Le mystère de Dieu est donné à celui qui fait un pas vers lui. Être auditeur ne suffit pas. Il importe d’adhérer dans son cœur à l’annonce
J’écris cette page dans la suite de ma lecture (étude) de l’Évangile de Marc - voir ici.
Il s’agit de mettre en parallèle les occasions où Jésus annonce le Règne de Dieu et les rencontres où il accomplit le bien en guérissant les malades rencontrés. Annonce du Royaume : l’Évangile et œuvre bienfaisante pour l’humanité.
L’enseignant
Jésus ne s’exprime dans son enseignement qu’avec des mots usuels, employés chaque jour par tous. Il ne donne pas des explications théoriques, expliquant dogmatiquement le sens de la création divine et de Dieu lui-même comme, me semble-t-il, pouvaient le faire les intellectuels de son temps, scribes et pharisiens. Il parle simplement avec des mots de tous les jours, mais avec puissance et autorité.
Marc 1, 21-22
Ils pénètrent dans Capharnaüm. Et dès le jour du sabbat, entré dans la synagogue, Jésus enseignait. Ils étaient frappés de son enseignement; car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes.
Avec toutes les années d’études que j’ai pu faire, je constate qu’il m’est souvent difficile de rejoindre Jésus dans sa simplicité. On voudrait expliquer les dogmes enseignés : la Trinité, l’Assomption, l’Incarnation, la transsubstantiation… On voudrait tout faire comprendre aux personnes qui nous écoutent. Tout bien expliquer des mystères chrétiens. Jésus ne parle que de ce qu’il vit simplement au quotidien et utilise pour cela des paraboles immédiatement comprises par tous.
C’est dans cet état d’esprit que j’aborde le chapitre 4 de l’évangile selon Marc.
Ici, Jésus n’est pas dans le Temple. Il s’exprime en plein air.
Marc 4,1-2
De nouveau, Jésus se mit à enseigner au bord de la mer. Une foule se rassemble près de lui, si nombreuse qu'il monte s'asseoir dans une barque, sur la mer. Toute la foule était à terre face à la mer. Et il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles.
Jésus enseigne n’importe où. Il parle aux gens là où ils se trouvent.
Je pense à Antoine Chevrier qui écrit : « Saint Paul ne cesse de prêcher en public et dans les maisons. "Publice et per domos". (Ac.20/20).
"Les apôtres ne cessaient pas d'annoncer Jésus Christ dans le temple et dans les maisons". (Ac.5/42 ).
Qualités d'un prédicateur : ne pas disputer, modéré, capable, patient, doux, plein d'espérance pour
les pécheurs, leur conversion. (II Tm.2, 24-26) » (page 456 du Véritable Disciple).
Ou encore : « S'il nous était permis à nous d'aller dans les maisons, c'est-à-dire d'établir des salles ou lieux d'instruction chez les fidèles, et là réunir les gens pour les instruire, faire des conférences religieuses ; les gens ne viennent pas, il faut aller les chercher. » (V D page 450).
Jésus se trouvait, avec ses disciples, là où étaient les gens. Par exemple, au bord de la mer. Il dit :
« Écoutez. Voici que le semeur est sorti pour semer ».
Et nous avons la description de ce que toute personne vivant à la campagne, proche de la terre, observe. (4,3-9)
Encore faut-il que l’auditeur veuille bien entendre. Il ne suffit pas d’être présent quand Jésus enseigne. Il importe de recevoir ce qu’il dit. Il importe d’écouter vraiment, de faire sienne sa parole.
4,9
Et Jésus disait: « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende » !
Après l’enseignement à la foule, au grand nombre de personnes sur le bord de la mer de Galilée, vient le temps des « questions - réponses ». Jésus approfondit, dans l’intimité avec ses proches disciples, ce qu’il a l’intention de dire, d’enseigner.
4,10
Quand Jésus fut à l'écart, ceux qui l'entouraient avec les Douze se mirent à l'interroger sur les paraboles.
Cette façon de reprendre l’enseignement avec un nombre restreint d’auditeurs montre qu’il ne veut pas s’imposer à la foule. Il propose. Et, ceux qui le souhaitent peuvent prendre encore du temps avec lui, pour aller au plus profond du message. Jésus parle avec autorité, certes, mais il ne force personne à accepter son enseignement. Il donne tous les possibilités d’un long cheminement avec lui. C’est en ce sens que je précise que les paroles du Fils de Dieu, et de Marie, ne sont en rien dogmatique.
