Il nous arrive de nous voir dans un climat de guerre alors que celle-ci s’éternise dans une autre contrée que la notre
Source de la photo, article à lire : autre regard sur la guerre en Syrie
L'autre.
Nous devions nous trouver en Syrie, je pense – j'étais dans ce garage sombre et plus ou moins délabré, lorsque je vis tout à coup cet homme dans l'encadrement de la porte.
Sur le moment, je ne compris pas bien son intention ; il me regardait assez fixement je dois dire, et je ne parvenais pas à déterminer ses sentiments à mon égard.
Lorsqu'il s'avança lentement mais d'une manière tout à fait décidée vers moi, je ne me fis alors plus aucun doute sur ce qu'il avait en tête.
Il était de grande taille – peut-être 1 mètre 90 – tout à fait athlétique, plus jeune que moi, disons la quarantaine… je ressentais là, le fait d'avoir à faire à un homme de guerre, qui a tout vu, et peut-être bien tout fait, encore… Que pouvais-je donc lui opposer comme illusoire résistance ?
Absolument aucune.
Sans bien même qu'il ait eu besoin de me le dire par la parole ou par un signe de tête, je su immédiatement qu'il me fallait lui obéir dès à présent : de A à Z.
Constituais-je un butin de guerre, une forme d'otage ?…. peut-être bien.
Bref : nous quittions cet endroit sombre pour nous trouver dans un extérieur urbain… le ciel d'un bleu profond, et rendu presque noir, était percé d'un soleil très intense.
Je n'étais alors traversé d'aucun sentiment particulier : pas de peur ; encore moins de terreur…Pas de colère, de dépit ou de ressentiment ; non.
Et puis : je ne me souviens plus exactement combien de temps nous avons marché dans la ville, déambulé de quartiers en quartiers, presque comme des visiteurs, de singuliers touristes… Et, comme le brouillard finit immanquablement par se dissiper et fondre face à un soleil ardent : des sentiments sont nés entre lui et moi, des sentiments nouveaux ; nous nous reconnaissions hommes, humains… pleinement humains et, finalement, ayant besoin de l'un tout comme de l'autre dans ce qui paraissait pourtant bien être une forme d'errance.
En somme : nous étions devenus amis, frères – presque les meilleures amis du monde.
Ho !... si vous saviez – comme c'était beau !
(Rêve ce de cette nuit)
Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 26 mai 2021.