Une action synodale n’est-elle pas possible que quand la personne de la base se met à penser et à agir comme le souhaite le chef de l’Eglise

Publié le par Michel Durand

Une action synodale n’est-elle pas possible que quand la personne de la base se met à penser et à agir comme le souhaite le chef de l’Eglise

source de l'illustration 

 

Démocratie participative

Sans cesse nous souhaitons que tout aille pour le mieux.

Sans cesse nous observons que rien ne s’améliore. Un regard moins pessimiste dirait que, malgré tout, il y a aujourd’hui plus de fraternité, de respect d’autrui que dans le passé. Le verre à moitié plein remplace le verre à moitié vide.

Je me formule cette réflexion en pensant à la vie démocratique. Parce qu’elle va mal, d’autres adjectifs, des concepts complémentaires, sont ajoutés à ce mot. On parle ainsi de démocratie participative. Mais, la démocratie ne devrait-elle pas, de soi, être participative ?

Définition : La démocratie participative est une forme de partage et d'exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique dans le cadre de la démocratie représentative.

 

Le citoyen de la base souhaite que sa voix,
ses opinions soient vraiment entendues !

Nous percevons cette tendance y compris dans l’Église universelle (dite catholique). Le concept de synode sera alors utilisé. Désormais il n’est plus possible de proposer des éléments de réflexion sans qu’apparaisse le concept de synodalité. François de Rome est bien placé en ce domaine. On le cite souvent pour rappeler cette orientation. C’est tout le peuple des baptisés qui doit se sentir concerné. En effet, tous les fidèles du Christ sont aptes à s’exprimer sur la façon dont est vécu l’Évangile. L’ennemi numéro un de cette orientation synodale, invitation à vraiment marcher ensemble, n’est-il pas le cléricalisme ?

Facile à dire. Mais dans les faits, dans le concret du quotidien comment se vit la participation de tous ?

 

Patience

Que de temps il faut pour découvrir, obtenir ce que pensent les uns et les autres ! Que de réunions où l’on piétine sur des apports secondaires qui font oublier le but recherché ! La vie démocratique, participation de tous, demande beaucoup de patience et je dois, humblement, avouer ne pas arriver à demeurer présent et attentif à toutes les nuances d’un dialogue, d’un débat permettant la participation de tous.

Pour qu’une œuvre aboutisse, il faut que des décisions se prennent. Qui peut le mieux trancher pour que les paroles se concrétisent, sinon le chef. Un paroissien de Saint-Polycarpe me disait souvent : « il faut avancer, prendre une décision. Une entreprise ne peut pas fonctionner si tout le monde donne son avis. L’autogestion est un rêve. Le seul modèle valable est l’armée avec un chef qui commande. »

 

Urgence de l’action commune

Malgré tout ce que j’ai pu entendre de la part de gens qui se disent réalistes, il se trouve que je persiste dans l’idée de la participation de tous. Chacun apporte une pierre à l‘édifice selon ses charismes personnelles. Chacun agit spontanément sans qu’un ordre lui soit adressé. Et, s’il agit quelque peu avec originalité, aucun prétendu « chef » ne dira : non, ce n’est pas comme cela qu’il faut faire. La réalité du polyèdre (image chère à François) l’emporte que celle de la sphère, policée, uniforme, sans aridité, sans originalité.

En fait, selon mes observations, je suis tristement amené à dire qu’une action synodale est possible quand la personne de la base se met à penser et à agir comme le souhaite le chef de la prétendue pyramide. Pour qu’une réunion se passe rapidement et obtienne une issue fructueuse, il importe que les participants assument ce qu’envisage le dirigeant. Il y aura synodalité dans la mesure où les personnes de la base épousent, acceptent ce qui est présenté comme devant être pratiqué. Le cléricalisme a alors trouvé une nouvelle forme d’agir qui permet de demeurer efficace : par le dialogue, imprimer en chacun ce qui convient pour que nous agissions tous ensemble. Le chef suggère ce que la base doit penser ; alors cette dernière aura une participation convenable. Nous sommes loin de l’échange circulaire.

Démocratie participative ?

Synodalité effective ?

 

L’écoute

Pour sortir de mes interrogations, il n’y a que l’écoute. Écouter vraiment !

Écouter celui qui ne s’exprime pas, celui qui est trop pauvre pour s’exprimer facilement. Écouter celui qui est trop loin de la vérité, de l’Évangile pour pouvoir discerner ce qui s’impose dans la vie d’aujourd’hui…

Seulement, je constate que toute cette écoute prend énormément de temps ! Un temps enlevé à l’action à mener.

 

Étudier encore

Je ne suis pas certain de vraiment comprendre quel visage d’Église il importe de façonner pour aujourd’hui au service du monde. Comment se laisser modeler par l’Esprit Saint pour être véritablement à l’écoute de tous et à leur service afin de conduire à Dieu ?

C’est avec ce constat que je me donne à la lecture d’ouvrages en théologie. Le temps du retraité le permet heureusement. Ainsi, il y a peu, j’ai écrit, à des chrétiens du quartier avec qui je me retrouve pour lire Christoph Théobald, Le courage de penser l’avenir, ce courriel qui servira de conclusion à cette page de blogue :

Le sens de la foi des fidèles - Enjeux d'avenir d'une notion classique (Ch.XIII). Voilà une authentique page de théologie et d’historie de la théologie. Nous n’en aurons pas peur même si nous ne comprenons pas tout. Je trouve la fin du chapitre plus adéquat pour notre quotidien que les pages du début.

Comment les lire ?

Je réponds à cette question en me dirigeant vers ce qui m’invite à la conversion. Quitter le domaine de la compréhension pour rejoindre celui de la méditation. Qui est Dieu ? Que dire de la foi ?

L’oraison de l’office des laudes de ce matin : « Augmente en nous la foi, Seigneur : fais-nous la grâce de tenir, dans ce monde, notre devoir de louange et de service. »

 

Rendre grâce à Dieu et servir le frère.

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