J’exprime le désir que des historiens attentifs au vécu actuel des chrétiens m’expliquent comment des Églises peuvent ainsi sortir du monde

Publié le par Michel Durand

J’exprime le désir que des historiens attentifs au vécu actuel des chrétiens m’expliquent comment des Églises peuvent ainsi sortir du monde

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Nous sommes plusieurs, dans la ligne du colloque et journées d’études pradosiennes d’octobre 2023 à Lyon, à voir comment permettre à l’engagement chrétien dans la monde (le siècle) de ne pas sombrer dans l’oubli. La mémoire d’Antoine Chevrier ne peut disparaître, par exemple, derrière une orientation pastorale qui aurait tendance à favoriser les grands rassemblements cultuels exaltant la prière de louange. Non que celle-ci soit néfaste, mais que la tendance risque d’être excluante. Comment aujourd’hui exprimer la renommée de sainteté du fondateur du Prado ?

Nous parlons aussi du Père Alfred Ancel. Une exposition avec une douzaine de panneaux est à l’étude. En mai 2022, je m’exprimais déjà à ce propos. Ne pas oublier l’engagement populaire d’Alfred Ancel, évêque auxiliaire de Lyon et supérieur du Prado.

Il va sans dire que ce regard orienté par un futur possible m’invite à reprendre les études d’historiens. Je pense à Olivier Chatelan, à Paul Chopelin. Voir ici.

 

Bref, je relis des ouvrages que je découvre avec un nouveau regard. Je souhaite partager aujourd’hui, rédigé pour un colloque, le début de l’article de Jean-Dominique DURAND* intitulé : « Du Concile à aujourd’hui : une lecture d’un demi-siècle d’histoire lyonnaise du catholicisme ». Introduction à l’ouvrage : «  50 ans de catholicisme à Lyon 1965-2015. De Vatican II à nos jours », Bernadette ANGLERAUD, Valérie AUBOURG, Olivier CHATELAN. Édition Karthala 2016.

 

« Comme l'ensemble du pays, Lyon a connu de profondes mutations, économiques, sociales et bien sûr religieuses et des mentalités avec une forte sécularisation de la société, au cours des cinquante dernières années. Le point de départ proposé par le colloque invite à revenir sur les effets du concile Vatican Il à l'issue du long épiscopat du cardinal Gerlier de près de trente ans (1937-1965), auquel ont succédé jusqu'à aujourd'hui six archevêques, et pourrait induire une démarche chronologique. Cependant on se heurte vite à une double difficulté méthodologique.

La première vient de la rareté des études sur cette période qui relève de l'histoire du temps présent. On dispose de nombreux travaux sur le catho-licisme lyonnais du XIX® siècle et de la première moitié du XX° siècle, mais la production historique se raréfie dès lors que l'on passe au deuxième après-guerre, et plus singulièrement encore lorsque l'on aborde les années postconciliaires. On dispose de quelques articles dispersés de quelques mémoires de maîtrise ou de master, par exemple sur le cardinal Renard, le cardinal Decourtray, sur la réception du Concile, de témoignages comme celui du père Bernard Devert dans un livre d'entretiens publié en 2005. Les ouvrages de synthèse, comme celui dirigé par Jacques Gadille, sur le diocèse de Lyon, sont un peu datés, mais l'on doit se réjouir de la réédition avec mise à jour en 2006, du livre ancien de Jean Comby, L'Évangile au Confluent, publié en 1977. Les travaux d'Olivier Chatelan renouvellent la connaissance du diocèse de Lyon, à travers une double approche sociologique et historique. Les ouvrages récents sur la Primatiale de Lyon et sur la basilique de Fourvière comprennent des approches de l'histoire très contemporaine de l'histoire de ces joyaux du patrimoine lyonnais. Une partie de la période postérieure au Concile est abordée dans les actes du colloque de 2005 sur L'intelligence d'une ville**

La question des sources n'est pas la moins délicate : si diverses archives privées, notamment celles de la Chronique sociale de France, sont consultables aux Archives municipales de Lyon, les archives diocésaines ne le sont que jusqu'à la fin de l'épiscopat du cardinal Gerlier, soit 1965, et l'on sait que bien des papiers de personnalités, d'organisations ou de mouvements sont voués à la disparition ou au croupissement dans quelque grenier ou cave où la course de vitesse entre les historiens et certains rongeurs s'avère rude. C'est pourquoi il faut saluer les efforts de l'Université catholique pour répertorier et sauver ses propres archives, et le travail des professeurs Daniel Moulinet pour les archives de l'Université et Emmanuel Gabellieri à la Faculté de philosophie pour préserver les archives de grands penseurs lyonnais.

Une deuxième difficulté d'ordre méthodologique vient de la diversité des événements et des chronologies croisées que l'on peut observer. J'ai donc fait le choix - certainement subjectif et à juste titre critiquable - de définir sept aspects qui me paraissent caractériser le catholicisme lyonnais entre fin du XX° et début du XXI° siècle.

  • Une mémoire historique vive
  • La crise des années1970
  • Pourtant, un vrai dynamisme spirituel et intellectuel entre crise et renouveau
  • La question de l’engagement politique
  • Diversité religieuse et dialogue interreligieux
  • L’inventivité caritative
  • Laïcité

 

Je note les titres de ces 7 paragraphes car ils cadrent bien avec ce que j’ai vécu depuis ma sortie des études.

 

Et je me tourne vers les historiens pour qu’une étude scientifique viennent m’expliquer l’étrange profil à mon regard de l’Église actuelle : 2016- 2026

 

 

 

*Jean-Dominique DURAND est Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université Jean Moulin - Lyon 3 et membre du LARHRA.

**Jean-Dominique DURAND, « Le catholicisme social », L'intelligence d'une ville. Vie culturelle et intellectuelle à Lyon entre 1945 et 1975. Matériaux pour une histoire, Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon, 2006, p. 69-84.

 

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