L. Magnin révéla le soutien d'un terreau catholique lyonnais aux militants indépendantistes algériens avec pratique de tortures par la Police
Grand ensemble de Lyon a diffusé ce courriel :
« Nous apprenons avec tristesse le décès de Louis Magnin, un homme intègre et acteur de son siècle. Il fut un des grands témoins de l'affaire du Prado, qui révéla tant le soutien d'un terreau catholique progressiste lyonnais aux militants indépendantistes algériens que la torture pratiquée dans les commissariats de Lyon.
Après la guerre, en 1971, Louis Magnin est devenu prêtre-ouvrier et ce jusqu’en 1994, date à laquelle il a pris sa retraite. Il a fini sa carrière dans la région parisienne où il a longtemps milité à la CGT.
Ce fut une belle rencontre, qui a nourri notre travail de mémoire sur la guerre d'indépendance algérienne. Vous pouvez écouter son témoignage et lire sa biographie sur la plate-forme.
Sur le site d’éducation populaire, nous lisons cette biographie :
Louis Magnin est né à Lyon, près de la place des Terreaux. Dès l’enfance, il entend parler avec mépris et hostilité du quartier de la place du Pont où il y avait une forte concentration d’Algériens. En 1951, devenu prêtre, il est envoyé pour sa première mission dans le quartier de la Guillotière et porte un regard de bienveillance et d’empathie sur les populations étrangères, à l’encontre de ce qui lui a été inculqué dans son enfance. Il développe des liens d’amitié forts avec Albert Carteron et Henri Le Masne qui lui font découvrir les conditions de vie misérables des Algériens. Contrairement à Carteron qui était le lien entre l’Église et la communauté algérienne, Louis Magnin ne s’occupait pas directement des Algériens, mais il avait à cœur de faire connaître leurs conditions de vie, notamment dans la communauté chrétienne dont il avait la charge.
En 1955, Il est nommé à Saint-Fons comme formateur des prêtres du Noviciat du Prado. Il continue à sensibiliser son entourage à la cause algérienne en y faisant venir Albert Carteron. En 1958, à la demande de ce dernier, il prête un local à des membres du FLN qui créent un service social destiné à secourir les familles des détenus (600 à Saint-Paul). Ce local à l’extérieur de Lyon devait permettre d’échapper aux nombreux contrôles de police. Mais le 17 octobre 1958, en prévision de la visite du Général de Gaulle, de nombreuses rafles sont effectuées et de nombreux Algériens arrêtés dont les responsables du service social. Après un long interrogatoire, ils mènent les policiers au local, mais Louis Magnin et le père Chaize, prévenus par Carteron, ont eu le temps de cacher l’argent et les dossiers. Ils sont convoqués le lendemain au siège de la police judiciaire et subissent un interrogatoire de 5 heures avant d’être confrontés aux douze Algériens arrêtés sur lesquels ils voient les violences physiques des interrogatoires.
Louis Magnin et le Père Chaize sont libérés une première fois suite à un appel téléphonique du préfet Massenet. De nouveau arrêté le lendemain malgré l’intervention de l’évêché, Louis Magnin doit signer des déclarations dans le bureau du commissaire de la brigade antiterroriste. Emmené au palais de Justice avec les Algériens, inculpé pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », il est libéré provisoirement tandis que ses compagnons algériens restent emprisonnés durant 9 mois. Par la suite, les Algériens arrêtés portent plainte pour les brutalités subies.
Pour Louis Magnin, cette « affaire du Prado » a contribué aux débats de l’époque sur la question algérienne et sur le positionnement de chacun, au sein de l’Église, et plus largement dans la société et parmi les institutions françaises. Elle a entre autres opposé le cardinal Gerlier, qui a soutenu les prêtres, au ministre de l’Intérieur Pelletier à propos de la torture.
Après la guerre, Louis Magnin a gardé contact avec Albert Carteron parti en Algérie et tous deux se sont éloignés des institutions. Ils désiraient faire avancer l’humanité qu’elle soit chrétienne ou non et voulaient vivre leur foi dans la vie quotidienne. Ainsi, en 1971, Louis Magnin est devenu prêtre-ouvrier et ce jusqu’en 1994, date à laquelle il a pris sa retraite. Il a fini sa carrière dans la région parisienne où il a longtemps milité à la CGT.
Et, dans les archives, dossier de presse, notes historiques de cette plateforme, plusieurs documents forts intéressants sont à lire.
Déjà j’ai donné à entendre Louis Magnin. Voir ici vidéo.
Maintenant j’invite à l’écoute de cet entretien (document audio)
Attention : la Voix de Louis est toujours faible et demande une certaine attention : monter le son peut devenir nécessaire.