Dire : Jésus propose une décroissance au profit d’une qualité relationnelle avec les pauvres et avec lui-même, est-ce maltraiter l’Évangile ?
Des responsables religieux, dont Mgr Marc Stenger, organisent une mobilisation contre le groupe pétrolier à Paris jeudi 25 mai. Jean-François Laville/PHOTOPQR/EST ECLAIR/MAXPPP
Voir Mgr Feuillet : « La décroissance est-elle un concept biblique ? » (article présenté ici dans quelques jours).
Source de la photo et de l'article
Pendant plusieurs jours, je rendrai compte de ce que La Croix publie à propos de l’indispensable engagement de tous vers une nécessaire décroissance. Voir l’engagement très concret de membres de l’Église m’invite, désormais, à rendre grâce. En effet, il y a plus de 10 ans, les membres engagés dans le groupe Chrétiens et pic de pétrole, promoteur d’une authentique décroissance économique, productiviste, étaient ridiculisés.
Enfin, « on » se rapproche avec réalisme de la réalité.
Mgr Marc Stenger, un évêque engagé au service de la justice climatique
Portrait Des responsables religieux chrétiens, musulmans, juifs et bouddhistes vont s’enchaîner au cœur de Paris ce jeudi 25 mai pour demander la suspension des projets pétroliers « mortifères » de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie.
Parmi eux un évêque français, Mgr Marc Stenger.
Vinciane Joly, le 25/05/2023 à 05:58
Des responsables religieux chrétiens, musulmans, juifs et bouddhistes vont s’enchaîner ce jeudi 25 mai au cœur de Paris pour protester contre les projets pétroliers de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie et demander leur abandon immédiat.
Cette action est orchestrée par GreenFaith, une organisation interreligieuse non gouvernementale qui vise à construire « un mouvement populaire et multiconfessionnel pour la justice climatique ».
« Alors que Total fait un choix destructeur, nous, croyants, posons un acte d’amour pour la terre, pour les populations, pour l’Homme », confie Mgr Marc Stenger, évêque émérite de Troyes. Il a déjà participé à une manifestation non déclarée devant une station du groupe pétrolier le 29 novembre dernier. « Le symbole de l’enchaînement n’est rien d’autre qu’un acte d’amour et de fidélité pour la terre qui nous est confiée », ajoute-t-il.
Engagé depuis plus de vingt ans pour la paix, Mgr Stenger, âgé de 76 ans, est vent debout contre les projets « mortifères » de TotalEnergies.
Ordonné en 1975 pour le diocèse de Metz, le jeune prêtre est tôt sensible aux thématiques environnementales : « la nature est un cadeau. Nous devons protéger cette ‘maison commune’ pour parler comme le pape François ». Précurseur, il s’est notamment engagé à Pax Christi, un mouvement catholique international pour la paix, notamment via la défense de la Création et de l’environnement. Il est aujourd’hui co-président de Pax Christi international et en charge des dossiers de l’environnement. « L’environnement est un chemin de paix, estime-t-il, a fortiori au niveau mondial ».
Le combat d’une vie
« Lorsque j’ai pris conscience que l’écologie était un combat pour l’Homme, c’est devenu extrêmement important, confie l’évêque émérite. Je me suis alors rendu compte que notre rôle d’homme, de croyant, de chrétien, dans mon cas d’homme d’Église, était de mener ce combat pour l’Homme et pour la vie ». Une prise de conscience qui l’amène à agir.
En 2005, soit dix années avant l’encyclique écologique Laudato Si, il dirige un ouvrage collectif intitulé « Planète vie, planète mort : l’heure des choix » (1) dans lequel il restitue l’écologie dans une perspective chrétienne.
Trois ans plus tard, en 2008, Mgr Marc Stenger publie Écologie et création - Enjeux et perspectives pour le christianisme aujourd’hui, chez Parole et silence. Dans cet ouvrage, il retrace l’histoire de la protection de la nature par l’Église, de saint François d’Assise à nos jours. Il montre la manière dont le christianisme refuse de sacraliser l’environnement mais l’articule avec le devenir de l’humanité.
Cet engagement en faveur de l’écologie est, selon lui, un « impératif catégorique pour le croyant ». « Partie prenante du monde, chaque croyant doit respecter l’homme et la vie. L’avenir de l’Homme ne se joue pas seulement dans la théologie du corps ou dans l’option préférentielle pour les pauvres, mais aussi dans son comportement vis-à-vis de la nature qui l’accueille », assure le prélat. « Notre environnement est le lieu naturel où nous pouvons dire notre vocation d’être fait à l’image de Dieu », affirme-t-il encore.
Une voix de l’intérieur de l’Église
Celui qui fut à la tête du diocèse de Troyes de 1999 à 2020 juge que ce combat est aussi « un grand devoir pour l’Église ». « Elle doit être attentive aux besoins de ce monde où l’Homme a vocation à habiter, à se construire et à rendre gloire à Dieu, son Créateur », plaide-t-il, à l’heure où l’Église de France rechigne à prendre parti sur des cas particuliers.
« Je constate qu’il y a beaucoup de gens et notamment de chrétiens qui attendent de l’Église qu’elle ait les ‘paroles de la vie éternelle’. Ils sont parfois déçus car ils estiment qu’elle ne répond pas suffisamment à leurs attentes et à leurs questions », regrette Mgr Stenger, pour qui l’Église est « légitime à être critique face au monde. »
« Qu’on ne croit pas pour autant qu’elle est absente à ce rendez-vous », nuance celui qui avait œuvré en faveur de la campagne « Pour une Église verte ». « Je ne suis pas le seul », martèle-t-il encore.
Un homme d’action et d’espérance
Mgr Stenger a donc choisi de s’enchaîner ce jeudi. Une manière de s’engager « corps et âme » pour demander à TotalEnergies la suspension du projet d'Oléoduc de Pétrole Brut d'Afrique de l'Est (EACOP) et du nouveau champ pétrolier Tilenga. Une nouvelle action qui vise à « toucher la multinationale », mais également la population. « Un moyen d’appeler à un sursaut des consciences ».
https://journal.la-croix.com/reader/253bbacb-dbc2-4a8c-ae0d-1b3663a41bc1?ojd