Quand la retraite est bien préparée le moment de sa venue ne pose aucun problème, signale simplement la présence inévitable de la vieillesse

Publié le par Michel Durand

Photo de centelm sur Unsplash

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Me voici toujours attelé à la rédaction du prochain numéro de Quelqu’un parmi nous ayant pour thème la vieillesse, le vieillissement. J’ai déposé le 25 septembre une page donnant mon témoignage. Et j’ai recopié un article de Michel Rondet. Ce numéro 256 de Quelqu’un parmi nous sera marquant dans notre marche inévitable vers l’autre vie. De la mort à l’éternité. Voici aujourd’hui l’éditorial auquel j’ai pensé pour introduire à l’ensemble des témoignages et articles.

 

Vieillir...

Voilà que l’âge de la retraite est arrivée… ou arrive, invite à penser le thème de ce numéro de Quelqu’un parmi nous. Quand celle-ci fut sérieusement préparée, le moment fatidique de sa venue ne pose aucun problème. Elle signale simplement la présence prochaine et inévitable de la vieillesse. Comment celle-ci sera vécu ? Comment vivre le vieillissement ?

Il y a des gens, qui ayant travaillé toute la vie sous les ordres d’un chef, se trouvent fort dépourvus quand ils doivent, par eux-mêmes, organisés leurs journées. Ils se sont donnés à font à l’usine, sur le chantier ou autres lieux et se découvrent complètement vidés de toutes énergies, sans orientation dés les premières heures de la journées. Au moment de sortir de la chambre, du sommeil nocturne, ils n’aperçoivent devant eux que des heures vides. Guy Gilbert*, dans son livre, La vieillesse, un émerveillement, bien vivre son âge (édition Philippe Rey 2020), signale effectivement que « la retraite peut apparaître comme la promesse d’une autre vie, surtout quand on a eu un boulot éreintant, mais elle peut aussi être un cauchemar : on ne joue plus un rôle social, on perd son pouvoir sur les autres, son autorité son dynamisme. Je me souviens d’un ouvrier qui me disait : “Moi qui désirais tant la retraite, je suis complètement KO !” Certains ont tenu à la force du poignet, ou sur les nerfs, et d’un seul coût tout s’est arrêté. Toutes les facultés qu’ils avaient dû développer pour vivre, voilà qu’elles sont réduites à néant. Alors eux se sentent inutiles ».

Guy Gilbert parle aussi de la solitude, la terrible solitude et j’éprouve du plaisir à le citer dans cet éditorial. Voilà, d’une certaine façon, une invitation à lire sont ouvrage. « Parfois, écrit Guy Gilbert, le conjoint est mort, ou l’on est séparé. Quant aux enfants, ils sont partis depuis bien longtemps. Maintenant que toutes les chambres sont vides, la maison est trop grande. Cette baraque qui était pleine de vie n'est plus encombrée que de souvenirs et de toiles d'araignée. Bonjour, le temps passé à nettoyer, ranger et… tondre la pelouse ! Je connais des anciens qui pètent le feu, qui lisent des journaux tous les jours. Mais beaucoup d'autres abandonnent les projets auquel ils se consacraient. Se sentir vieux, c'est surtout sentir que diminue la relation au monde. Certes, il y a les misères physiques, mais les pires sont les épreuves de la solitude et l’humiliation de la dépendance…

C'est le temps de la suprême pauvreté, qui peut faire perdre le goût de vivre.

Si on est deux et qu'on s’aime, alors évidemment c'est différent. Mais si on s’est tolérés pendant trente ou quarante ans uniquement, parce que l’autre partait au boulot le matin pour revenir le soir… Et le week-end parce que le mari allait à la pêche, alors, bonjour, le huis clos ! Bonjour, l'angoisse ! On a bien quelques fleurs à soigner, un chat ou un chien à entretenir, mais ça ne va pas plus loin. La paresse arrive et, avec la paresse, l'ennui. C'est le moment de réagir et d’établir un programme strict, tout en acceptant vos limites. Ma vieille mère a jardiné jusqu'à quatre-vingt ans, elle adorait ça. Ce fut très dur pour elle, quand elle fut obligée d'arrêter, mais elle se lança dans d'autres occupations qui la passionnaient ».

Dans les témoignages que nous avons reçu, il se trouve que nous ne sommes pas sur le terrain de la terrible solitude. Nous constatons que le fait d’être proche de Dieu, de vouloir l’être - autrement dit d’être en recherche du Christ - tout cela rend plus paisible ce temps de vie dans la vieillesse. Certes, personne n’ignore. constate que l’on n’est plus comme avant. Mais ce n’est pas un drame.

 

 

* Prêtre-éducateur depuis 45 ans, Guy Gilbert, appelé aussi le curé des loubards, aide quotidiennement des jeunes en perdition.
Vieillir est un privilège... Et une grande source d'ennuis. Comment l'aborder avec joie et sérénité quand tout semble changer ? Eh oui, les gens parlent moins distinctement, les radiateurs semblent moins efficaces et les livres écrits plus petits. Et pourtant, si notre corps avance en âge et qu'il nous joue des tours à sa façon, on peut apprendre à conserver l'esprit jeune et l'humour (et l'amour) actifs, piocher dans la vie ce qu'elle nous offre de magique. Et non, ce n'est pas parce qu'on a 90 ans que l'on est inutile.

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