Oui… le Juste – jamais – ne s'éteindra ! Pierre Bérégovoy, et fort heureusement : comme tant et tant d'autres encore… des Justes !

Publié le par Michel Durand

Oui… le Juste – jamais – ne s'éteindra ! Pierre Bérégovoy, et fort heureusement : comme tant et tant d'autres encore… des Justes !

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Oui… le Juste – jamais – ne s'éteindra ! Pierre Bérégovoy, et fort heureusement : comme tant et tant d'autres encore… des Justes !

 

Il y a longtemps que je n’ai pas déposé en ce lieu des textes de Jean-Marie Delthil. J’aime beaucoup son regard sur le monde, la nature et les humains. Il développe une façon d’écrire poétique dont je me sens incapable.

Et puis, ce texte nous rappelle que début octobre, le froid et l’humidité devait venir. Oublions-nous les couleurs d’automne ?

De suite après la parution de cette page, ma joie courriel reçoit ce message : « C'est quoi cet article. C'est n'importe quoi... Jusqu'à preuve du contraire, Pierre Bérégovoy n'a pas été assassiné mais s'est suicidé !

Meurtre ou suicide ? À ce jour, dans ma mémoire, le doute subsiste. Quoique… l’arme d’un meurtre ne pourrait-il pas être le suicide ? « Des rumeurs remettent régulièrement en cause la version officielle du suicide de l’ancien Premier Ministre de François Mitterrand. S’agit-il d’un suicide ou d’un meurtre déguisé ? (RTL;, 4 mai 2020).

Défaite des socialistes

« Nathalie Saint-Cricq : « On le savait dépressif ces derniers jours, Pierre Bérégovoy s'est suicidé aujourd'hui, il s'est tiré une balle dans la tête, il est mort peu après son transfert à l'hôpital de Nevers. Fidèle de François Mitterrand, âgé de 66 ans, Pierre Bérégovoy était comme l'on dit un autodidacte. C'est après la résistance en 1946 qu'il adhère à la SFIO, il gravit peu à peu tous les échelons et se retrouve en 1981 secrétaire général de la présidence avant d'obtenir en 1982 son premier portefeuille ministériel. Avril 1992, il devient premier ministre ».

Naufrage de la gauche aux élections législatives de mars 1993 : « Cette période électorale, il l'a mal vécue quand on a parlé du gouffre des comptes sociaux, avec les fameux 100 milliards qui sont à récupérer pour faire fonctionner la sécurité sociale. Il était très affecté de la façon dont, effectivement, on parlait de la façon dont il avait pu prendre les rênes. » Le passé l'emportait désormais sur le présent pour parler de Pierre Bérégovoy. « Homme apprécié des financiers et des grands patrons, c'était un parfait honnête homme comme on l'appelait, un négociateur hors pair ». Plus d'info : Ina

"Dans un nouvel ouvrage, "Mort de Pierre Bérégovoy : 20 ans de questions sans réponses" (éditions La Table Ronde), dont la sortie est prévue le 19 avril, Dominique Labarrière remet à plat les nombreuses questions restées sans réponses et apporte de nouveaux éléments". Plus d'info

 

TROIS BONNES RAISONS.

Il y a deux jours (16 novembre 2017), je me suis rendu à Nevers pour trois raisons – pour trois bonne raisons. J'avais en effet l'intention d'aller y acheter de la durit essence… d'assister à un concert de jazz… et puis d'aller me recueillir sur les lieux où Pierre Bérégovoy fut assassiné, il y a 24 ans, en 1993.

Let's go : je gare la voiture – il fait un temps très gris, humide et froid.

Après quelques centaines de mètres, je parviens au Parc Roger Salengro où de très nombreux collégiens participent à une grande course à pied… joie, encouragements, cris en tous sens !

Puis descente vers le quartier de la Gare… première boutique, un réparateur de moto, toutes marques… je connais un peu l'homme, selon lui, il me faudrait au moins faire la moitié de Nevers pour trouver mes durits… je n'insiste pas : il viens d'acquérir un belle Suzuki 750 GT de 1976… trois cylindres a refroidissement liquide – alors, l'amour des vieilles machines prends le dessus au cours de notre conversation.

Sortant de la boutique, il y a dix mètres plus loin un réparateur de scooter et autres mobylettes… l'homme est super, délicieux… il me fournit, en un large sourire, de la durit en trois diamètres différents pour un prix dérisoire…

Il ne faut donc pas tout prendre pour argent comptant, n'est-ce pas ?

 

Puis l'heure du concert arrive.

Maison de la Culture, sur les bords de la Loire.

Le temps est toujours aussi froid.

Ciel plombé.

Lionel Martin et Mario Stantchev s'y produisent… moment extraordinaire de simplicité et de talents partagés.

