Amitié et simplicité Colours

Publié le par Michel Durand

Par Jean-Marie Delthil

L’heure chaude, très chaude, commençait à passer ; alors j’ai pris mon livret de prières pour en lire la liturgie de demain, par avance, au rythme de la marche… Le parc de la Poya… quelques rares familles de-ci de-là qui se reposent et prennent du bon temps ; nous sommes le 14 juillet. Dans ma promenade, j’emprunte tout d’abord la pelouse, les pelouses, puis une grande allée blanche encore pas mal écrasée de soleil – j’aime ce temps chaud !

Je remarque tout à coup la présence ordinaire, pourrait-on dire, de drapeaux français accrochés à des poteaux de bois, ils frétillent au vent… et j’ai senti alors comme un genre de confusion, non pas une honte, non, bien entendu, mais un sentiment de presque pitié, et d’amertume aussi – il est vrai que je venais juste de rédiger « Un travail de grutier », un texte critiquant l’Europe mais aussi la France, plus précisément cette France qui si souvent rejette les étrangers à leurs propres sorts, cette France qui n’accepte pas sur son sol, ou si difficilement, l’étranger, l’étrangère, qui y cherche refuge, secours… Bref, j’étais encore là-dedans, dans ces dispositions, dans cette réalité aussi… – par un si beau temps ?! – un 14 juillet !?... eh bien oui, par un si beau temps, un 14 juillet ; et ces drapeaux, pas très grands, pomponnés, flambant neuf, ils me faisaient de la peine pour ainsi dire… oui, cela me trouait le cœur d’une certaine manière…

Et puis j’ai laissé soudainement les drapeaux, le bleu, le blanc, le rouge, le plein soleil, pour aller un peu vers l’eau : des enfants s’y amusaient, ils s’y amusaient et cherchaient des grenouilles – ils en avaient capturé, même ! Incroyable… je pensais qu’il était si difficile d’en attraper ; on discute, les mamans sont là, c’est tout de suite la bonne entente, l’absence de peur et de méfiance. Le garçon, le plus grand des enfants, me montre comment il fait… une autre famille est là, pas très loin, ils approchent… deux autres bambins, émerveillés… tout un petit monde admirable-admiré !... Ensuite, le temps de nous quitter arrive : « au revoir ! » ; « au revoir ! », les grenouilles retrouvent la liberté, elles sont belles, une grande raie verte sur tout le milieu du corps ; et là, maintenant, je me dis que les drapeaux sont une chose, et que les hommes, les femmes et les enfants qui les font : c’est autre chose, parfois ; et là, au Parc de la Poya, nous avions vécu aux couleurs de l’amitié et de la simplicité.

Des couleurs qui ne sont peut-être, ni bleu, ni blanc, ni rouge…

Indicibles couleurs…

Et j’aime ces couleurs, ce genre de couleurs !

 

PS : j’oubliais, en introduction, sur mon livret de prières, en date du 15 juillet, il est écrit : « […] Implorons l’Esprit d’amour et de vérité de nous aider : à lâcher nos idées toutes faites, à nous laisser surprendre. Et n’oublions pas de nous émerveiller de ce que "le monde serve de support au divin" (Abraham Heschel) » ; voilà.

 

 

Jean-Marie Delthil. 14 juillet 2009.

 

Publié dans J. M. Delthil

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