Frères et sœurs, supplie l’apôtre Paul, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense
Je ferai germer pour David un Germe de justice. Jr 33, 14-16
Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu. Ps 24
Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seigneur Jésus.1 Th 3, 12 – 42
Votre rédemption approche. Lc 21, 25-28.34-36
27 - 28 novembre 2021. Premier dimanche de l’Avent. Une année liturgique se termine. Une autre commence. Je nous invite à prendre vraiment conscience de l’importance du moment présent. Nous nous invitons à regarder le monde tel qu’il est et nous écoutons l’appel que Dieu nous adresse dans l’établissement d’un monde nouveau.
En cet instant, quelle est la perception de notre présence en ce lieu d’Église ? Maison Saint-Alban / Maison Saint-Maurice.
Dimanche dernier nous étions mis devant Jésus condamné à mort à cause de ses paroles et de ses actes qui dérangeaient les modes de penser connus et acceptés de tous.
« Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Aujourd’hui nous sommes placés dans une ambiance de fin du monde. Un temps se termine, un autre arrive ; l’apocalyptique a pour mission de révéler la force du changement.
« Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ».
Prions pour devenir aptes à recevoir l’immense puissance de Dieu qui se révèle dans l’absolue faiblesse du nouveau-né. Regardons en nous-mêmes : que suis-je venu chercher en cette eucharistie ? Comment se développe, s’exprime mon adhésion au Christ ? Suis-je vraiment chrétien ? Chrétien, c’est le mot que l’on a l’habitude d’employer pour désigner l’appartenance à l’Église. Je préfère le mot « christien », employé par le théologien Christoph Theobald ; je le préfère, car il indique directement notre vocation baptismale à être disciple du Christ. Christ - christien !
Que ce temps d’avent soit le moment de devenir vraiment christien.
Comment savoir si je suis vraiment christien ? Commet le discerner ?
À mon avis, c’est très simple. Nous avons été invités à remplir des carrés de papier que nous avons collé sur des panneaux accrochés au mur. La « mosaïque » ainsi formée donne à voir le visage de la communauté de Saint-Alban/Saint-Maurice. Ayant photographié l’ensemble, j’essaye sur mon ordinateur de classer les diverses phrases qui indiquent l’orientation de l’attachement de chacun à l’Église, à la paroisse. Selon ce sondage, que j’oriente par l’expression 50 sur 50, 50/50, je donne le moyen de voir le visage de l’Église en ce quartier. Cela donne une idée du pourquoi nous venons à l’eucharistie du dimanche. 50 tourné vers le culte. 50 tourné vers les lieux de vie. 50 ? Question d’équilibre.
Revenons à la Parole de ce jour et plaçons-la dans notre actualité.
On parle de fin des temps, de fin d’un monde, de fin du monde, de fin de l’Église.
Les catastrophes se multiplient. Crise climatique. Crise écologique. Crise pandémique. Crise migratoire. Crise économique. Crise politique. Crise ecclésiale… Or nous observons qu’une majorité de citoyens souhaitent que tout soit comme avant. On ne veut pas de changement. Mais, pour que les humains vivent dignement et solidairement, voire fraternellement, plus rien ne peut être comme avant. Nous sommes désormais largement dans la période dite de l’anthropocène, l’âge de l’homme ; la période des temps géologiques où les activités humaines ont de fortes répercussions sur les écosystèmes de la planète (biosphère) et les transforment à tous les niveaux. On fait coïncider le début de l’anthropocène avec celui de la révolution industrielle, au XVIIIe siècle, mais on pourrait remonter au tout début de l’action humaine sur la Terre. Bref, pour que les choses changent, il faudrait que l’homme change de comportement, de mode de vie ; il faudrait qu’il s’arrête de se soumettre aveuglément aux illusions scientifiques, techniques, économiques. Le progrès matériel d’une production et d’une consommation toujours supérieure n’est pas la vocation de l’homme. Une certaine décroissance est nécessaire, exprime le pape François qui redit souvent son opposition aux systèmes économistes ignorant les biens fondamentaux des humains.
« En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice » (1ère lecture).
Oui, la fin d’un monde est arrivée et nous nous organisons pour qu’advienne le monde nouveau. Pour cela, nous nous mettons à l’école de Jésus le Christ. Afin de devenir de véritables christiens, nous participons à l’eucharistie, nous communions à la force du Fils de Dieu, nous le prions pour qu’Il accomplisse en nous une authentique conversion. Nous ne le prions pas pour qu’il nous protège individuellement de toutes formes de mal. Nous le prions pour que, tous ensemble, nous parvenions à l’avènement d’un monde autre. Les épreuves actuelles nous prouvent que demain ne saurait être comme hier. Nous le savons. Reste que nous devons en tenir compte ; or les sondages d’opinion montrent qu’il n’en est pas ainsi. S’il y a des morts en Méditerranée et dans la Mer du Nord, la Manche, n’en sommes-nous pas, à divers nivaux, responsables ?
« Frères (et sœurs), supplie l’apôtre Paul, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous » (2ème lecture).
Notre mission de Christiens s’accomplit à l’adresse de tous les hommes, tous les humains.
Je termine. Tous les habitants de la terre entière sont concernés :
Luc insiste : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
Pourquoi participons-nous à l’eucharistie dominicale ? Tout simplement pour relever la tête, pour se tenir debout devant l’Envoyé de Dieu afin d’agir comme l’enseigne sa Bonne Nouvelle. Avec l’Église en prière, nous nous renforçons pour que le monde entier vive de fraternité. Je ne souhaite pas seulement mon bonheur, j’œuvre pour le bonheur de tous. Telle est la mission reçue à la fin d’une eucharistie. En langue française, il y a cet envoi : « Allez dans la paix du Christ ». Je le trouve nettement insuffisant. Je préfère l’expression italienne : Glorifier le Seigneur avec votre vie, allez en paix. (Glorificate il Signore con la vostra vita. Andate in pace).
Hors prosélytisme, c’est notre vie quotidienne qui donne à voir, là où nous vivons, la Parole entendue à l’office du dimanche. C’est par la qualité de nos paroles prophétiques, de nos actes produits très concrètement en notre corps que nous transmettons la Parole entendue est vécue dans l’Eucharistie. La photographie du visage d’une paroisse dépend de cet engagement christien au jour le jour. Avec notre vie.