Des militants d'ultra-droite encagoulés se sont répandus dans les rues du centre de Lyon aux cris de Bleu Blanc Rouge, la France aux Français
Le climat politique est très troublé. Cela a marqué les organisateurs des récollections souhaitées par la famille pradosienne pour 2024/2025. Voilà ce qu’ils proposent :
Le monde actuel nous bouscule. Multiples tempêtes : dans nos vies, dans l’Église, dans notre société. Dans le chaos, nous sommes invités à résister au mal et à faire le bien, à vivre la fraternité, à espérer. Baptisés, comment vivre de façon ajustée dans ces turbulences ? Quelle est notre juste place dans le Monde et dans l'Église ?
En posant cette question, nous ne pouvons pas - et nous sommes nombreux-, ne pas nous interroger sur le silence de l’Église catholique, des paroisses face à la montée des extrêmes droites, du nazisme. L’Église réformée s’exprime : « À Nîmes, les pasteurs et le conseil presbytéral de l’Église protestante unie organisent un cercle de silence. Le rendez-vous est donné le lundi 24 juin à 18 h 30, place de la Maison Carrée. Symbolique, l’action s’accompagnera de la distribution d’un tract reprenant un extrait du communiqué de presse de l’Église protestante unie de France (EPUdF). » Voir ici.
Goulven (pour en savoir plus sur lui, suivre ce lien), a envoyé à ses contacts courriels cette page que j’estime bien à propos suite à ce que je rédigeais le 11 juin
Je la dépose en ce lieu :
Voici ce qu'on peut lire dans le numéro de Politis de cette semaine :
"Le RN libère la violence
Samedi soir, après la manif contre le RN, une cinquantaine de militants d'ultra-droite encagoulés se sont répandus dans les rues du centre de Lyon. Aux cris de 'la rue, la France nous appartient', braillés en tendant les bras, ou “Bleu, blanc, rouge, la France aux Français !', ce vieux cri revendicatif du pamphlétaire antisémite Edouard Drumont qui fait corps avec les épisodes fascisants de notre histoire politique, ils ont déambulé, intimidant les passants et cherchant manifestement le contact. Sur une vidéo, on entend l'un d'entre eux lancer à une jeune femme qui leur tient tête “On est nazis, putain !', quand les autres entonnent en beuglant 'Islam hors d'Europe !'.
Le même soir, à Angers, une dizaine de nationalistes équipées de gazeuses et de ceintures, les visages masqués, ont fait irruption à l'entrée d'une guinguette populaire où une centaine de personnes assistaient à un concert du rappeur Vin's, dont le nom de scène est une référence au héros du film La Haine. Une personne a été blessée après avoir été tabassée et une seconde interpellée alors qu'elle courait après ces nervis.
A Paris, quatre militants d'ultradroite ont été condamnés pour une agression homophobe commise dans la nuit du 9 au 10 juin pour 'fêter' la victoire du RN aux européennes. En garde à vue, l'un d'eux avait lancé : "Vous verrez, quand Bardella sera au pouvoir, quand Hitler reviendra'. Cela n'est hélas qu'un avant-goût du déchaînement de violence qu'une victoire du RN est susceptible de générer."
Rien d'absolument nouveau : en 2012, lorsque j'ai participé à la campagne de feu le "Front de gauche", nous avions la recommandation de ne pas aller seul ou même en petit groupe distribuer des tracts dans certains quartiers (Ainay et Saint-Georges, pour ne pas les nommer, des "fiefs" de la grande bourgeoisie lyonnaise), qui avaient la réputation d'être "tenus" par des groupuscules néo-fascistes. Un jour, nous nous sommes approchés des rues d'Ainay, et nous sommes effectivement tombés sur une bande de petits nazillons qui montaient la garde en cette période électorale... Ils ont déguerpi pour aller chercher des acolytes (car ils ne chassent qu'en meute, ces lâches !). Nous en avons profité pour décamper à bonnes enjambées, afin d'éviter de nous faire tabasser ! En 2012, la police locale avait aussi la réputation (non usurpée) d'avoir des accointances, pour certains de ses membres, avec ces "identitaires".