Une parenthèse d'effervescence, de profondeur et de Lumière !…

 

Pierre Bérégovoy

Il me reste ensuite à passer le Pont de Loire, et à me diriger vers ce que l'on nomme ici la 'Jonction' : le lieu où Pierre Bérégovoy fut assassiné.

J'y vais comme à un pèlerinage… Pierre Bérégovoy est pour moi comme un saint laïque – vous me pardonnerez l'expression… enfin : c'était un homme bien, vraiment très bien… très accessible, honnête, intègre, réellement au service de ses compatriotes, qui étaient plus que cela d'ailleurs… si souvent des amis !

Pierre Bérégovoy a laissé dans toute la région un très beau et noble souvenir.

C'était un homme éminemment bon.

Le Pont de Loire, donc… sur ma gauche, en contre-bas : deux canards quittent soudainement l'eau tranquille du fleuve où ils se trouvaient… deux ronds dans l'onde, tout d'abord distincts… puis se mêlant - sans jamais se confondre.

Rue de la Jonction ensuite, quartier pauvre, déshérité, relégué… puis le Chemin de Halage ; les restes d'une ancienne piscine, délabrée, qui en son temps fut belle.

Je suis le petit sentier qui longe le Bassin du Port de Nevers... sur ma gauche : un parking, la vue me plaît, je ne sais pas pourquoi…

Un homme se présente au loin, il se rapproche, il est là – il est du style Titi parisien, sympathique, petite moustache noire et fine, un chien à ses côtés.

- «  Excusez-moi… bonjour : je recherche l'endroit où se trouve une stèle… là où Pierre Bérégovoy s'est fait exécuter ?... »

- « Oui, c'est pas loin : vous suivez toujours sur le Chemin de Halage… et puis à deux ou trois cent mètres… vous verrez, c'est juste à gauche, le long du Canal » - Salutations.

 

J'y vais, en courant.

Des péniches sur ma droite.

Pas un chat.

Pas un souffle de vent.

Tout est calme.

Les arbres, par endroits, laissent leur poudre d'or sur le sol en témoignage de temps qui furent meilleurs.

Je coupe la Route de Sermoise… le chemin descend un peu.

Il n'y a aucun panneau indiquant la présence de la dite stèle - qui pourtant se trouve à présent à deux pas.

Quelques promeneurs au loin… je rejoint le niveau de l'eau – et là, tout à coup, très rapidement finalement, sur ma gauche, je trouve, un peu en retrait, cette modeste stèle de granit rose, au creux d'immenses platanes.

Dessus, il est inscrit :

« ICI LE 1er MAI 1993

UN JUSTE

A RETROUVE LA PAIX

PIERRE BEREGOVOY

1925 – 1993

DANS LA NUIT DE CE MONDE

LE JUSTE BRILLERA »

Oui… le Juste – jamais – ne s'éteindra ! 

 

Pierre Bérégovoy, et fort heureusement : comme tant et tant d'autre encore… des Justes !

En quittant les lieux, j'avais ce sentiment très présent en moi, très prégnant, je me disait intérieurement : « Si le ou les commanditaires, ainsi que les auteurs de ce crime, avaient ne serait-ce qu'une pointe de repentir, de regrets par rapport à ce qu'ils avaient fait… les points qui se desserrent – vous savez… juste un peu – hé bien ce serait suffisant je pense… ils se verraient ainsi relancés sur le chemin de la vie... »

C'était très clair… ça, en mon esprit…

Je passe à présent sous le Pont de la Route de Sermoise… deux pêcheurs trempent leurs lignes dans une eau plate, sans aucune une ride… les péniches…, puis l'antique piscine.

On y trouve des tags à foison – je note : « As good as it ever gets »… « Bon comme il n'a jamais été » : comme Pierre, et comme tant de personnes, encore…

« Lately - Lately »… « Récemment… ces derniers temps » : peut-être un peu plus de vérité ?!…

Un belle maison au volets bleus, avec un arbre d'or, se trouve sur la gauche… plus loin, alors que je me rapproche du rivage de la Loire, il y a une vue sur la ville, froide et distante.

J'avais cette phrase, tout en marchant, qui me revenait sans cesse : « How could it have been possible to do something like that ?! »… je ne sais pas si c'est du bon anglais, et une bonne traduction… « Comment a-t-il pu être rendu possible de faire une chose pareille ?!... »

C'est à présent le chemin qui longe la Loire, non loin de la Rue de la Blanchisserie, et qui mène au Camping.

Au loin : le Pont de Loire encadré d'arbres en fête et d'automne – et puis, à cinquante mètres de moi, je trouve, marchant, un couple se donnant la main.

Je crois que c'est ça qui l'emportera, vous savez… à la fin de tout, au bout de tous les comptes : c'est l'Amour qui l'emportera ! »

 

Jean-Marie Delthil. Bonny, le 18 novembre 2017.

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