Si les gens se souciaient les uns des autres, des impacts sur le long terme, n’importe quel gouvernement pourrait créer un avenir meilleur
Un ami vient de me donner un livre de Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie. Je me lance immédiatement dans la lecture car il me semble que cet appel à vivre en ermite loin de toute forme de confort est bien le traitement dont, européens, nous aurions besoin. Il y a pourtant un point que je ne partage pas. La boisson de vodka et les fumées de cigare.
Dans cette période d’élection où l’on constate qu’une large majorité de citoyens souhaite que rien ne change, j’estime que les réflexions de l’ermite laïc, Sylvain Tesson, sont très appropriées. Il importe de ne rien faire pour découvrir pour quoi, pour qui nous vivons.
En tournant les pages du livre, il me semble l’avoir déjà lu. Je connais déjà cette vision du lac Baïkal. Peut-être ai-je vu un reportage, un documentaire sur Arte ? Je découvre une vidéo chez Dailymotion. Voir ci-dessous.
Sylvain Tesson, l’énergie vagabonde, sera à Lyon le jeudi 2 juin : à l’Ucly, salle Alain Mérieux, 10 place des Archives Lyon 2e
Bref, je me retrouve dans cette lecture, car elle est invitation à réfléchir sur une vie autre.
Hier, Jean-Paul, dans sa revue de presse, dépose un article qui parle de l’impossibilité de continuer à exploiter la Terre comme nous le faisons. Il est du reste trop tard. La catastrophe est devenue inévitable. Je donne à lire cette page - en fichier PDF.
Et, en une dramatique période électorale où le seul vote honnête me semble être le bulletin blanc, toutes ces pensées, méditations et réflexions me sont revenues, alors que je lisais la page 49 de « Dans les forêts de Sibérie ».
« 22 février. Une fuite, la vie dans les bois ? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital. Un jeu ? Assurément ! Comment appeler autrement un séjour de réclusion volontaire sur un rivage forestier avec une caisse de livres et des raquettes à neige ? Une quête? Trop grand mot. Une expérience ? Au sens scientifique, oui. La cabane est un laboratoire. Une paillasse où précipiter ses désirs de liberté, de silence et de solitude. Un champ expérimental où s'inventer une vie ralentie.
Les théoriciens de l'écologie prônent la décroissance. Puisque nous ne pouvons continuer à viser une croissance infinie dans un monde aux ressources raréfiées, nous devrions ralentir nos rythmes, simplifier nos existences, revoir à la baisse nos exigences. On peut accepter ces changements de plein gré. Demain, les crises économiques nous les imposeront.
La décroissance ne constituera jamais une option politique. Pour l'appliquer, il faudrait un despote éclairé. Quel gouverneur aurait le courage d'imposer pareille cure à sa population ? Comment convertirait-il une masse à la vertu de l’ascèse ? Convaincre des milliards de Chinois, d'Indiens et d'Européens qu'il vaut mieux lire Sénèque qu'engloutir des cheeseburgers ? L'utopie décroissante : un recours poétique pour individus désireux de se conformer aux principes de la diététique.
La cabane est un terrain parfait pour bâtir une vie sur les fondations de la sobriété luxueuse. La sobriété de l'ermite est de ne pas s'encombrer d'objets ni de semblables. De se déshabituer de ses anciens besoins.
Le luxe de l'ermite, c'est la beauté. Son regard, où qu'il se pose, découvre une absolue splendeur. Le cours des heures n'est jamais interrompu (sauf l'accident d'avant-hier). La technique ne l'emprisonne pas dans le cercle de feu des besoins qu'elle crée.
La partition du recours aux forêts ne peut se jouer qu'à un nombre réduit d'interprètes. L'érémitisme est un élitisme. Aldo Leopold ne dit rien d'autre dans son Almanach d'un comté des sables dont j'ai commencé la relecture ce matin, sitôt le poêle allumé : « Toute protection de la vie sauvage est vouée à l'échec, car pour chérir nous avons besoin de voir et de caresser et quand suffisamment de gens ont vu et caressé, il ne reste plus rien à chérir. » Lorsque les foules gagnent les forêts, c'est pour les abattre à la hache. La vie dans les bois n'est pas une solution aux problèmes écologiques. Le phénomène contient son contre-principe. Les masses, gagnant les futaies, y importeraient les maux qu'elles prétendaient fuir en quittant la ville. On n'en sort pas. »
6 mois de cabane au Baïkal
Hier, Jean-Paul, dans sa revue de presse, dépose un article qui parle de l’impossibilité de continuer à exploiter la Terre comme nous le faisons. Il est du reste trop tard. La catastrophe est devenue inévitable. Je donne à lire cette page - en fichier PDF.