Pour la Parole entendue soit mise en pratique, concrétisée, il importe de se réunir en petit groupe afin d’en découvrir la dimension éthique

Publié le par Michel Durand

Manifestation devant le collège Jacques Twinger à Strasbourg

Manifestation devant le collège Jacques Twinger à Strasbourg

 

source de la photo

 

« La pluie fait germer la terre » (Is 55, 10-11)

Tu visites la terre et tu l’abreuves, Seigneur,
tu bénis les semailles (Ps 64)

« La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Rm 8, 18-23)

« Le semeur sortit pour semer » (Mt 13, 1-23) (Voir ici)

 

J’ai choisi la lecture longue, complète de ce passage de la vie de Jésus par l’évangéliste Matthieu. Nous y voyons le Nazaréen s’exprimer en paraboles. En fait, il y a deux parties dans cette proclamation de la Bonne Nouvelle.

La première partie est l’annonce à toute la foule présente sur la rive de la mer de Galilée.

Il me semble que cet enseignement se passe à proximité de Capharnaüm. La maison dont il est question peut être celle de Pierre, celle où aurait résidé avec Jésus le groupe des apôtres alors qu’ils étaient de passage à Capharnaüm. 

La deuxième partie est une homélie, une explication du message annoncé à l’aide de paraboles.

« Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur ». Verset 18

Matthieu reprend sous forme d’interprétation la proclamation de l’évènement que la parabole annonce en langage symbolique et que les disciples sont en train de vivre :

« vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! » Verset 16

Nous avons une relecture théologique et éthique du texte.

Entre ces deux parties il y a comme une justification de l’usage du genre parabole

« Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent… »

Et voici, je me permets, une nouvelle parabole, une mise à jour. Un soir, Jésus sortit dans les rues de la citée et observa une foule de jeunes se glissant au milieu des anciens (ainsi à la manifestation du 1er mai) et exprimant sauvagement leur colère. Ils semaient la haine, la colère. Ils détruisaient les symboles de l’argent, des banques, de la consommation, des magasins alimentaires, des lieux de convivialité, de vie civile : maisons de jeunes, écoles, mairies. Se sentant méprisés par l’air du temps, non écoutés par les décideurs, ils criaient leur mal-être par la destruction. Ils détruisaient leurs lieux de vie.

Or, des citoyens qui désapprouvaient tant de violence destructrice disaient : pourquoi détruire ce dont nous avons tous besoin ? Qu’est-ce que nous n’avons pas vu et qui provoque cette révolte de nombreux adolescent ? Alors Jésus répondit : vous êtes nombreux à avoir des oreilles pour ne pas entendre, des yeux pour ne pas voir. N’y a-t-il pas des dizaines d’années que les jeunes de certains quartiers se sentent rejetés, marginalisés ? Certes, poursuit Jésus, ce n’est pas dans votre quartier, bien que j’ai vu au début de la rue Saint-Maurice, une voiture entièrement brulée… mais c’est dans cette ville ». Et, citant une déclaration d’un groupe chrétien, Jésus souligne « qu’il est nécessaire de chercher à comprendre les causes des violences urbaines pour éviter qu’elles se reproduisent. Nous voyons depuis des années une nette dégradation des conditions de vie, tant économiques que sociales, au sein des quartiers populaires, générant un sentiment de discrimination et de relégation en certains lieux qui, malgré les plans de rénovation, se ghettoïsent ». Pour en lire plus, suivre ce lien.

 

De cette parabole imaginé, abusivement par mes soins, quelle homélie vais-je prononcée ?

Eh bien, la même que celle, avec Matthieu, il convient de faire. J’invite à relire la dernière partie de l’Évangile de ce dimanche.

« Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur. » Versets 18 à 23.

Il nous importe d’avoir une lecture théologique et éthique de la parabole. Éthique, c’est-à-dire une mise en pratique de l’enseignement de Dieu entendu ici sous le biais de la parabole.

L’évêque du Havre Jean-Luc Brunin nous aide à voir plus clair lorsqu’il écrit : « Les dispositifs successifs de la politique de la ville ont éloigné les lieux de concertation et de décision ». Il est important d’associer les habitants de ces quartiers en difficultés à l’élaboration de solutions vraiment globales. Il est important de bien voir, de ne pas être sourd. Il est urgent de croire en ce que l’on sait. Les impératifs de croissance économique ne peuvent se maintenir quand les plus petits des humains en sortent marginalisés, appauvris. Nous le voyons dans les hôpitaux. En ces lieux, comme ailleurs, l’éthique rejoint le théologique. Des équipes de révision de cie chrétiennes, des groupes de réflexions sont nécessaires pour cela. Je pense ainsi à un groupe de paroissiens lisant en semble l’intervention de Mgr Brunin. Voir encore ici.

 

Je reprends la parabole de Jésus avec l’image du semeur.

Connaissant les mystères du Royaume des cieux, le disciple du Christ n’est pas celui qui entend la parole du Royaume sans la comprendre. Il est

« Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, …

celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

Il met en pratique la Parole entendue.

 

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