Humaniser et évangéliser ou évangéliser et humaniser ? Rendu à son humanité, l’humain est capable de recevoir la Parole de Dieu. Jésus parle
Je dépose en cette page, mon étude d’Évangile qui arrive au Chapitre 5 de Marc.
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Voir ici pour le chapitre 4
et ici pour les chapitres 1 à 3
Marc 5
Ils étaient sur la mer de Galilée où ils furent en danger à cause d’une grosse tempête. Les apôtres eurent peur (4, 40). Ils se dirigent du côté est de la mer et accostent aux pays des Géraséniens. C’est une région vraiment étrangère. Au-delà des frontières galiléennes. Gadara, Gadariîm (Chouraqui), ou Gérasa ? La note de la TOB indique que l’on pourrait lire Gadaréniens, par assimilation à Mt 8,28 : « Comme il était arrivé de l'autre côté, au pays des Gadaréniens, vinrent à sa rencontre deux démoniaques sortant des tombeaux, si dangereux que personne ne pouvait passer par ce chemin-là ».
Note de la TOB : Gérasa est trop éloignée du lac pour convenir à la ville du verset 14 : « Ceux qui les gardaient (les porcs) prirent la fuite et rapportèrent la chose dans la ville et dans les hameaux. Et les gens vinrent voir ce qui était arrivé ». Le pays des Géraséniens désigne peut-être pour Marc toute la région à l’orient du lac. Voir la carte.
Cette précision géographique est importante pour montrer le désir de Jésus d’annoncer la Bonne Nouvelle dans toutes les régions, à tous les peuples. Il quitte Nazareth, va à Tyr et Sidon, à Capharnaüm, à Gerasa/Gadara.
cf 1,38-39 : « Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j'y proclame aussi l’Évangile : car c'est pour cela que je suis sorti ». Et il alla par toute la Galilée ; il prêchait dans leurs synagogues et chassait les démons. Il guérit un lépreux (1,40).
Selon la note de la TOB, ce récit veut montrer que l’autorité de Jésus sur les démons s’exerce aussi en terre païenne. J’en reparle plus bas.
Que se passe-t-il quand Jésus est ses disciples mettent les pieds à terre ? Va-t-il enseigner comme le demanderait sa mission première ? « C’est pour cela que je suis sorti ». Non, il n’y aura pas d’enseignement, car un homme possédé d’un esprit impur impose sa présence. Jésus va faire œuvre d’humanisation. Je note que s’ils arrivent tous (les Douze), Marc précise que le possédé « vint aussitôt à sa rencontre, sortant du tombeau ». Pourquoi ne pas avoir écrit : « à leur rencontre » ? Tout simplement parce que le possédé, dans le groupe des voyageurs, reconnait tout de suite, l’Envoyé de Dieu, Jésus auquel il doit s’adresser.
5,6
« Voyant Jésus de loin, il courut et se prosterna devant lui. »
Marc donne des précisions sur la situation de cet homme.
5,3
« Il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne ».
5,5
« Nuit et jour, il était sans cesse dans les tombeaux et les montagnes, poussant des cris et se déchirant avec des pierres. »
Un vrai sauvage. Il vivait comme un animal dans des grottes naturelles (ou creusées dans le roc) qui servaient aussi de tombeau et apparaissaient comme le lieu de l’impureté. Voir Isaïe 65, 4 : « C'est un peuple qui me vexe, en face, sans arrêt : ils font des sacrifices dans des jardins, ils font fumer des aromates sur des briques, ils se tiennent dans des sépulcres, ils passent la nuit dans des grottes, ils mangent de la viande de porc, et leurs plats ne sont qu'un brouet d’ordures. »
Jésus accomplit une œuvre d’humanisation en écoutant cet homme impur
Un lépreux impur, mais qui reconnait immédiatement d’où vient Jésus. Il est Fils de Dieu.
5,7
« Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t'adjure par Dieu, ne me tourmente pas ».
Les démons reconnaissent de suite Jésus. Ainsi, déjà en Marc :
1,23-24
« Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d'un esprit impur; il s’écria : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu ».
