Quand j’étais en voyage par plaisir, j’étais un jeune étranger et vous m’avez rendu visite.
Les trains de nuit.
Il est des rencontres, toutes simples, qui parfois vous marquent à jamais.
Celle que je fis, il y a bientôt trente ans, fut de ce celles-ci.
J'étais parti, à l'époque, en voyage pour la Grèce. Le train m'avait été rendu nécessaire pour m'extraire rapidement de l'immense ville d’Athènes. De Corinthe, ensuite, j'avais opté pour le stop et puis la marche à pied… rien de bien extraordinaire à tout cela… Nuit chez l'habitant sur quelques hauteurs, et descente ensuite dans le pli des montagnes, en une toute petite gare je crois, pour prendre le train qui me mènerait à la ville de Tripoli, située plus au sud.
Il faisait grand beau. Une lumière éclatante !
Et c'est là que je voudrais en venir : j'étais donc voyageur solitaire… une femme vint assez rapidement m'aborder, sur le quai, ou bien en salle d'attente, je ne sais plus – je ne pourrais plus vous dire si elle fut belle, ou bien ceci, ou bien cela… elle devait avoir, d'après mes souvenirs, au moins vingt ou trente ans de plus que moi ; peu importe, sa gentillesse était profonde, très authentique et vraie : elle souhaitait juste échanger, découvrir l'autre, l'étranger comme l'on-dit – me réconforter peut être un peu aussi de sa présence et de son amitié.
Bref, elle m'offrit un café.
Je crois qu'elle était belle, en effet !
De cette rencontre, j'ai curieusement le souvenir, la sensation profonde de l'ombre. Non pas de l'absence de lumière ou bien même de ténèbres, ou d'une sorte de non-sens – non, absolument pas… de l'ombre, de celle qui rafraîchit et peut vous reconstruire… de celle qui, lorsqu'elle est abordée avec authenticité et respect, vous révèle un peu plus à vous même.
Je pense là, également, à la photographie… l'image sur le papier, plongée dans le bac du révélateur, ne peut réellement s'exprimer que dans l'ombre.
Voilà.
Je vous laisse cheminer un peu plus à présent.
Jean-Marie Delthil. Bonny, le 3 avril 2018.