Les visages croisés dans l’entreprise montraient des personnes soumises, craintives, peureuses et poussiéreuses -une assez mauvaise ambiance

Publié le par Michel Durand

Les visages croisés dans l’entreprise montraient des personnes soumises, craintives, peureuses et poussiéreuses -une assez mauvaise ambiance

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Ce matin à l’issue de l’eucharistie sur la place de l’église, j’ai salué deux amis qui parlaient de Jean Vanier. J’en avais vaguement entendu dire aux informations qu’une nouvelle « affaire » sortait, mais je n’y avais pas porté attention. Ces deux chrétiens étaient affligés. Et, il y a de quoi. Comment rendre crédible l’Église ? « Après “l’affaire” Thomas Philippe, ai-je dit, qui a quand même duré longtemps, ce ne serait pas étonnant que d’autres membres ou proches de l’Arche soient informés tout en couvrant les agissements d’un père spirituel ».

Arrivé chez moi, je me suis informé sur ma tablette. Ce que j’ai lu et entendu dépasse de loin ce que j’avais pu imaginer. L’impensable se produit. L’Église est de nouveau invitée à maintenir un profil bas. Où trouver sa crédibilité ? L’époque des Borgia demeure.

 

Au séminaire, collège français à Rome, il n’était pas permis de recevoir dans sa chambre un séminariste en fermant sa porte. Je n’ai pas le souvenir que l’on m’ait expliqué pourquoi. Comme parler fait du bruit et que cela risque de déranger les voisins, je me souviens d’avoir maintenu fermée la porte alors que mon visiteur la voulait ouverte. Maintenant je comprends ; c’est quand même un peu tard.

Les écrits d’Antoine Chevrier, très XIXe siècle, me faisaient également sourire. Maintenant je saisis l’importance de sa prudence trouvant qu’il avait un grand sens de la psychologie humaine. Il importe que soit ouverte la porte. « Nous ne recevrons point de femmes seules dans notre chambre, nous recevrons les femmes dans un parloir public. Il faut que les portes du parloir soient vitrées. On peut recevoir dans sa chambre les femmes, quand elles sont accompagnées de leur mari ou de leurs enfants, mais jamais seules, et que cela peut être nécessaire dans certains cas particuliers. » Plusieurs pages de son « Véritable disciple » développent cette juste prudence. « Nous devons nous interdire des visites inutiles et fréquentes aux femmes et personnes dévotes, que l’on fait souvent pour passer son temps, par agrément ou par légère affection. Ces visites ne font qu’entretenir une affection souvent trop naturelle, on ne s’occupe ordinairement que de choses inutiles et frivoles ; les femmes interrogent, questionnent, veulent savoir ce qui se passe dans les cures, les maisons, les œuvres ; on se laisse aller à des médisances, à des indiscrétions, des imprudences qui, plus tard, ont des suites fâcheuses ».

Il demeure pourtant fâcheux qu’Antoine Chevrier insiste tant sur les femmes. Au jour d’aujourd’hui, il me semble qu’il parlerait également des hommes. Pour recevoir un homme dans sa chambre, s’il est seul, il convient de laisser sa porte ouverte. Ayons un peu ou beaucoup d’humour !

Pourtant, ce que l’on découvre par les enquêtes et les médias sont vraiment et dramatiquement sérieux. J’ai beaucoup apprécié l’engagement de Stéphan Posner dans la vérité. Voir la vidéo de KTO.

 

 

 

 

 

J'ai lu ce lundi matin, 24 février, la page de Patrice de Plunkett : En marge de l'affaire Jean Vanier. Elle est à lire.

Voir aussi le blog(ue) de René Poujol. 

Pour aller plus loin dans la réflexion je vous invite à lire cette page de La Croix - Croire : Qu’est-ce qu’un abus spirituel ?

 

 

Enfin (voir le titre de la page), pour alimenter et élargir le champ de réflexion, je pense à un texte de Jean-Marie Delthil. S’enfermer dans le silence et mettre le prix très haut au lieu de rendre service à un éventuel client est une forme d’abus de pouvoir.

 

 

 

Le silencieux.

 

Démontant le silencieux d'échappement d'une de mes motos tout récemment acquises, je remarquais, il y a quelques jours, la présence d'une petite fêlure de trois centimètres de longueur... l'aluminium étant fragile et sensible aux vibrations - il m'était donc nécessaire de réparer l'objet.

