En pensant à la journée du 20 septembre 2022, journée mondiale du migrant et du réfugié, construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés
Lecture du livre du prophète Amos : 6. 1 à 7 : « La bande des vautrés n’existera plus »
Psaume 145 : « Heureux qui s’appuie sur le Seigneur son Dieu »
Lecture de la première lettre à Timothée : 6. 11 à 16 : « Garde le commandement jusqu’à la Manifestation du Seigneur »
Évangile selon saint Luc : 16. 19 à 31 : « Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance »
« Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus ».
Nous connaissons ce proverbe, Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Je nous invite à nous poser personnellement cette question : voulons-nous vraiment entendre, par exemple, ce qu’a dit François le 22 septembre dans la salle paul VI à 600 employés d’une entreprise mondiale d’audit et de conseil. « Reconnaissant leur influence, François leur a rappelé leur responsabilité dans la bonne gestion des entreprises et des institutions publiques en gardant à l’esprit cette question : quel monde voulons-nous laisser à nos enfants et petits-enfants? En prenant en compte un nouveau paradigme basé sur l’inclusion, la sobriété, le soin et le bien-être ».
Certes nombreux parmi nous, ne se trouvent pas dans cette situation de responsabilité. Mais quand même, à notre niveau, avec nos voisins de paliers, n’avons-nous pas à nous interroger sur notre vision de l’avenir. Aurions-nous assez d’intelligence pour voir le mal agir parmi nous et pas assez de force, ou d’audace, pour y porter remède ? Voyons-nous la catastrophe venir inexorablement tout en concluant, après moi le déluge, je m’en lave les mains ?
C’est la question, d’une certaine façon, que je me pose quand je reçois une demande de don pour en terminer avec les problèmes de la faim dans le monde. « En Somalie (et ailleurs) les enfants meurent de faim à nouveau ».
Ce serait bien que l’on puisse en discuter par groupe de 6 pendant 60 minutes. Mais, hélas, ce n’est pas le cas dans le cadre d’une eucharistie. Je nous adresse alors une invitation à organiser de telles rencontres pour scruter, avec nos proches, nos modes de vie. Je cie Laudato si, N° 196 :
La logique qui ne permet pas d’envisager une préoccupation sincère pour l’environnement est la même qui empêche de nourrir le souci d’intégrer les plus fragiles, parce que « dans le modèle actuel de ‘succès’ et de ‘droit privé’, il ne semble pas que cela ait un sens de s’investir pour que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie »
Et nous en venons au pauvre Lazare. Le seul à être nommé dans la parabole. Le plus important.
Nous savons que le genre « parabole » est utilisé pour tenter de dire des choses à des personnes (je me répète) qui ne veulent pas ou ne peuvent pas entendre l’évidente nouveauté. La parabole du riche et du pauvre Lazare pourrait se traduire aujourd’hui en parabole du PDG qui, dans son bureau dialogue par téléphone mobile avec le pauvre touareg, Juba, maire du village qui se lamente de voir l’exploitation de l’uranium souiller l‘eau du pays.
À l’époque de Jésus, il y avait des contes sur l’ascète et le bouffon, des fables à propos du pauvre et du riche. Un conte égyptien exprimait que celui qui faisait le bien sur terre recevrait le bien dans l’au-delà et, à l’inverse, celui qui faisait le mal n’était pas bien reçu dans l’au-delà. (Voir André Sansfaçon, prêtre canadien).
Chez les Juifs, il y avait aussi un conte qui impliquait un scribe, celui qui copiait les textes religieux, et un riche publicain qui faisait la collecte des impôts et des taxes. Dans l’au-delà, le scribe vivait dans une oasis tandis que le riche publicain vivait près d’une rivière où il voyait l’eau constamment, mais il ne pouvait y étancher sa soif.
À sa manière, Jésus reprend ce type de conte et en fait une parabole. Il a campé ses personnages pour en dégager cette leçon : L’amour et le partage sont nécessaires à celui qui veut suivre la pensée de Jésus.
François de Rome précise que c’est ainsi qu’agissent les responsables d’entreprises qui ont une vision intégrale : « le travail digne des personnes, le soin de la maison commune, la valeur économique et sociale, l’impact positif sur les communautés sont des réalités qui sont connectées entre elles ». « Aucun profit n’est légitime quand disparait de l’horizon la promotion intégrale de la personne humaine, la destination universelle des biens et l’option préférentielle pour les pauvres » et « le soin de notre maison commune ».
Par cette parabole, Jésus lance donc un appel à l’amour qui n’est vrai qu’avec un partage authentique. L'humain doit vivre le partage sur cette terre, car, à sa mort, il ne pourra pas recommencer sa vie.
Le riche, dont on ne connaît pas le nom car il est comme sans importance, aurait bien aimé que des signes soient envoyés aux membres de sa famille, des riches comme lui. Or les signes existaient. Il y avait Abraham, les prophètes et toute la loi, mais ils ne les écoutaient pas. Même si un mort revenait, ses frères ne seraient pas convaincus.
Je dis cela en pensant à la journée du 20 septembre, journée mondiale du migrant et du réfugié, construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés. Une célébration œcuménique s’est tenue dans le Temple de la rue Lanterne à Lyon.
Voir ceci : la journée mondiale du migrant et du réfugié
Message du pape Fançois
Et dans La Croix
Soyons attentifs, compatissants et agissants envers les Lazare de notre monde.
* L’artiste a représenté la parabole de droite à gauche : à droite, le riche fait bombance. Au centre, Lazare meurt alors que des chiens lèchent ses plaies, et un ange emporte son âme au ciel ; Abraham porte l’âme de Lazare dans son sein. A gauche, un sage montre les écritures : Moïse et les prophètes vous ont avertis, n’attendez pas d’autres messagers ! Voir ici.