Afin de grandir dans notre humanité, afin de croitre dans l’amour divin, une décroissance des productions économiques, matérielles est nécessaire
Cefalù, Christ pantorator ; Naissance de Jésus, Palerme, La Martorana, XIIe s.
« Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52, 7-10)
La terre entière a vu le Sauveur que Dieu nous donne (cf. Ps 97)
« Dieu nous a parlé par son Fils » (He 1, 1-6)
« Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jn 1, 1-18)
En premier, regardons Dieu. Plus exactement, imaginons-le dans toute sa puissance créatrice. Dieu inconnu. Dieu inconnaissable. Dieu tout puissant qui, non seulement a créé tout l’univers, mais le maintient en permanence dans l’existence.
Dieu providence.
Il est l’unique. Il est le premier. Il voit avant tous les autres voyants ; il soutient et protège en continu sa création. Autrement dit : Dieu protège et gouverne par sa Providence tout ce qu'il a créé. La Providence est l'action continue de Dieu dans le monde.
Au commencement était le Verbe. Et le Verbe était Dieu.
Dieu parle et veut être entendu. Les prophètes, appelés par le Créateur, ont pris la parole pour donner à entendre la pensée et la parole divine. Mais cela n’a pas bien fonctionné. Alors Dieu s’est dit : « je vais venir moi-même ».
Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire…
Prenant chair humaine, la pensée divine s’exprime avec nos mots humains. Désormais, rien ne nous empêche de tout comprendre, de tout connaître de l’esprit du Créateur. L’image que nous pouvons avoir de la pensée divine du Créateur existe dans les monumentales mosaïques du Pantocrator du XIIe siècle à Palerme, Cefalú, ou Monreale en Sicile.
Merveilleuse pensée de Dieu que nous sommes désormais capables d’entendre, de comprendre, parce que dans le Fils, né en Marie, elle s’exprime avec nos propres mots. Et, désormais, nous comprenons que toute notre vie doit être croissance pour atteindre sa grandeur, sa beauté, son amour infini. Tout est croissance. L’herbe pousse. Les enfants grandissent. Les intelligences se perfectionnent. L’amour s’accroît… est-ce vraiment vrai ?
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes… Le Verbe était la vraie Lumière… mais le monde ne l’a pas reconnu.
Pourquoi le monde ne l’a-t-il pas reconnu ? Pourquoi avons-nous tant de mal, avec certains concitoyens, croyants ou non en Dieu Créateur ? Tout simplement parce que, depuis des siècles, nous nous trompons de croissance. Nous avons bien lu et commenté la lettre encyclique de François, Laudato si’, mais nous continuons à nous tromper de croissance. En effet, quand ce mot est prononcé, nous envisageons immédiatement la croissance économique. Le dieu PIB l’emporte sur le Dieu créateur. Et ce faux divin PIB, produit intérieur brut, indicateur du taux de croissance économique d’un pays invite les politiques à entretenir des modes de vie individualiste. Plus nous sommes seuls, individus isolés, plus nous sommes meilleurs consommateurs, mieux l’économie se porte. La croissance économiste règne en maître divin. Il est important de prendre le temps de réfléchir à cette réalité sociale et politique au moment d’accomplir son devoir d’électeur.
Seulement, il n’y a pas que le PIB ; nous avons un autre maître, Jésus, le Verbe éternel qui devient dans notre chair humaine, Parole divine.
il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire.
Afin de grandir dans notre humanité, afin de croitre dans son amour et de nous associer à sa gloire infinie, une décroissance des productions économiques est nécessaire. Pour croitre selon l’Esprit, la pensée divine, le Verbe éternel, il est urgent de décroitre économiquement parlant. Or, vu nos habitudes productivistes, consuméristes, cette nécessaire décroissance demande que, dans nos sociétés, s’opèrent de profonds changements de modes de vie. Les objecteurs de croissance, croyants en Dieu ou non, le rappellent sans cesse : « moins de biens, pour plus de liens ». « Vivons une sobriété heureuse ». « Sachons respecter les limites ». « On est entré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines (…), la société capitaliste aujourd’hui est une société qui à mes yeux court à l’abîme de tous les points de vue, car c’est une société qui ne sait pas s’autolimiter. » Le philosophe Cornélius Castoriadis (1922-1997) explique : « On est entré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines (…), la société capitaliste aujourd’hui est une société qui à mes yeux court à l’abîme de tous les points de vue, car c’est une société qui ne sait pas s’autolimiter. »
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Par notre baptême et la réception de la Bonne Nouvelle, l’Évangile, nous sommes les récepteurs du Verbe éternel venu habiter en notre monde. Comme le Verbe parle notre langue humaine, nous avons compris sa pensée, la pensée du Créateur, Dieu Providence et nous nous savons invités à tout faire pour que le monde d’aujourd’hui abandonne sa course effrénée vers un toujours plus de biens matériels. Alors, prenons les moyens pour que changent nos modes de vie. (Pour de nouveaux modes de vie. Conseil permanent de la Conférence des Évêques de France. 22 septembre 1982). Devenons missionnaires pour que le monde entende la parole divine et voit la Lumière.
À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu