Joseph, voilà qu’après ces péripéties tu disparais. Les Écritures ne parlent plus de toi. Mais où es-tu lors de la crucifixion de Jésus ?

Publié le par Michel Durand

 Songe de Joseph et Fuite en Égypte, peintures murales romanes dans l’église Saint-Aignan de Brinay (Cher).

Songe de Joseph et Fuite en Égypte, peintures murales romanes dans l’église Saint-Aignan de Brinay (Cher).

source de l'image : article à lire , Joseph et ses divins songes (LaCroix)

 

La revue trimestrielle du Prado, Quelqu’un parmi nous, doit paraitre dans quelques jours en mai. Le thème de ce numéro est « Saint Joseph ». Nous avons reçu de nombreux articles. Tous d’une grande originalité. Celui que je dépose en ce lieu mérite d’être remarqué.

 

Lettre à saint Joseph

 

Lorsque je me penche sur ta vie, je me dis qu'elle n'a franchement pas été des plus simples. Voilà que tu as été embarqué dans une histoire dont tu ne songeais certainement pas. Quelle drôle d'idée qu'a eu Dieu de te donner le devoir d'accepter en mariage une femme, qui t'était promise, mais voilà, qui porte en elle un enfant qui n'est pas de toi. Non seulement il n'est pas de toi, mais en plus sa conception est on ne peut plus mystérieuse. Dans quoi t'es-tu engagé mon pauvre Joseph ? Tu n'étais alors qu'un simple charpentier et te voilà missionné par un ange d'une sacrée mission. Une mission que tu vas cependant prendre avec cœur et te voilà donc engagé dans une grande aventure.

Arrive le moment où, Marie, ton épouse va enfanter. Bien évidemment vous n'êtes pas chez vous, mais en route pour le recensement. Et, en plus, pas moyen de trouver un lieu pour être hébergés afin que Marie puisse accoucher dignement. Alors ce sera dans une petite bergerie que Marie va mettre au monde cet enfant mystérieux. Je ne sais pas quel fut ta réaction, mais je pense que, comme tout père, tu as éprouvé un sentiment de bonheur.

Et puis, voilà que des gens de la haute société, comme on dit, viennent de loin pour se prosterner devant l'enfant. Oui, des mages sont venus de loin rien que pour voir, mais aussi se prosterner devant cet enfant. Et en plus, ils viennent les bras chargés de précieux cadeaux. Au fond de toi, tu as certainement dû te poser beaucoup de questions…

En songe, tu apprends que l'enfant est en danger. Le roi Hérode fait tuer tous les jeunes garçons de moins de trois ans, par crainte de perdre son trône. Alors, comme tout père le ferait, tu le protèges, parce que ce rôle t'appartient. Non, ce n'est pas Marie qui a été prévenue, c'est toi. Alors sans attendre, avec Marie et l'enfant, tu prends la fuite. Tu as joué ton rôle de protecteur.

Comme le veut la Loi, tu dois présenter Jésus, puisque tel est le nom de l'enfant, au Temple. Au cours de ce rite, avec Marie, tu rencontres alors Siméon et la prophétesse Anne qui, tous deux, se réjouissent de recevoir l'enfant. Avec Marie, tu te réjouis de ce que disent ces deux personnes, mais en comprends-tu le sens ? Je ne le sais pas. Puis, tu retournes en Galilée, au village de Nazareth où Jésus va grandir.

J'imagine que pendant ces douze années de l'enfance de Jésus, sur lesquelles les textes ne disent rien, tu t'es occupé de lui. Sans doute lui as-tu appris à lire, à écrire, à compter, comme un bon père. Oui, tu l'as sûrement choyé !

Les années sont passées, nous te retrouvons avec Marie et Jésus qui a donc maintenant douze ans. Comme c'est la règle, il est assez grand pour vous suivre à Jérusalem, pour la fête de la Pâque. Et voilà qu'au retour, Marie et toi, vous vous apercevez que Jésus n'est pas là. Quelle frayeur, quelle angoisse ! Mais où est Jésus ? Sans attendre, avec Marie, tu retournes à Jérusalem et vous le retrouvez, dans le Temple. Et il ne semble même pas vous attendre. Non, il est là, assis au milieu des maîtres de la Loi : il les écoute et les interroge. Tous ceux qui l'entendent sont étonnés de son intelligence et de ses réponses. Comme tous parents, en le voyant, vous êtes très émus et surtout rassurés de l'avoir retrouvé sain et sauf. Pour autant, Marie lui demande une explication : « Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi nous te cherchions, très inquiets. » La réponse de Jésus n'était certainement pas celle à laquelle vous vous attendiez : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être chez mon Père ? » Comment as-tu pris cette réponse ? Voilà maintenant douze ans que tu t'occupes de Jésus et voilà quelle est sa réponse. Me vient alors cette question : comment Jésus t'appelle-t-il ?

Comme Marie, tu n'as certainement pas compris une telle réponse. Peut-être même t'a-t-elle peiné ? Et vous repartez ensemble à Nazareth. Par la suite, nous disent les textes, Jésus continua à vous obéir. Marie, pour sa part, garde tout cela dans son cœur.

Et toi ? Je ne t'imagine absolument pas passif face à tous ces derniers événements. Jésus, lui, grandit en sagesse, en âge et en grâce, aussi bien devant Dieu que devant les hommes. Tu dois être fier de lui.

Et voilà qu'après toute cette période, toutes ces péripéties tu disparais. Terminé ! Les Écritures ne parlent plus de toi. Mais où es-tu lors de la Passion et de la crucifixion de Jésus ? Marie, elle, était au pied de la croix, mais toi ? Pourquoi ce n'est pas toi qui as aidé Jésus à porter sa croix ? Pourquoi ce n'est pas toi qui l'as descendu de la croix pour le mettre au tombeau ? Dois-je croire que tu as abandonné Jésus à son triste sort ? Après tout cet enfant n'est pas de toi. Pourtant le fait de l'avoir protégé, choyé, éduqué durant toute son enfance, son adolescence fait que, quelque part, tu es son père. Je pense même que, comme tout père, tu as souffert de voir cet enfant que tu as élevé subir un tel sort. Ce n'est pas possible, tu n'as pas pu rester indifférent. Personnellement, je suis convaincu que tu étais là et que, quelque part, dans le silence et dans la douleur tu priais Dieu d'aider Jésus dans ses souffrances. Oui tu étais là, les yeux remplis de larmes, impuissant. Tu accompagnais Jésus dans ses douleurs, tu accompagnais Jésus dans sa mort, tu le redonnais à son Père qui te l'avait confié.

Et comme hier tu as veillé sur Jésus, aujourd'hui, tu veilles sur chacun d'entre nous, dans le silence où tu nous rejoins dans la prière.

 

Ludovic

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D
Analyse très littérale du texte …<br /> Il semblerait que les exégètes trouvent que tout ce qui concerne l’enfance de Jésus n’est guère historique…<br /> Alors qu’en conclure ?
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M
Vous êtes trop gentil, Dieudonné. Ce n'est pas : il semblerait... Tout ce qui concerne l'enfance de Jésus dans les évangiles n'a rien d'historique. Les exégètes depuis très longtemps ont montré que Luc cite l'ancien testament pour parler de l'enfance du Christ. Ludovic n'est pas exégète. Comme dans un poème il laisse aller son imagination. Son expression dépasse largement, en possible vérité, les écrits apocryphes. Il n'est pas dans la vérité mais dans l'imaginaire. Peut-être il se voit en Joseph.