4,11-23
Et il leur disait : « À vous, le mystère du Règne de Dieu est donné, mais pour ceux du dehors tout devient énigme pour que tout en regardant, ils ne voient pas et que tout en entendant, ils ne comprennent pas de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il leur soit pardonné ».
Ceux du dehors ?
Celles et ceux qui sont encore loin de la personne même de Jésus, le Christ. Et il leur dit : « Vous ne comprenez pas cette parabole ! Alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles » ? « Le semeur» sème la Parole. Voilà ceux qui sont « au bord du chemin » où la Parole est semée : quand ils ont entendu, Satan vient aussitôt et il enlève la Parole qui a été semée en eux. De même, voilà ceux qui sont ensemencés « dans des endroits pierreux »: ceux-là, quand ils entendent la Parole, la reçoivent aussitôt avec joie; mais ils n'ont pas en eux de racines, ils sont les hommes d'un moment ; et dès que vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils tombent. D'autres sont ensemencés « dans les épines » : ce sont ceux qui ont entendu la Parole, mais les soucis du monde, la séduction des richesses et les autres convoitises s'introduisent et étouffent la Parole qui reste sans fruit. Et voici ceux qui ont été ensemencés «dans la bonne terre»: ceux-là entendent la Parole, ils l'accueillent et portent du fruit, « Trente pour un, soixante pour un, cent pour un ». Il leur disait : « Est-ce que la lampe arrive pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N'est-ce pas pour être mise sur son support ? Car il n'y a rien de secret qui ne doive être mis au jour, et rien n'a été caché qui ne doive venir au grand jour. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende. »
La liberté de chacun est respectée. Le mystère du Règne de Dieu est donné à celui qui fait un pas vers lui. Être auditeur ne suffit pas. Il importe aussi d’adhérer dans son cœur à la parole prononcée. Il importe d’aimer ce qui est dit. De le faire sien. C’est-à-dire de vouloir mettre en pratique dans sa vie ordinaire le contenu de l’enseignement. Vouloir se convertir pour ajuster son vécu à ce qui est entendu. Cela n’est pas facile et mérite bien un temps d’intimité avec le Maître. Reçue, la Parole sera alors comme une forte lumière placée sur son support pour qu’elle éclaire le plus grand nombre de personnes.
Et n’oublions pas que cette connaissance obtenue n‘est que grâce. Certes, humains, nous avons participé à recevoir la Parole qui ouvre le Royaume puisque nous nous sommes disposés à l’écouter. Mais, ce n’est pas nous qui lui octroyons la possibilité de grandir. Dieu seul agit pour que la semence devienne plante adulte.
4,26-27
Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui jette la semence en terre : qu'il dorme ou qu'il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
C’est de Dieu que dépend la taille de notre être, de notre humanité et non de nos efforts même si notre participation est requise puisque nous devons au moins écouter, attentivement.
4,31-32
C'est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde ; mais quand on l'a semée, elle monte et devient plus grande que toutes les plantes potagères, et elle pousse de grandes branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leurs nids à son ombre.
Dans cette image je vois la conséquence de la réception dans son intimité de la Parole du Royaume. Nourri par l’enseignent de l'Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu (Mc 1,1), je reçois la possibilité de faire du bien autour de moi. Mes compatriotes peuvent trouver du repos dans l’ombre qu’offre mon feuillage. Celui qui est nourri de grâces divines a la possibilité de faire du bien à l’humanité. Œuvres sociales, humaines et action d’évangélisation s’harmonisent.
Dans cette tâche, cette mission, cette formation des apôtres, jamais Jésus ne s’impose. Toujours il respecte la capacité d’écoute des personnes qui viennent à lui pour l’entendre et être guéries de divers maux. Et il approfondit tout ce qui fut entendu dans sur dialogue plus intime avec ses disciples. Le genre littéraire de la parabole a besoin d’être dépassé, prolongé, concrétisé. Jésus accomplit cette tâche avec délicatesse et toute l’autorité qui lui est propre : « même le vent et la mer lui obéissent » (4,41).
4,33-34
Par de nombreuses paraboles de ce genre, il leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur parlait pas sans parabole, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.