N'étant équipé que pour souder de l'acier, je me mis en recherche d'une entreprise de la proche région qui pourrait effectuer la chose... j'en trouvais une, j'y vais ; c'était hier...

Je rentre directement dans les bureaux qui font aussi office d'accueil pour les clients :

- Bonjour... vous savez, je vous ai appelé hier pour savoir s'il vous était possible de souder de l'alu...

- Oui, bonjour, Monsieur... je vous laisse aller voir notre Chef d'atelier...

- Merci...

Je passe quelques pièces et me trouve face à un homme âgé, corpulent, assis à son bureau, vaguement avachi sur son siège.

- Bonjour Monsieur...

Il ne me répond pas.

Je sens bien que je le dérange.

- Voilà, je voudrais savoir si vous soudez de l'alu ?...

- Montrez ?!

Je lui montre mon silencieux qui est bien en alu - inutile d'avoir fait une quinzaine d'années de chaudronnerie ou de métallurgie pour savoir le discerner.

- Oui : c'est bien de l’alu - il faut faire quoi ?...

Je lui reprécise la chose : qu'il faudrait souder une petite fêlure de trois centimètres de longueur...

- Vous voyez : c'est ici.

L'homme, très sérieux, m'indique que ça ne devrait pas montrer trop de difficultés.

Je lui demande alors et tout naturellement le prix que cela coûterait ?... C'était bien ici l'objet de mon déplacement...

- Oh, pas cher,

- C'est çà dire ?

- Cinquante euros...

Je bondis - d'autant plus que la secrétaire m'avait informé, la veille, au téléphone, que l'heure de soudage était ici facturée 60 euros et des poussières...

Trois minutes de soudage tout au plus, pour 50 euros ?!... Nous en sommes donc à 100 euros pour 6 minutes - 1000 euros de l’heure... incroyable...

Comment se fait-il donc qu'en notre beau pays, la quasi-majorité des gens qui veulent gagner de l’agent – je veux dire, beaucoup d'argent - ne se fassent pas soudeurs ou métallos ?... (naïve question)

Aussitôt, sans bien même rentrer dans des considérations plus profondes, je salue notre homme en lui signifiant très clairement que tout cela était beaucoup trop cher ! (cet homme qui ne me dit d'ailleurs pas davantage 'Au revoir' qu'il ne m'avait dit 'Bonjour'), et je tourne les talons sans aucun regret.

Je me souviens que les visages que j'avais croisés, au sein de cette entreprise, m'avaient paru, comment dire... je trouvais ces personnes soumises, plus ou moins craintives, peureuses, terreuses et poussiéreuses... ou bien je ne sais trop quoi encore - bref : il régnait ici une assez mauvaise ambiance.

Je quittais les lieux, 'secouant la poussière de mes pieds'… pour reprendre la Bible – et pour reprendre surtout l'attitude et ces bonnes paroles que le Christ nous a transmises en guise d'aide et de viatique : je repense ici aux scribes, aux pharisiens, aux grands prêtres - à ceux qui 'savent'… (et que le Christ n'a finalement pas cessé de combattre au cours de sa vie terrestre), toutes ces personnes qui abusent véritablement de ce 'savoir', ainsi que de leur pouvoir, de leurs soi-disant positions supérieures et puissantes ; hé bien le Seigneur n'a pas été tout ce qu'il y a de plus tendres avec eux - et grand bien Lui à pris, d'ailleurs - les renvoyant radicalement et sans aucunes ambages à eux-mêmes, à leur sottise, à leur enfermement, à leur enflure ainsi qu'à leur cupidité.

Je vous laisse tirer les leçons de tout cela - en sachant que nous en viendrons toutes et tous à comparaître (et déjà un peu maintenant, d'ailleurs)… oui, à nous présenter devant Notre Seigneur, le moment venu ; à la fin de notre parcours terrestre, quoi qu'il en soit... et un certain 'nettoyage' sera alors bien nécessaire pour bon nombre d’entre nous, si ce n'est même pour tout le monde...

Confiance, toutefois !

Et là se trouve finalement bien la question qui habite principalement notre époque, notre temps.

 

Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 1er février 2020

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