Ils appellent à s’opposer à des lois en bioéthique (PMA), pourquoi n’invitent-ils pas à manifester contre une injuste politique migratoire ?
À mon sens, il est juste que le président de la conférence des évêques de France invite les citoyens catholiques français à manifester leur opposition à certaines lois concernant la bioéthique. L’emprise technique médicale ne peut dépasser les frontières qu’impose la nature. Certes, certains vont me demander ce que j’entends par Nature. Je répondrai en disant que la science médicale qui répare l’homme n’est pas identique à celle qui souhaite augmenter l’homme. Et je peux citer les noms de non-croyants en Dieu Créateur estimant qu’il n’est pas logique de s’opposer aux manipulations génétiques pour le maïs tout en l’acceptant pour les humains. Des limites sont à poser face aux désirs de construire le monde selon les possibilités qu’apportent les technosciences.
Mgr Éric de Moulins Beaufort, au nom de l’Église catholique a donc totalement raison d’appeler les catholiques à faire connaître leur opposition ; ceci à la veille des manifestations du samedi 10 octobre, marchons enfants. Lire, ci-dessous, la copie de l’article de La Croix, en date du 6 octobre 2020.
Ne serait-il pas également juste que cette même conférence épiscopale appelle les citoyens catholiques et l’ensemble des chrétiens avec les autres croyants en Dieu-Créateur à manifester leur opposition vis—à-vis du non-accueil, du mauvais accueil par l’Europe des migrants, réfugiés, exilés ?
Pour la bioéthique les évêques de France se recommandent de la dernière encyclique du pape François, Fratelli tutti. Puisqu’ils gardent le silence à propos de la crise migratoire, n’auraient-ils pas lu, par exemple, ce passage :
37. Aussi bien dans les milieux de certains régimes politiques populistes que sur la base d’approches économiques libérales, on soutient que l’arrivée des migrants doit être évitée à tout prix. Dans le même temps, on affirme que l’aide aux pays pauvres devrait être limitée, pour qu’ils touchent le fond et décident de prendre des mesures d’austérité. On ne se rend pas compte qu’au-delà de ces déclarations abstraites difficiles à étayer, de nombreuses vies sont détruites. Beaucoup de personnes échappent à la guerre, aux persécutions, aux catastrophes naturelles. D’autres, à juste titre, « sont en quête d’opportunités pour [elles] et pour leur famille. [Elles] rêvent d’un avenir meilleur et désirent créer les conditions de sa réalisation. »
Ou encore :
135. Les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse et un don qui invitent une société à grandir ».
Ou encore
132. Au-delà des différentes actions indispensables, les États ne peuvent pas trouver tout seuls des solutions adéquates « car les conséquences des choix de chacun retombent inévitablement sur la Communauté internationale tout entière ». Par conséquent, « les réponses pourront être seulement le fruit d’un travail commun », en élaborant une législation (gouvernance) globale pour les migrations. De toute façon, « il convient d’établir des projets à moyen et à long terme qui aillent plus loin que la réponse d’urgence. Ceux-ci devraient d’un côté aider effectivement l’intégration des migrants dans les pays d’accueil, et en même temps favoriser le développement des pays de provenance par des politiques solidaires, mais qui ne soumettent pas les aides à des stratégies et à des pratiques idéologiquement étrangères ou contraires aux cultures des peuples auxquels elles s’adressent ».
Voilà, les catholiques, au moins eux à l’appel de leurs évêques, devraient envahir (à Lyon) la place Bellecour pour dire leur opposition à un gouvernement qui ne prends pas les moyens suffisants pour accueillir celles et ceux qui ont été contraints de quitter dans la détresse leur pays d’origine.
Seulement, la conférence épiscopale n’a pas appelé à soutenir en ce sens les migrants.
Des opérations d’urgence existent dans les paroisses. Heureusement. Mais ce sera sans fin s’il n’y a pas une demande des citoyens qu’une digne politique d’accueil se mette en place. Alors, que les évêques et autres instances éthiques, spirituelles incitent les citoyens à manifester leur opposition face à des politiques d’exclusion de l’étranger.
