Le voyageur n'est pas qu'un consommateur.
Comme je l'ai indiqué précédemment, dans cette catégorie "anthropologie", je donne diverses réflexions sur le sens, ou non sens, du travail.
Textes qui me semblent d'une grande importance alors qu'on veut augmenter la durée du travail salarié tout en critiquant "mai 68".
Intervention de Mr. Bernard Guillot
(C.E.V.I.E.D.)
Voyager autrement.
Voir autrement le voyage
Je poursuis la publication des textes qui résultent du colloque que nous avons tenu avec Confluences il y a au moins une dizaine d'année. Cette
semaine la parole est donnée à deux témoins, Bernard Guillot, du Cevied et Robert Guillaud, actif retraité.
Intervention de Mr. Bernard Guillot
(C.E.V.I.E.D.)
Voyager autrement.
Voir autrement le voyage
Le choix d'une destination et d'un organisme de voyage ne répond pas seulement à un critère de prix. A notre sens il doit s'inscrire dans une démarche plus riche. Mais les
catalogues des agences sont révélateurs de cette marchandisation du voyage. L'exotisme est mis en avant. La réalité socio-économique est gommée. Nous concevons le voyage comme étant un moment
privilégié d'ouverture sur les autres. Le voyageur est un citoyen du monde qui est sensible aux cultures locales. Il s'intéresse aux populations qu'il va côtoyer, à leurs problèmes, à leurs
combats.
Pour nous, un voyage se prépare. Sans réelle motivation, autre que celle de partir, le voyageur ne pourra profiter de la richesse qu'offre tout pays à tout visiteur. Le voyage deviendra donc une succession d'occasions ratées. Le voyageur sait faire des choix. Il sait qu'en trois semaines il ne peut pas sillonner un pays du nord au sud et d'est en ouest. Il sait s'arrêter, écouter, échanger. Voyager suppose une réflexion sur les comportements à adopter dans un environnement qui est très éloigné de notre quotidien.
Le voyageur n'est-il qu'un œil derrière un appareil photo ? Respecte-t-on la dignité des personnes que l'on photographie ? Jusqu'où doit-il pousser son avantage lors des marchandages sur les marchés ? Le manque de connaissances des habitudes locales et des réalités économiques peuvent nous amener à comportements inqualifiables vis à vis de personnes qui vivent dans des conditions très précaires. Pour nous, un voyageur est un être conscient qui observe et qui s'observe en voyageant. Il est habité par l'idée qu'il se trouve dans un endroit où il s'est invité et où on ne l'attend pas particulièrement. Il doit en découler une attitude à tout moment respectueuse des populations locales et de leurs habitudes. II n'est pas un envahisseur, il est un privilégié qui peut découvrir un univers qui peut être très différent du sien.
Cette attitude très exigeante n'est pas spontanée. En effet, les vacances, temps où l'on peut s'affranchir des contraintes souvent rudes d'une vie rythmée par le travail, peuvent être perçues comme un espace de défoulement. De plus l'éloignement peut créer un sentiment d'impunité qui pousse à adopter des comportements que l'on envisage même pas d'avoir dans son propre pays. Le sentiment de supériorité déséquilibre les relations avec les populations du pays d'accueil. Nous pensons que le savoir-voyager peut s'apprendre et que décider de voyager ne se réduit pas à acheter un forfait auprès d'une agence qui est souvent guidée par un esprit mercantile. La formation ne se réduit pas à une information sur le pays. Elle doit être plus ambitieuse. Elle doit inviter le voyageur à une réflexion sur l'interculturel. La prise en compte de la diversité des cultures permet de mieux comprendre les réalités de chaque pays. La vision ethnocentrée du voyageur est souvent source d'incompréhension et d'occasions manquées. Il appartient à des associations comme la nôtre de promouvoir des pratiques en phase avec le projet rapidement esquissé ci-dessus. En effet, les préoccupations des acteurs dominants de l'industrie du tourisme se situent parfois à des années-lumière de notre conception du voyage. Bien sûr, le discours des fabricants de voyages évoluent et peuvent parfois donner l'illusion qu'ils sont soucieux de proposer des produits qui respectent les équilibres sociaux, économiques et culturels des pays. Les possibilités de rencontres et d'échanges avec les populations locales sont mêmes mises en avant pour donner l'image d'une offre enrichie par rapport à celle des concurrents. Mais n'est ce pas seulement une démarche marketing qui vise à asseoir une différenciation factice ?
Pour nous, un voyage se prépare. Sans réelle motivation, autre que celle de partir, le voyageur ne pourra profiter de la richesse qu'offre tout pays à tout visiteur. Le voyage deviendra donc une succession d'occasions ratées. Le voyageur sait faire des choix. Il sait qu'en trois semaines il ne peut pas sillonner un pays du nord au sud et d'est en ouest. Il sait s'arrêter, écouter, échanger. Voyager suppose une réflexion sur les comportements à adopter dans un environnement qui est très éloigné de notre quotidien.
Le voyageur n'est-il qu'un œil derrière un appareil photo ? Respecte-t-on la dignité des personnes que l'on photographie ? Jusqu'où doit-il pousser son avantage lors des marchandages sur les marchés ? Le manque de connaissances des habitudes locales et des réalités économiques peuvent nous amener à comportements inqualifiables vis à vis de personnes qui vivent dans des conditions très précaires. Pour nous, un voyageur est un être conscient qui observe et qui s'observe en voyageant. Il est habité par l'idée qu'il se trouve dans un endroit où il s'est invité et où on ne l'attend pas particulièrement. Il doit en découler une attitude à tout moment respectueuse des populations locales et de leurs habitudes. II n'est pas un envahisseur, il est un privilégié qui peut découvrir un univers qui peut être très différent du sien.
Cette attitude très exigeante n'est pas spontanée. En effet, les vacances, temps où l'on peut s'affranchir des contraintes souvent rudes d'une vie rythmée par le travail, peuvent être perçues comme un espace de défoulement. De plus l'éloignement peut créer un sentiment d'impunité qui pousse à adopter des comportements que l'on envisage même pas d'avoir dans son propre pays. Le sentiment de supériorité déséquilibre les relations avec les populations du pays d'accueil. Nous pensons que le savoir-voyager peut s'apprendre et que décider de voyager ne se réduit pas à acheter un forfait auprès d'une agence qui est souvent guidée par un esprit mercantile. La formation ne se réduit pas à une information sur le pays. Elle doit être plus ambitieuse. Elle doit inviter le voyageur à une réflexion sur l'interculturel. La prise en compte de la diversité des cultures permet de mieux comprendre les réalités de chaque pays. La vision ethnocentrée du voyageur est souvent source d'incompréhension et d'occasions manquées. Il appartient à des associations comme la nôtre de promouvoir des pratiques en phase avec le projet rapidement esquissé ci-dessus. En effet, les préoccupations des acteurs dominants de l'industrie du tourisme se situent parfois à des années-lumière de notre conception du voyage. Bien sûr, le discours des fabricants de voyages évoluent et peuvent parfois donner l'illusion qu'ils sont soucieux de proposer des produits qui respectent les équilibres sociaux, économiques et culturels des pays. Les possibilités de rencontres et d'échanges avec les populations locales sont mêmes mises en avant pour donner l'image d'une offre enrichie par rapport à celle des concurrents. Mais n'est ce pas seulement une démarche marketing qui vise à asseoir une différenciation factice ?