvre au fil des jours d'autres valeurs importantes de la vie et qui jusqu'ici lui étaient inconnues ou secondaires et finalement il se découvre lui-même avec d'autres appels et d'autres attentes dont il ne se souciait pas auparavant et peu à peu, il découvre un visage nouveau de la vie et de celui qui est source de toute vie : ce Dieu Père et miséricordieux.
Vraiment, cette « Voie lactée » est un chemin mystique où celui qui l’emprunte, même s'il part en marcheur, il termine en, pèlerin.
Chemin de conversion
Aussi, pour ne pas passer à côté de la grâce, une équipe de laïcs s'est organisée pour cet accueil : « N'oubliez pas l'hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges » Lettre aux Hébreux XIII,2. D’autres laïcs ouvrent aussi des gîtes de plus en plus nombreux chaque année. Ce qui faisait dire à Mgr Brinquart, évêque du Puy : « Les laïcs nous ont volé le chemin ».
Ce chemin qui traverse le diocèse sur environ 70 km : Saint-Alban-Aumont-Aubrac-Nasbinals. Mais Aumont est le mieux situé pour cet accueil : une salle paroissiale Saint-Étienne toute proche, l'église et au milieu, une place. Aumont 11.000 habitant, de mars à septembre : 50 à 100 personnes passent chaque jour. Quelqu’une de septembre à mars. Environ 30.000 par an. Quelle richesse de vie et de vie chrétienne. Quel visage de l'Église universelle dans ce monde rural ou les paroisses ont tendance à tourner sur elles-mêmes. En plus du chemin de Saint-Jacques, il y a le Chemin de Saint-Guilhem-le-Désert. Et, si l'Église n'accueille pas, elle n'est pas l'Église ; l'accueil n'est pas simplement une permanence. Il faut du temps. Des chrétiens dans la foi, au regard ouvert sur le monde, avec le sens de l'accueil. Une fois son tour de ville, avant le dîner, le marcheur pèlerin a du temps, il est heureux de trouver un local, avec d'autres comme lui, où il peut échanger la joie de ses découvertes, soigner ses ampoules et surtout partager sa foi. Beaucoup participaient à l'Eucharistie à 18h, qui est signalée par affiche, un kilomètre avant l’arrivée pour couronner la journée et parfois le parcours. Et continuent heureux d'un tel partage fraternel.
Que d'exemples de conversions, de changement de vie. Certains, au départ n'ont pas de motifs particuliers, beaucoup cependant ont une intention précise pour eux (un changement de vie, de travail) ou pour d’autres, tel ce jeune de Belgique qui marchait pour son associé, 26 ans : « Je marche pour qu'il ne souffre pas ».grand malade ; ou pour ce jeune priant pour celle que le Seigneur lui donnerait pour épouse. C'est une grâce de Dieu pour une paroisse devant ce peuple qui marche et qui interroge ceux qui les voient passer. Car « le bonheur n'est pas au bout du chemin, il est le chemin ». Et si «le pèlerin fait le chemin, le chemin fait le pèlerin ».
Lucien Robert , prêtre du Prado