Ravage de la drogue. Doucement, Viviane s’est laissée toucher et finalement guérir, sauver, par l’homme qui plus tard allait devenir son mari

Publié le par Michel Durand

Photo d'illustration : Photo de Foto Sushi sur Unsplash
Photo de fotosushi sur Unsplash

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Les récits de Jean-Marie sont de très beaux témoignages. Ils indiquent comment rencontrer les personnes, mêmes des inconnues, et invitent, indirectement, à le faire. Je suis content de donner à lire le texte qu’il m’envoya il y a deux mois : une page d’Évangile, voyez comme ils aiment les disciples du Christ !

 

 

Et d’avantage encore !…

 

Deux... et parfois d’avantage, encore.

Nous sommes ici à Megève.

Willy Ronis* était au bon endroit, au bon moment ; et ce fut également mon cas, voici une quinzaine d’années – alors que j’habitais encore la ville de Grenoble.

Mon ami Gabriel, au cours d’une conversation ordinaire, m’avait dit un jour, comme ça : - « Et puis tu sais, tu pourrais aller rendre visite à des connaissances – à un couple d’amis ».

Il ne m’en avait pas dit d’avantage, et j’avais dû dire « oui » guère plus empressé que celui ou celle qui va payer ses impôts ou bien alors ses dettes.

Bon.

Il me donne leur adresse, dans le quartier du Cours Berriat.

Deux ou trois jours plus tard : je les appelle au téléphone ; j’ai la dame, fort aimable…Je lui explique que c’est leur ami Gabriel qui s’est permis de me communiquer leurs coordonnées ; elle est ravie !

Quelques jour après, alors que je pousse la porte de leur appartement, je trouve une dame qui devait avoir dans les quatre-vingt ans, d’assez petite taille, fort aimable, très souriante et douce.

Elle me fait rentrer dans leur deux-pièces-cuisine et me présente son mari ; c’était, et dans un premier temps, lui que je devais rencontrer, de manière à l’aider dans certaines petites choses et démarches quotidiennes.

J’ai devant moi un homme grand, digne, assis dans un fauteuil roulant.

Le monsieur a récemment été victime d’un AVC assez sévère : il a presque perdu l’usage de la parole, il est partiellement paralysé, ses pensées sont parfois un peu confuses, mais il a pu tout de même garder et pratiquer sa passion première : le dessin, la peinture.

Quel joli couple ; quelles très jolies personnes !

Et puis voilà, au fil des semaines et des mois : nous sommes devenus amis ; des amis.

Nous échangions beaucoup, et sur toutes sortes de sujets – ils m’apprirent à un moment donné, au cœur d’une conversation intime, profonde, que leur couple s’était formé dans le courant des années 50, ou peut-être 60, je ne sais plus.

Et dans des circonstances assez particulières, en effet : Viviane, la dame, était tombée à l’époque, et comme l’on dit communément, dans la drogue.

Elle avait chuté, très sévèrement, et ne pouvait se relever seule – elle dégringolait irrésistiblement sur le fil de sa vie comme on aurait pu le faire sur la lame d’un couteau fortement aiguisée, et une fin lamentable et finalement mortelle était bien à prévoir… et tous deux s’étaient rencontrés comme ça, se sont rencontrés comme ça, par hasard, dans la rue, je crois.

Et tout doucement, Viviane s’est laissée toucher et finalement guérir, sauver, par cet homme qui plus tard allait devenir son mari.

Elle, l’infirmière, s’est laissée soigner, relever lentement, doucement et humblement…

Comme c’était beau !… comme c’était beau de les entendre me parler ainsi, se tenant la main, échangeant leurs regards, nos regards…

L’Amour inclut toujours, diffuse… il n’est jamais exclusif.

Quarante, cinquante années plus tard, au début des années 2000 : les rôles à présent s’inversaient, et c’était l’épouse qui portait et soutenait son adorable mari ; vous voyez ?…

Toujours dans la plus grande Tendresse.

 

Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 23 décembre 2022.

 

*J'imagine qu'il et question de celui-ci : Willy Ronis

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