Changer les mentalités ? Mais cela va prendre trop de temps. Il nous faut de l’immédiat. Les forces de police doivent intervenir rapidement

Publié le par Michel Durand

Changer les mentalités ? Mais cela va prendre trop de temps. Il nous faut de l’immédiat. Les forces de police doivent intervenir rapidement

Je viens de terminer la lecture de Cinq mains coupées de Sophie Divry. À chaque mot on se demande jusqu’où la violence d’un État peut se loger. Violence somme toute aveugle. Et je me dis qu’en France ce n’est rien en comparaison de ce qui se passe avec les polices d’autres pays.

Il est ici question des « Gilets jaunes ». Il serait opportun qu’un journaliste écrivain ouvre le chapitre des violences policières face aux migrants, exilés, demandeurs d’asile.

Avec Cinq mains coupées, dès les premières pages j’ai compris que j’avais en face de moi un groupe de personnes mutilées par une arme de guerre qui exprimaient calmement ou avec colère leur ressenti. C’était un peu comme dans une cour de récréation où des scolaires tentent de dire au maître leur sentiment. Les phrases se bousculent. Cinq voix s’expriment sans pouvoir tout dire, mais ce qui est entendu est clair. Si la France et le pays de la Déclaration des droits de l’homme, elle n’est pas le pays des Droits de l’homme.

Je vous encourage à lire cette expression littéraire hautement politique.

 

Politique !

Pourquoi le souci d’un juste engagement Politique est-il toujours présent en moi ? J’ai pourtant fait l’expérience de peu de succès en ce domaine ; les 11 années de Cercle de silence en soutien des migrants en sont la preuve évidente. Politique non partisane. Politique fondamentale.

Souvent, dans les échanges avec des bénévoles qui agissent pour trouver un hébergement, de la nourriture, des issus en faveur des migrants, je dis que ce travail à la base, sur le trottoir est indispensable, mais qu’en même temps, il faudrait s’engager politiquement pour, justement, ne plus avoir l’occasion de venir en aide aux démunis. La dernière fois que j’ai eu ce genre d’échange avec des membres de la Coordination Urgence Migrants (CUM), j’ai remarqué que le mot « militant » était, par une jeune personne uniquement employée pour désigner l’engagement politique. « Moi, je suis dans le concret, l’immédiat. Mon action humanitaire vise à répondre aux urgences, bien sûr quand cela est possible. Je ne suis pas militante ».

Très pris par les présentes demandes des exilés, il n’y a pas de place pour le très long terme, ou le moyen terme, de l’investissement politique. Ce n’est pas un refus du politique, mais un constat que beaucoup ne se sentent pas invités à « tout faire ».

Je creuse alors les raisons qui m’incitent à toujours remettre sur le tapis la question, l’urgence du politique alors que, concrètement, je n’ai pas de témoignage à donner montrant que, politiquement, « les choses changent ». Dans l’accueil des migrants, nous constatons tous que c’est plutôt pire qu’avant.

Convertir les mentalités

Un souvenir me revient. C’était dans les années 1980/90, rue Saint-Jean dans le Vieux Lyon au lendemain d’un 8 décembre. Les bagarres à coup de sac de farine, de jets d’œufs, de bombe à raser, de bombes à eau jetées des étages par les habitants sévissaient entre résidants de la rue et lycéens, ceux de l’enseignement catholique et ceux des lycées publics. Les CRS très nombreux dans le quartier n’intervenaient pas. Les commerçants étaient exaspérés de constater ce manque de respect ; surtout, ils devaient passer plusieurs heures à nettoyer leur pas de porte et vitrine, ainsi le jour où un froid intense avait tout gelé au sol, sur les murs. J’ai proposé un dialogue avec les lycéens par le biais des chefs des établissements, notamment ceux de la colline de Fourvière. Nous l’avons fait. Une commerçante donna son avis : « Changer les mentalités ; mais cela va prendre trop de temps. Il nous faut de l’immédiat. Les forces de police doivent recevoir l’ordre d’intervenir dès le début de la soirée et que l’on en finisse avec ces gamins ».

Changer les mentalités ? Je pense que l’on peut aussi parler de conversion. Ne serait-ce pas mon désir de conversion de tous aux valeurs de l’Évangile qui m’incite à ainsi parler, au sein de la société civile, d’engagement dans le Politique ? Je souhaite effectivement que le plus grand nombre, sinon tous, se convertisse à plus d’humanité, plus de solidarité, plus de fraternité, plus d’amour universel. Plus de juste vérité. Logique pour un disciple missionnaire du Christ. Disciple véritable ou qui souhaite l’être, le devenir.

Je ne sais pas si je me fais comprendre. Mais je viens au moins de tracer, me semble-t-il, les grandes lignes d’une option fondamentale qui oriente un mode de vie selon la Bonne Nouvelle de Jésus le Christ.

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