40. « Les migrations constitueront un élément fondamental de l’avenir du monde ». Mais, de nos jours, elles doivent compter avec la « perte du ‘‘sens de la responsabilité fraternelle’’, sur lequel est basé toute société civile ». L’Europe, par exemple, risque fort d’emprunter ce chemin. Cependant, « aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, [elle] a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants ».
Quand verrons-nous une forte prise de parole des instances spirituelles pour réveiller les citoyens afin qu’ils se donnent une gouvernance ouverte aux besoins humains actuels prenant ainsi des distances vis-à-vis des conceptions économistes ?
La Croix :
Bioéthique, les évêques français invitent les catholiques à « faire connaître leur opposition »
Dans une déclaration rendue publique, mardi 6 octobre, le conseil permanent de la Conférence des évêques de France a réitéré ses mises en garde sur le projet de loi de bioéthique, quelques jours avant une manifestation organisée par les opposants à la loi, dont La Manif pour tous.
Arnaud Bevilacqua, le 06/10/2020
« Une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle n’a rien de mieux à proposer aux mères en détresse que l’élimination de l’enfant qu’elles portent ? Une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle organise la naissance d’enfants qui n’auront pas de père, tout au plus un géniteur ? »
Ferme mise en garde
En référence à l’encyclique Fratelli Tutti du pape François sur la fraternité, dans une déclaration rendue publique mardi 6 octobre, le conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) a de nouveau exprimé sans ambiguïté son opposition au projet de loi de bioéthique qui doit encore être examiné en deuxième lecture par le Sénat.
Dans un communiqué publié mardi 6 octobre, les évêques s’inquiètent également de la proposition de loi qui veut porter les délais de recours à l’interruption volontaire de grossesse de douze à quatorze semaines de grossesse. « Sous couvert de droits des femmes et d’égalité, on réduit la filiation à un simple acte de la volonté de ceux ou de celles qui prétendent devenir parents », affirme le conseil permanent de la CEF.
Il invite « tous les citoyens, spécialement les catholiques, à s’informer de ces sujets et à faire connaître leurs réticences et leur opposition aux dispositions annoncées ». « Notre société ne doit pas se laisser entraîner subrepticement dans une voie dangereuse pour l’avenir de l’humanité », préviennent solennellement les évêques français.
Appel à se manifester
Un appel explicite à s’exprimer qui intervient avant une manifestation prévue samedi 10 octobre, organisée par les opposants à la loi, dont La Manif pour tous. Le conseil permanent a d’ailleurs récemment rencontré le collectif Marchons enfants dans un geste inédit, tout en respectant le rôle de chacun.
Dans le sillage du pape François, les évêques français appuient leur prise de position sur le principe de fraternité qui « n’est pas seulement un sentiment ou un impératif moral » mais « une attitude globale qui se vit dans tous les domaines de l’existence ». « L’Église catholique accueille tout être humain, quelle que soit son origine et quelles que soient ses opinions, avec respect et espérance », soulignent-ils également.
La fraternité contre le séparatisme
« La publication de l’encyclique vient à point nommé pour notre pays, au moment où les autorités publiques s’inquiètent de l’action de groupes qui voudraient soustraire certains quartiers de nos villes aux lois qui régissent notre société », explique par ailleurs le conseil permanent, en référence au projet de loi destiné à lutter contre le séparatisme islamiste.
« La fraternité peut être plus forte que les menées séparatistes, si elle est vécue en vérité, sans naïveté et avec constance », assurent les évêques, pointant les dégradations à l’encontre des lieux de culte ou des agressions, voire des meurtres de personnes « en raison de leur appartenance religieuse réelle ou supposée ». « Une culture du respect, de la connaissance mutuelle, de l’acceptation des autres, ne grandit pas par des injonctions », plaident-ils.