Les sans papiers en Belgique, l'Appel de Mgr Daniel Danneels
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Entretien avec D. Danneels, Radio Vatican : 17 juillet 2008
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Le quotidien, la Libre Belgique :
Le cardinal appelle le monde politique à ne pas oublier "le drame" des illégaux. Il faut rapidement une régularisation "réaliste, juste et généreuse". Mais la ministre Turtelboom ne peut même plus promettre la circulaire tant attendue...
Au nom des évêques de Belgique, le cardinal Godfried Danneels a appelé mercredi le monde politique à tout mettre en oeuvre pour que se dégage dans les meilleurs délais une politique de régularisation "réaliste, juste et généreuse".
"La crise politique que traverse notre pays ne doit pas faire oublier le désarroi de nombreux sans-papiers", souligne le président de la conférence épiscopale de Belgique, qui s'engage une fois de plus aux côtés des illégaux qui vivent des situations inhumaines dans notre pays.
Dans le même temps, le cardinal Danneels invite instamment les grévistes de la faim ou de la soif à mettre un terme à leur action. "Puissent-ils exprimer leur combat par d'autres moyens qui ne mettent pas en danger leur santé et même leur vie. Puissent-ils plutôt unir leurs forces avec tous ceux qui, par des initiatives constructives, militent pour que soit trouvée à ce drame une issue politique digne de ce nom".
Continuer, malgré tout
La semaine dernière, la ministre de la Politique de migration et d'asile, Annemie Turtelboom (Open VLD), s'était irritée dans la presse flamande du soutien apporté par l'Église aux sans-papiers en grève de la faim. Elle visait principalement l'église Saint-Curé d'Ars à Forest, occupée par 39 grévistes de la faim, et celle du Béguinage à Bruxelles, où 120 illégaux avaient mené une grève de la faim pendant 56 jours. Le porte-parole du cardinal Danneels avait alors rétorqué que l'Église avait "le devoir d'offrir un toit à ces gens".
Malgré la démission d'Yves Leterme, plusieurs groupes de grévistes de la faim et parfois de la soif ont décidé de continuer leur action pour décrocher un titre de séjour et permis de travail.
La crise politique réduit quasi à néant le maigre espoir qui restait d'obtenir une circulaire précisant les critères de régularisation des sans-papiers avant les vacances parlementaires.
"Compte tenu de la situation politique confuse, il est difficile de prédire la suite des discussions sur la circulaire, ni si elle verra le jour", indique-t-on au cabinet de la ministre de la Politique de la migration et d'asile. "On est en stand by. On ne peut plus leur promettre une circulaire. On attend que la situation s'éclaircisse. C'est donc la loi actuelle qui prévaut".
Pas de moratoire
En clair : pas question d'une quelconque mansuétude pour les sans-papiers qui attendent toujours qu'on fixe leur sort, ni d'un moratoire sur les expulsions.
Le directeur de l'Office des étrangers, Freddy Roosemont, s'est rendu ces derniers jours auprès des grévistes de la faim. Il s'est engagé auprès d'eux à tenter d'obtenir une rencontre entre une délégation de sans-papiers et Annemie Turtelboom.
Si la ministre n'a "pas d'hostilité" face à cette demande, elle n'en voit pas l'utilité. Freddy Roosemont est son mandataire - qui n'a reçu aucun mandat pour négocier quoi que ce soit - et elle ne voit donc "pas de raison de multiplier les interlocuteurs".
En attendant, l'état sanitaire de certains sans-papiers se dégrade dangereusement. Au troisième jour de grève de la soif à la Maison de l'Amérique latine, certains illégaux urinent du sang...
Lire aussi : Des cercles des silences pour défendre les "sans papiers" , naissance des cercles en Belgique, Janvier 2008.