Nos modes de vie dépendent des politiques mises en place. Quelle gouvernance se donner pour que nos convictions de base soient respectées ?

source de la photo - Le cercle de silence de Strasbourg, le 30 décembre 2021

 

Les cercles de silence se tiennent pour que des prises de conscience existent et que les décideurs politiques mettent en place des systèmes d’accueil respectueux des personnes. N’est-ce pas urgent de réfléchir sur l’orientation des élections ?

C’est dans ce cadre électoral que je recopie cet échange de courriel. Cela, me semble-t-il, invite à reprendre la page d’hier pour concrétiser la réflexion en se situant en dialogue avec les migrants.

 

Des cercles de silence de Strasbourg, Sylvie Zorn écrit :

« Lors de notre dernière réunion pour travailler sur la com. nous avons validé l’idée de proposer un cercle “alerte élections” au mois de mars (ou même avant). En effet, pour l’instant, aucun candidat n’évoque la question de l’immigration de façon positive. Mis à part Jean Luc Mélenchon. Aucun ne fait de proposition concrète : on cache la poussière sous le tapis sinon ne sont partagés que des “problèmes”, du rejet, de la xénophobie, ne faisant que générer de l’angoisse.

Et ceci même si pour nous cela correspond au tantième anniversaire des cercles. 

Nous pourrions partager sur les manières de communiquer ou les actions envisagées par les différents cercles, c’est un sujet primordial et il est grand temps de l’aborder. »

Combativement vôtre.

 

Philippe Chouard, cercle de silence d’Aix-en-Provence, écrit :

« Merci pour cette idée, je me demandais personnellement (nous n’y avons pas réfléchi au sein de notre cercle) s’il serait possible que l’ensemble des cercles de silence fasse une déclaration sur ce sujet - l’effet positif de l’immigration-, déclaration sous forme d’un communiqué de presse à l’intention de tous les candidats, hors extrême droite. »

 

Michel et Aude cercle de silence de Saint-Gaudens :

« À titre personnel, nous trouvons l'idée excellente, mais nous n'en avons pas non plus parlé au sein du cercle. Nous en parlerons lors du cercle de janvier (le dernier mardi) et vous communiquerons l'avis des participants ».

 

Chantal B., cercle de silence de Lyon :

« C'est une bonne idée. Car les  obsessions des Français sont COVID et  SÉCURITÉ. Nous pourrions nous rencontrer pour échanger entre personnes qui se sentent concernées. »

 

Catherine, cercle de silence de Versailles :

« Pour plus d'efficacité, ne faudrait-il pas interpeller par ce communiqué les candidats aux élections législatives de nos départements, plutôt que ceux à la présidentielle ?

 

Yves Grosset-Grange, Cercle de La Rochelle :

Je souscris totalement à cette dernière remarque : nous sommes tous focalisés sur la présidentielle comme si nous allions choisir le Roi qui serait le plus à même de satisfaire nos suppliques. Funeste dérive de nos inconscients ! Mais, in fine, les lois sont faites au Parlement ; c'est donc à nos futurs parlementaires, et aux candidat-e-s qu'il faut penser à montrer qu'il y a des Français qui pensent autrement que les xénophobes.

Mais comment s'organiser pour nous exprimer plus ouvertement avant les deux élections (d'avril, et de juin) ? Rude question pour un mouvement aussi peu structuré ! J'ai du mal à imaginer qu'on parvienne sans heurts à un communiqué national qui satisfasse toutes les sensibilités des membres des cercles...

Mais  les initiatives décentralisées des Cercles pourraient être collectées en vue d'une belle mise en scène de notre convergence ?

Pour ne pas perdre de temps au niveau du Cercle de La Rochelle, je suggérerai à mes collègues organisateurs locaux de travailler à une expression envers les médias locaux, si possible coordonnée avec les structures locales de la LDH, de la Cimade, etc. Cela ne nous empêchera pas de participer à une démarche nationale s'il y en a une.

 

Catherine Ferrey, St Julien en genevois 74 
Notre cercle n'existe plus malheureusement. Mais je suis extrêmement préoccupée comme vous même et certainement tous les membres des cercles de silence par cette vague de xénophobie diffusée par tous les médias !. Ma proposition est de participer à la recherche de SLOGANS ou photo parlantes qui pourront servir aux cercles qui le veulent. J'ai une photo dans l'esprit déjà dont la légende était : "l'amour plus fort que vos haines", lorsque l'association l'AMOUR AU BAN" existait. Je la recherche. 

 

 

Par ailleurs.

• À Strasbourg, un reportage France 3. Les cercles de silence, la protestation sans paroles pour réveiller les consciences face au traitement réservé aux étrangers.

• Le 9 janvier 2022, Philippe Chouard écrivait, au lendemain du cercle de silence d’Aix-en-Provence :

« Les premiers jours de janvier, période des souhaits, nous réduisent cependant à n’émettre, une fois de plus, que des vœux pieux à l’intention des migrants qui souhaitent obtenir une protection - statutaire ou pas - dans nos contrées européennes.

Nous ne voyons pas en effet la situation de l’accueil s’améliorer pour eux d’une année sur l’autre, bien au contraire, et le rapport de force qui pourrait changer la donne semble hors de portée pour l’instant…

Le rejet des exilés sous prétexte d’invasion ou d’insécurité n’est cependant pas aussi répandu que certains médias et réseaux haineux voudraient le faire croire, de nombreux témoignages de solidarité montrent qu’il n’en est pas ainsi, mais en France cela reste exclusivement du ressort d’initiatives locales dans le cadre par exemple de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA) ou de coordinations associatives telles, pour n’en citer que quelques-unes dans la Région PACA, l’organisation Roya Citoyenne, le Réseau Hospitalité à Marseille, le Refuge Solidaire à Briançon, AGIR dans le Pays d’Aix et le Pays d’Aigues.

Les autorités s’activent plutôt de leur côté à démanteler les campements, à enfermer, à refouler, à élever des barrières au sein de l’Europe comme à ses frontières, tout cela en totale contradiction avec les droits humains fondamentaux.

Quelques exemples :

À Calais, les opérations policières d’expulsion des campements de migrants ont lieu toutes les 48 heures. Les associations d’aide aux migrants dénoncent cette politique de harcèlement qui n’apporte aucune solution sur le long terme.

Frontex, un avion militaire danois, avec ses radars et ses caméras vidéo infrarouges de très haute résolution, vient compléter le dispositif aérien de lutte contre les passages clandestins dans la Manche. Il a détecté le départ de 125 migrants la nuit du 15 au 16 décembre dernier… On ne sait si les services de secours ont été prévenus de part et d’autre de la Manche et s‘ils se sont ou non renvoyé la balle, comme dans la tragique nuit du 24 novembre, en raison de la mésentente persistante entre les gouvernements britanniques et français sur la question des flux migratoires.

Frontex toujours, l'agence européenne est mise en cause par une enquête de plusieurs médias réalisée en octobre dernier, enquête selon laquelle ses agents ont été impliqués dans plusieurs incidents de refoulement de bateaux de demandeurs d'asile en mer Égée, entre la Turquie et la Grèce. Les investigations menées "montrent pour la première fois que les responsables de Frontex sont conscients des pratiques illégales des gardes-frontières grecs, et sont en partie impliqués dans les refoulements eux-mêmes" d’après l’enquête du journal Der Spiegel. 

Et pourtant, ces pratiques sont d’une parfaite inefficacité, elles sont parfois très meurtrières et incitent les exilés à prendre de plus en plus de risques, car on voit bien que malgré les mauvais traitements, les naufrages et les refoulements illégaux, ils continuent de tenter leur chance ce qui prouve manifestement qu’ils n’ont pas d’autre choix.

Il est essentiel plus que jamais de manifester notre opposition à une politique qui ne cesse de se durcir et de montrer que nous sommes solidaires de ces enfants, de ces femmes et de ces hommes qui cherchent tout simplement à vivre en paix.