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette situation ne s'est pas arrangée en douze ans.
A Saint-Brieuc, il y a tout juste un an, un festival antifasciste, organisé au coeur de la ville, a été pris d'assaut par des militants d'extrême-droite armés de barres de fer. Des bagarres ont suivi. On ne peut pas nier que les "antifascistes" se montrent parfois violents mais cette violence est généralement une réponse, défensive, à celle, structurelle, qui vient de l'extrême-droite. Apparemment, plusieurs des meneurs de cette agression caractérisée ont fait un tour par la case prison.
Alors la stratégie de l'extrême-droite pour paraître respectable est d'un comique achevé ! Elle ferait franchement rire, en tout cas, si la situation actuelle n'était pas si périlleuse, si trop de gens ne se montraient pas, maraboutés qu'ils sont par la propagande macroniste ou lepéniste, plus inquiets de l'arrivée au pouvoir de LFI que de celle du RN.
Si l'on en croit CNews, Le Figaro, Le Point ou des publications de ce genre, le RN serait un chevalier blanc en prise avec les vrais sujets (l'immigration soi-disant incontrôlée, la liberté de consommer du pétrole au volant de sa voiture, etc.), quand la coalition comprenant la démoniaque LFI serait violente et attentatoire à l'avenir du pays, un pays que ces médias imaginent surtout capitaliste, viriliste, blanc de peau, motorisé et nucléarisé.
Il ne faut pas pourtant discerner trop longtemps pour voir où la véritable violence se trouve...
Avec sa gueule d'ange, Bardella a promis de "mettre de l'ordre dans la rue" s'il arrive au pouvoir. Il trouvera pour ce faire une police largement acquise à sa cause, ainsi que des petites mains qui n'attendent qu'un signal pour avoir l'occasion de cogner sur les noirs, les beurs, les musulmans ou supposés tels, les féministes, les écolos, les étrangers ou encore les militants de gauche.
Les malheureux qui pensent trouver dans l'extrême-droite un exutoire à leurs souffrances nourrissent une force qui serait leur ultime bourreau : suicidaire logique du défoulement et du ressentiment.
Quels sont les maux dont souffre le pays, pour le dire vite ? La déliquescence accélérée des services publics, la démolition graduelle des protections collectives, le spectre des impasses écologiques, des inégalités sociales de plus en plus considérables...
Or le RN n'apporte absolument rien pour résoudre ces questions, il ne sait qu'agiter des boucs émissaires pour que continue le business as usual : c'est la certitude du pourrissement, Macron en pire. Camélon redoutablement sournois que ce RN, capable pour arriver à ses fins de surfer tantôt sur la diabolisation (auprès des classes populaires), tantôt sur la dédiabolisation (auprès des classes moyennes), tout en bénéficiant de la force de frappe financière de la vieille bourgeoisie ultra-catholique (Bolloré).
Parmi les trois blocs en lice aux législatives, le nouveau Front Populaire est la seule force qui promette de prendre à bras-le-corps les problèmes majeurs qui gangrènent notre société (en dépit du caractère stalinien de Mélenchon, lequel semble cependant sur la pente descendante). Les médias de Bolloré, de Dassault ou de Pinault s'acharnent contre la gauche car ils voient dans l'arrivée au pouvoir de celle-ci une menace contre leurs intérêts.
Alors soutenons et pressons la gauche pour qu'elle ne fasse pas semblant de faire perdre leur superbe à ces milliardaires qui donnent actuellement le ton de notre société et la détruisent à petit feu ! A bas le nouveau maccarthysme ! Puisse s'ouvrir, enfin, un monde moins bêtement productiviste et consumériste, et moins scandaleusement inégalitaire !