5,7
« Je t'adjure par Dieu, ne me tourmente pas ».
Note de la TOB : La protestation du démoniaque exprimait déjà la domination irrésistible du Fils de Dieu. Ici, Jésus n’impose pas le silence au démon, mais il n’y a d’autre public que les Douze.
5,8
« Car Jésus lui disait: “Sors de cet homme, esprit impur” » !
Le démon comprend que son règne est terminé. Il ne peut rien devant Dieu. Lui seul est saint ainsi que tout ce qui lui appartient. Donc Jésus est sain. Il a le pouvoir de rendre pur. Le lien avec le troupeau de porcs appuie fortement la réalité de l’impureté. Le pouvoir de Satan est anéanti par celui de Jésus, le Saint de Dieu
5,9
« Il (Jésus) l’interrogeait : “Quel est ton nom” ? Il lui répond : “Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux”. Et il le suppliait avec insistance de ne pas les envoyer hors du pays. Or il y avait là, du côté de la montagne, un grand troupeau de porcs en train de paître. Les esprits impurs supplièrent Jésus en disant : “Envoie-nous dans les porcs pour que nous entrions en eux”. Il le leur permit. Et ils sortirent, entrèrent dans les porcs et le troupeau se précipita du haut de l'escarpement dans la mer; il y en avait environ deux mille et ils se noyaient dans la mer. »
Note de la TOB : la présence des porcs, animaux impurs pour les Juifs illustrer ici l’impureté d’une terre païenne.
La noyade exprime la fin du pouvoir démoniaque sur la région et libération de l’impureté.
5,14
« Ceux qui les gardaient prirent la fuite et rapportèrent la chose dans la ville et dans les hameaux. Et les gens vinrent voir ce qui était arrivé. »
Cette curiosité est toute normale. Un homme, Jésus, venu d’ailleurs a libéré un marginal. Cet homme, Jésus, venu d’ailleurs lui a rendu toute sa dignité. Le possédé vivait comme un animal. Désormais, il se comporte normalement, comme tout être humain. Il vit habillé.
5,15
« Ils viennent auprès de Jésus et voient le démoniaque, assis, vêtu et dans son bon sens, lui qui avait eu le démon Légion. »
Jésus a réussi son œuvre d’humanisation.
Par contre, ça va mal pour le troupeau de porcs. Et les propriétaires viennent constater les dégâts accomplis. Si cela va bien pour l’homme, c’est la catastrophe pour le capital porcin. Devant tant de réalités incompréhensibles, les habitants de la ville et des hameaux sont effrayés. Cet homme Jésus et dangereux pour leur vie ordinaire. Il bouscule trop de chose.
« Ils furent saisis de crainte. »
5,17
« Et ils se mirent à supplier Jésus de s'éloigner de leur territoire.
La situation est bien banale. Cet étrange étranger ne peut rester en ce lieu. Il faut qu’il parte ailleurs. « Il ne peur rester chez nous ». Jésus et les siens reprennent la barque alors que le miraculé voudrait bien rester en leur compagnie.
5,18
« Comme il montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque le suppliait, demandant à être avec lui. »
Seulement,
5,19
« Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit : « Va dans ta maison auprès des tiens et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde ».
L’homme rendu à son humanité reçoit la mission de témoigner de ce que Dieu a fait pour lui, là où il vit. Les habitants du lieu qui, sans doute continuaient à se lamenter de ce qui était arrivé à leur capital porcin, ne seront pas libérés du souvenir de l’évènement.
5,20
« L'homme s'en alla et se mit à proclamer dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous étaient dans l’étonnement ». Proclamer, c’est-à-dire annoncer l’Évangile)- aux païens.
Je note : la Décapole est un groupe de villes situé à l’est du Jourdain, qui jouissait depuis Pompée (homme d’État romain mort en 48 av. J.C). d’une certaine autonomie politique. Villes en majorité peuplées de païens.
Jésus regagne l’autre rive en barque. Il rejoint la rive occidentale.