Les humains ne croient pas en ce qu’ils savent. Alors ils vivent comme si tout pouvait se résoudre sans bloquer l’économisme ambiant

Publié le par Michel Durand

Jean Castex, 29 janvier 2021

Jean Castex, 29 janvier 2021

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Nous en avons souvent la preuve. Ainsi, en cette période covidesque, nous savons très bien que le malade, comme on le disait jadis, doit grader la chambre s’il veut soigner sa santé. Seulement, rester chez soi, c’est ne pas travailler, ne pas produire donc ne pas gagner d’argent. Alors, entre soigner l’économie et soigner sa santé, le choix est fait au bénéfice de plus de biens matériels. Choix contre sa santé, celle de l’humanité.

Je note que cette attente de biens concrets diffère si l’on est dans un pays pauvre ou dans un pays riche. Pauvre, sans travail légalement rémunéré, tu es obligé de quitter la chambre pour obtenir, quoiqu’il en coûte pour la santé, le minimum pour vivre. Petit bulot qui apporte le repas de la famille. Entre mourir de faim et mourir de covid-19, le choix est vite fait, entend-on dire en Inde, au Pakistan, au Bangladesh ou ailleurs. Pour pouvoir manger, le confinement n’est pas possible.

Mais en Europe ? Il y a quelques mois on se posait la question d’un lendemain qui ne sera pas comme avant. Aujourd’hui, on imagine que demain sera comme avant, car le plus grand nombre ne souhaite pas changer. Dans le désert du Sinaï, le peuple hébreu quittant l’Égypte se mit à adopter de faux dieux, des veaux d’or. Idolâtrie persistante. Le XXIe siècle industrialisé continue à mettre toute sa confiance en des biens matériels et financiers. La majorité des citoyens ne souhaite manquer de rien. Pourtant, l’expérience fut faite que l’arrêt de la production, la fermeture des usines, l’immobilisation de l’économie apportait à toute l’humanité plus de bon air. Le ciel était devenu pur, dégagé de toutes pollutions. Entre prendre soin de la santé humaine et prendre soin de la santé des banques le choix est fait par la majorité : pas de confinement, car cela ralentira l’économie.

Les scientifiques se montrent surpris du choix des décideurs politiques. Ceux-ci suivent les désirs de la majorité avec la perspective de ne pas perdre le pouvoir. Et, ils savent que si les plus pauvres de ce monde peuvent souffrir davantage de la situation présente, ils observent que les plus riches tirent plus facilement leur épingle du jeu. Alors, il importe que demain soit comme hier et en mieux. Donc, pas d’immobilisation de l’économie, de la vie productive, pas de grève, pas de confinement même si les hôpitaux regorgent de cas graves en réanimation.

J’ai observé que de nombreux observateurs furent étonnés de la décision gouvernementale. Certains ministres se montraient plus prudents. Ils durent suivre l’orientation présidentielle en phase avec la majorité (faible) des citoyens.

On ne croit pas en ce que l’on sait. Alors pas de motivation pour changer quoi que ce soit. Le virus aurait pu être une chance de conversion, de révision de nos modes de vie. Désormais, il semble certain qu’il n’en sera pas ainsi.

Je rédige cette page en toute hâte, n’ayant pas vraiment pris le temps de la réflexion et de la méditation. Je peux alors me contredire. Ouvrons le débat. Mais où sont les lieux qui permettent d’aller à la racine des problèmes de société ? Quelles sont nos forces de conversion ?

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