Lecture métaphorique ou universelle de la Bible ?

Publié le par Michel Durand

Pourquoi avoir une lecture rationnelle de la Bible ?
me demande Anne que je remercie d’avoir posé cette question, car elle est essentielle dans notre approche du mystère divin.
La Bible résulte d’un ensemble de livres (70) non identiques entre eux. Il y a des livres historiques, des livres poétiques, des traités de sagesse, des livres symboliques, des livres juridiques, etc. On ne peut pas les lire sans faire la distinction entre tous ces genres littéraires différents. Par ailleurs, les hommes qui ont écrit ces livres inspirés par Dieu agissent avec leur sensibilité propre, leur compétence d’écrivain ou de témoin. Tout cela demande donc une approche où notre intelligence doit agir. Ils ont très souvent été écrits en fonction d’un problème politique précis. C’est à travers ces tranches de vie que Dieu donne son sens de l’existence.
La recherche exégétique (tel est le nom de cette science biblique) ne doit pas nous faire peur ; elle ne s’éloigne pas d’une lecture spirituelle, mais enrichit celle-ci. Dieu n’a qu’une pensée. On découvre celle-ci soit par une approche spontanée, spirituelle, soit par l’analyse critique et historique. La rencontre de ces deux approches prouve la vérité de ce que Dieu dit aux hommes. J’emploie souvent cette expression : « ce que l’homme découvre par lui-même quand il est à l’écoute de sa conscience justement éveillée, ne peut pas s’opposer à ce que Dieu dit de l’homme dans la Révélation. »
L’auteur biblique le plus universel de la Bible c’est Isaïe. Jésus reprend ses paroles et les concrétise. Il souhaite qu’aucun particularisme n’existe et que tous reconnaissent en Dieu le créateur de tous les hommes. Ceux-ci sont donc tous frères et Jésus a accepté de ne pas se dérober à une mort atroce pour apporter l’amour universel de Dieu.
Le bouddhisme est une grande sagesse qui éveille grandement la conscience à l’amour de miséricorde. Je pense que des rencontres sont possibles entre les spiritualités occidentales et orientales. Cela demande un gros travail que je n’ai jamais fait. Si vous aimez lire, je vous conseille le petit livre de François Cheng, cinq méditations sur la beauté, Albin Michel, 2006. Il accomplit une merveilleuse synthèse entre spiritualité orientale (chinoise) et occidentale (française).
Je pense avoir répondu, en partie seulement, à la question et je termine en affirmant que la lecture de la Bible se doit d’être universelle, mais en respectant bien le genre littéraire et historique de chaque écrit. Même si certains livres sont des comtes qui doivent être reçus métaphoriquement (Job, Tobie… ) l’ensemble de ce livre inspiré est trop concret pour être lu ainsi. Il demande notre intelligence pour resituer chaque texte dans son contexte.

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S
Ce débat rejoint celui sur l'intergénérationnel dans un autre forum. Il semble que le maître mot est de vouloir maitriser. Penser maîtriser sa croyance, c'est aussi penser maîtriser sa vie, son destin, ses choix. le Mystère du Christ basé sur la confiance et non la maîtrise peut faire peur, douter dans une société individualiste qui nous pousse toujours vers le rationnalisme, la maîtrise, le risque zéro et surtout... la responsabilité individuelle écrasant la responsabilité collective et partagée. Je ne dis évidemment pas que le bouddhisme est une "fast spiritualité", loin de là, mais l'adhésion à celle-ci de jeunes au détriment du christianisme peut trouver une partie de son explication dans ces quelques phrases.<br />  
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M
Je suppose qu'il y a de nombreuses instances invitant à un débat intergénérationnel. J’ai repéré un forum de ce type pour l'Afrique de l'Ouest (Siège au Burkina-Fasso), un autre à la Mairie de Paris, un autre sur la santé au Canada francophone. Pouvez-vous me donner quelques informations sur le forum dont vous parlez ? Merci.L’être humain a-t-il une complète maîtrise de sa destinée ? Si, d’une part nous pouvons prouver que nous ne sommes pas biologiquement déterminés, si nous pouvons garantir notre complète liberté, nous ne pouvons jamais, d’autre part, avoir l’assurance de tout maîtriser. Cette non-maîtrise devient absolue quand il s’agit du mystère du Christ. Autrement dit, je partage pleinement votre avis. Dieu, dans sa transcendance est totalement insaisissable. Personne, pas même le plus saint des mystiques ne peut espérer en avoir une quelconque maîtrise.LE XXIe siècle veut tout maîtriser. Est-ce une conséquence de notre culture grecque prométhéenne ? de notre soif de pouvoir ?Je pense que l’attention portée au message du Christ nous invite à la  non-maîtrise du temps, des autres, de soi-même : À quoi sert à l’homme de gagner le monde entier s’il en vient à se perdre.Quand l’occasion se présentera, je reprendrai cette réflexion. Mais, déjà je tiens à vous remercier, car vous situez la question dans ce qui se vit actuellement dans la société occidentale.
M
je vous et vu a la tele donc je suis venu voir votre blog je suis d origine catholique mais je me suis convertit au boudhisme car j y est trouver la paix et le repos de l esprit meme si je ne suis plus de votre communauter je vous encourage vivement a continuer!
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M
Marcel, Epanouissement dans le bouddhisme contre acceptation d’une révélation dans le christianisme.Parfois je me dis qu’il y a une mode dans le passage au bouddhisme. Mais ce n’est pas très gentil et injuste car, pour tenir dans cette voie, il faut un véritable courage.La sagesse extrême-orientale correspond bien à notre mentalité occidentale d’aujourd’hui où nous ne supportons plus qu’un enseignement soit imposé de l’extérieur. En effet, nous sommes bien plus à l’aise avec un épanouissement que l’on maîtrise complètement qu’avec une révélation qui nous dépasse et que l’on ne peut, dit-on, que subir. Je pense que le nœud du débat se trouve dans cette opposition. Nous y reviendrons.Le dialogue avec les religions non chrétiennes a quelque peu été freiné, me semble-t-il, ces dernières années. Mais ce n’est que partie remise, car l’enjeu et important et les théologiens de l’Église catholique ne peuvent ignorer les textes qui furent pensés dans la ligne de Vatican II où l’on parle de l’apport important des non chrétiens en matières spirituelles.