Nous avons poursuivi sur les réalités de l’égoïsme, du pouvoir de l'argent, du pouvoir tout court, de la technocratie qui prend plus de force

Publié le par Michel Durand

Nous avons poursuivi sur les réalités de l’égoïsme, du pouvoir de l'argent, du pouvoir tout court, de la technocratie qui prend plus de force

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C’était avant toute forme de confinement

 

Une page de Jean-Marie Delthil

 

Jacqueline.

Hier, je suis allé en maison de retraite pour aller rendre visite à quelques personnes, dont Jacqueline.

Nous nous connaissons depuis plusieurs années déjà, Jacqueline et moi.

Elle est toujours de très bonne et heureuse compagnie !

 

J'arrive à la porte de sa chambre, je frappe… j'entends un petit et presque timide : « Entrez… ! »

La pièce était inondée de lumière.

Nous nous embrassons, et puis nous échangeons les nouvelles du jour. 

À un moment donné, je lui fais part de mes soucis vis-à-vis d'un ami, d'un copain qui semble être de plus en plus enfermé en lui-même… « moi »… « moi »… « moi »… « moi »… vous voyez ce que je veux dire ?…

Enfin, Jacqueline voyait parfaitement, elle : « Oh, ça : c'est épouvantable ! »… i

Il faut vous dire que Jacqueline à 93 ans, elle connaît assez bien, pourrait-on dire, les personnes, l'espèce humaine… et puis elle a été esthéticienne à Paris durant toute sa vie professionnelle ; elle connaît, oui... elle a tout entendu.

Bref, nous avons débuté notre aimable conversation sur ce sujet, et puis nous avons (naturellement) poursuivi sur les thèmes et réalités de l’égoïsme, du pouvoir de l'argent, du pouvoir tout court, et de la technocratie qui prend toujours plus de force et d'ampleur à l'heure actuelle – bref, nous n'étions pas en peine d'attraper encore quelques cheveux blancs et autres désagréments, à l'évocation de toutes ces calamités.

Jacqueline répétait sans cesse : « Mais enfin, que faire ?!… » – et je n'avais pas de réponse à lui offrir, si ce n'était de lui dire qu'il fallait, en tout cela, savoir au moins faire preuve d'un peu d'humour : ce pour quoi elle était particulièrement douée, d'ailleurs.

Mais là, nous avions peine à rire et nous réjouir.

Il y a avait toujours ce beau et grand soleil, au dehors… cette large baie vitrée donnant sur le jardin… Je m'en approche, respire l'air frais et rendu presque liquide du mois de mars, à l'extérieur… un grand silence régnait, un silence comme j'en ai entendu peu au cours de ma vie… seules quelques notes d'oiseaux timides brillaient comme du cristal.

 

Jean-Marie Delthil. Bonny, le 16 mars 2018

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