Nous voulons que soient respectés les droits humains des migrants, exilés et réfugiés ; que soient financés les sauvetages en Méditerranée
Le dimanche 9 octobre 2022, place Saint-Pierre, à l’eucharistie de canonisation des bienheureux Giovanni Battista Scalabrini et Artemide Zatti, François pose la question ?
«Recevons-nous les migrants comme des frères et sœurs ?»
Bien évidemment non, même si quelques dizaines de militants font tout ce qu’ils peuvent pour vivre dignement cet accueil.
En France, en Europe, nous continuons à ne pas accueillir dignement. Nous ? C’est-à-dire les « exécutifs », les décideurs que nous avons élus. Pour accueillir dignement, il est question d’en prendre les moyens, de prévoir. Les États ne font que répondre aux pires situations que rencontrent les exilés et déclarent que certains doivent obligatoirement quitter le territoire où ils se trouvent. « Ils n’ont pas vocation à vivre chez nous ! »
Actuellement le plus grand drame visible se voit dans des migrants interdits d’entrer dans un port. Certes, les pays les plus au Sud ne peuvent pas résoudre à eux seuls les problèmes rencontrés. C’est toutes les nations qui sont concernés.
Improvisant dans son homélie (voir ici), François a eu une pensée très forte pour les migrants. Leur exclusion « est scandaleuse et criminelle. Elle les fait mourir avant nous », a-t-il lancé, rappelant une nouvelle fois comment la Méditerranée est devenu « le plus grand cimetière du monde ». « C'est un péché, un crime », ajoute-t-il. Le Pape exhorte à leur ouvrir les portes. « Non, on ne les exclut pas, on les envoie ailleurs : dans les camps, où ils sont exploités et vendus comme esclaves. Frères et sœurs, aujourd'hui nous pensons à nos migrants, ceux qui meurent. Et ceux qui sont capables d'entrer, les recevons-nous comme des frères ou les exploitons-nous ? Je vous pose la question ».
Le Pape a aussi fait allusion aux réfugiés ukrainiens en particulier : « Il y a une migration en ce moment, ici en Europe, qui nous fait tant souffrir et nous pousse à ouvrir nos cœurs : la migration des Ukrainiens qui fuient la guerre. N'oublions pas aujourd'hui l'Ukraine martyrisée ! »
À propos de ce que des exilés subissent en Méditerranée, SOS Méditerranée écrit (3/11/22) :
Chers amis,
À l’heure où nous vous écrivons, les 234 personnes secourues par les équipes de l’Ocean Viking fin octobre sont toujours en attente qu’un port sûr leur soit attribué pour débarquer. Certaines sont en mer depuis maintenant 13 jours.
Alors que les conditions météorologiques se dégradent et que nos provisions à bord diminuent, la situation sur l’Ocean Viking se détériore gravement.
Au total, près de 1000 personnes à bord de trois navires humanitaires sont ainsi abandonnées à leur sort malgré nos demandes répétées auprès des autorités compétentes en Italie et à Malte.
Et les dernières prises de position du nouveau gouvernement italien sont inquiétantes. Le 25 octobre, le ministre de l’Intérieur annonçait dans les médias avoir émis une directive avertissant les forces de police et les autorités portuaires que son ministère évaluerait la « conduite » de nos navires de sauvetage afin d’adopter une interdiction d’entrée dans les eaux territoriales.
À ce jour, nous n’avons reçu aucune communication officielle sur une telle décision – néanmoins, nous sommes confronté.e.s à un blocage total en haute mer et une interdiction implicite d’entrer dans les ports italiens, aucun signe positif ne laissant présager à ce stade de la désignation imminente d’un port sûr.
Face à ce silence, pour la première fois, nous avons officiellement demandé aux autorités maritimes françaises, espagnoles et grecques d'intervenir auprès de leurs homologues italiennes et maltaises afin de faciliter le plus vite possible le débarquement dans un lieu sûr.
Il y a urgence : 234 vies sont en danger, et il est inacceptable qu'elles soient instrumentalisées dans des débats politiques.
C’est en pensant à toutes les situations de ce genre que j’ai rédigé l’encart du tract qui sera distribué mercredi prochain au cours du cercle de silence de ce mois de novembre.
En avril 2012, on comptait 170 cercles de silence en soutien aux réfugiés/émigrés. Voir la Voix du Nord. Il y en a aujourd’hui une trentaine.
Voici le tract de deux cercles de silence :
Cercle de silence de Pezenas 3/11/22 :
Nous sommes des citoyennes et des citoyens indignés par le non-respect des Droits des migrants et demandeurs d'asile, leur enfermement, y compris des enfants, en centres de rétention (CRA) comme à Sète et l'abandon de jeunes mineurs étrangers, tout cela en violation des Conventions internationales signées par la France.
NOUS VOULONS :
Que soient respectés les droits humains des migrantes/migrants et demandeurs d'asile en France et en Europe ;
Que l'Europe finance les sauvetages en Méditerranée plutôt que les murs aux frontières et les refoulements illégaux ;
Que la France devienne un pays où les migrants sont accueillis et où les Droits Humains et le droit d'asile sont respectés.
NOUS REFUSONS :
Que l'Europe et la France financent le renvoi dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, notamment en Libye, vers des centres de rétention inhumains des demandeurs-ses d'asile fuyant la guerre, les persécutions ou la misère ;
Que des êtres humains soient détruits par l'angoisse de l'expulsion ou la dislocation de leur famille une fois en France ;
Que des Mineurs Non Accompagnés (MNA) ou demandeurs d'asile, soient emprisonnés avec des délinquants adultes, ou mis à la rue sans ressource comme cela arrive trop souvent dans l'Hérault, au lieu d'être protégés et éduqués.
Cercle de silence de Bienne (Suisse) 2/11/22
La Méditerranée, le plus grand cimetière à ciel ouvert continue d’engloutir la vie d’êtres humains en quêtes d'avenir meilleur et morts dans l’indifférence et l’anonymat.
Les équipages des bateaux de sauvetage équipés par des ONG s’activent, de nombreux membres d’associations continuent sans relâche leur travail de terrain. Le Cercle de Silence s’entête lui à dire et répéter que « Nul ne gagnera en humanité à traiter les personnes exilées comme elles sont traitées... Il faut affirmer à temps et à contretemps que partager n’est pas perdre. C’est gagner. » (Mgr Olivier Leborgne, « Prière pour les temps présents », Seuil, 2022).
Il nous faut garder courage, persévérance et inspiration : notre action ne résout pas tout mais participe à sauver des vies.
Voici le tract que nous distribuerons à Lyon cercle de silence de Lyon :
cercle de silence à Lyon pour novembre 2022
Lire aussi : InfoMigrants - 3/11/2022 :
SOS Méditerranée demande l’aide de la France, la Grèce et l’Espagne pour débarquer 234 rescapés